L’hôtel de Koh Chang qui avait engagé des poursuites en diffamation contre un client américain a finalement accepté vendredi d'abandonner les accusations si ce dernier présente des excuses publiques. Il risque jusqu'à cinq ans de prison pour avoir publié des critiques négatives.
Le Sea View Koh Chang, hôtel de l'île de Koh Chang, avait déposé en août une plainte contre un enseignant américain, Wesley Barnes, accusant celui-ci d’avoir publié plusieurs avis sur Internet que l'hôtel a qualifié de critiques mensongères et diffamatoires - intervenues après une dispute sur des frais de bouchon de 500 bahts (13,5 euros).
Wesley Barnes a été arrêté le 12 septembre en vertu de la loi de diffamation et de celle sur la criminalité informatique, puis a été libéré deux jours plus tard après avoir payé une caution.
"Si M. Barnes montre sa sincérité et assume l'entière responsabilité de ce qui s'est passé et remédie à la situation, l'hôtel sera ravi d'abandonner les poursuites", a déclaré le Sea View Koh Chang dans un communiqué à Reuters.
Le pot de terre contre le pot de fer
Cette affaire met une fois encore en évidence la sévérité de loi thaïlandaise de diffamation -qui relève du code pénal- ainsi que de la loi sur les crimes informatiques, que les défenseurs des droits de l'homme jugent disproportionnée.
Les coûts d’une défense juridique dans ce genre de cas sont très élevés et les accusés savent d’emblée qu’ils ne peuvent espérer être dédommagés même s’ils démontrent que les accusations dont ils font l’objet sont fallacieuses ou abusives. Cela les force le plus souvent, lorsqu’il s’agit du commun des mortels, à renoncer à toute idée de procès et à accepter l’offre de conciliation parfois proposée qui consiste à présenter des excuses publiques et dans certains cas à verser un dédommagement.
En décembre, Suchanee Cloitre, journaliste de la télévision thaïlandaise mariée à un Français, avait été condamnée à une peine de prison par la Cour de Lopburi pour un simple post publié sur Twitter à propos d’un scandale agroalimentaire impliquant une entreprise thaïlandaise d’élevage de poulets, suscitant l'émoi chez les professionnels de la presse et les défenseurs de la liberté d'expression.
En vertu des deux lois invoquées contre lui, Wesley Barnes risque une amende pouvant aller jusqu'à 100.000 bahts (2.730 euros) et jusqu'à cinq ans de prison.
L'hôtel demande qu'il envoie ce mois-ci un texte d’excuses aux médias, à l'Autorité du tourisme de Thaïlande (TAT), à l'ambassade des États-Unis et au site Tripadvisor, expliquant que ses critiques ont été rédigées sous le coup de la colère.
L'hôtel a fait savoir que l’accusé avait accepté, lequel a déclaré à Reuters qu'il publierait un communiqué.
"J'envoie un e-mail à de nombreux médias", a déclaré Barnes à Reuters. Il a refusé de donner plus de détails.