Le secteur automobile connaît un véritable boom en Thaïlande. Le royaume occupe la première place en Asie du Sud-Est et se place à la septième place des exportateurs mondiaux. Tout sauf un hasard, au regard des mesures incitatives prises par le gouvernement après les catastrophiques inondations de 2011.
Novembre 2011, l'image est encore dans toutes les mémoires en Thaïlande : celle de zones industrielles du centre du pays submergées par des crues record. Les constructeurs de véhicules, notamment japonais, ont payé un lourd tribut à ce désastre climatique. Les dégâts se chiffraient à plusieurs milliards d'euros. Moins de deux ans plus tard, le secteur a retrouvé un large sourire. Selon la Fédération de l'industrie automobile thaïlandaise (FTI), les ventes de véhicules dans le royaume ont augmenté de 42,3% en février, et de 51,9% depuis le début de l'année 2013.
Depuis le début de l'année, 255.727 unités ont ainsi été écoulées. Cette croissance exponentielle thaïlandaise est toutefois à relativiser au regard de la période de référence sur laquelle ces statistiques se basent : le début de l'année 2012 voyait la Thaïlande se remettre encore avec difficulté des cries exceptionnelles de la fin 2011, et plusieurs chaines de montage installées dans le centre du pays n'avaient pas encore repris leur activité.
Les exportations ont aussi progressé de 9% en février à 94.527 unités. La production a bondi de 50% sur les deux premiers mois de l'année (465.000 véhicules). Avec 1 million de voitures exportées tous les ans, la Thaïlande se place ainsi au 7e rang mondial. Les revenus ont généré, en 2012, 5 milliards de bahts de revenus, soit plus que ceux accumulés par tous les autres pays d'Asie du Sud-Est sur cette période.
La FTI table sur une production automobile totale de 2,5 millions d'unités en 2013 (contre 2,45 millions en 2012). La Thaïlande se place dans le top 10 des pays producteurs mondiaux, devant la France. La production hexagonale n'a produit que 1,6 million de véhicules en 2012.
Ces hausses spectaculaires sont dues à tout sauf au hasard selon The Economist. D'après l'hebdomadaire, le secteur automobile en Thaïlande bénéficie depuis la crise financière de 1997 d'une dérégulation qui favorise son développement. Les firmes étrangères n'ont ainsi pas besoin de trouver un partenaire thaïlandais pour venir produire dans le royaume. Les impôts sur les sociétés ont baissé de 30 à 20%. Ce taux est moins élevé que celui en vigueur en Indonésie, au Vietnam et en Malaisie. Des avantages sont offerts pour les constructeurs qui se lancent sur le marché des ?voitures vertes?.
Après les inondations de 2011, le gouvernement a pris des mesures pour relancer la consommation. Il a notamment offert un crédit d'impôt aux Thaïlandais qui souhaitent acquérir un premier véhicule. La mesure a favorisé indéniablement les achats sur le marché intérieur.
En 2012, la Thaïlande est devenu le 1er marché d'Asie du Sud-Est avec 1,44 million de véhicule en circulation sur ses routes. A terme, le royaume devrait perdre cette première place dans l'Asean au profit de l'Indonésie au potentiel plus grand (242 millions d'habitants), avec peut-être le risque que des constructeurs étrangers, jusqu'ici installés en Thaïlande, ne se déplacent chez le voisin indonésien.
Ceci dit, selon une étude du Boston consulting group, la Thaïlande est mieux placée que l'Indonésie en termes de compétitivité, de coût du travail, d'infrastructures, d'environnement des affaires, d'avantages fiscaux, etc. Le secteur automobile a donc encore de beaux jours devant lui dans le royaume.
Seule véritable ombre au tableau : dans un pays où le plein emploi est de mise, le manque de main d'oeuvre pourrait devenir vite problématique.
LB jeudi 18 avril 2013