Face aux imposants canons à eau de la police thaïlandaise, les manifestants anti-gouvernementaux ont déployé ces jours-ci une armada de canards gonflables qui sont devenus des mascottes du mouvement de contestation.
Les canards géants en plastique jaune se sont faits remarquer mardi et mercredi lorsque des milliers de manifestants se sont rassemblé -devant le Parlement mardi puis devant le siège de la police nationale le lendemain.
En marche vers le Parlement où se réunissaient les législateurs autour des propositions d’amendement à la Constitution, mardi, les protestataires ont eu à affronter les puissants canons à eau de la police. Pour avancer vers les lignes de barrage des forces de l’ordre, ils se sont présentés avec des grands canards de piscine en guise de boucliers.
"Ils sont un peu comme une mascotte maintenant. Je les ai vus être utilisés comme boucliers. Ils ne sont peut-être pas si costauds, mais c’est un bon coup de pub", estime Earn une manifestante de 27 ans tout en posant pour la photo devant trois canards.
Selon un des manifestants, les canards avaient été initialement achetés pour le fun, et ils se sont finalement retrouvés en première ligne utilisés comme boucliers lorsque la police a utilisé des canons à eau.
"Si la police n’avait pas essayé de nous repousser avec des canons à eau, nous n'aurions pas eu à les utiliser comme bouclier", explique une manifestante surnommée Wim.
Mercredi, la police n'a pas utilisé de canon à eau ni de gaz lacrymogène alors que les manifestants ont pulvérisé de l'eau et projeté de la peinture sur le siège de la police dans le centre de la capitale.
Les mêmes canards sont proposés pour environ 2.800 bahts (78 €) l’unité par plusieurs fournisseurs sur Lazada, un site de vente en ligne très utilisé en Thaïlande.
"Vive le roi", ont crié les manifestants d'un ton sardonique au cortège de canards passé par-dessus les têtes lors de la manifestation de mercredi.
Les manifestations débutées en février mais interrompues par la crise du Covid-19 ont repris en juillet pour appeler dans un premier temps à la destitution du Premier ministre Prayuth Chan-ocha - ancien chef de la junte - et des changements à la constitution avant d’inclure en août des demandes de réformes visant à restreindre les pouvoirs du roi Maha Vajiralongkorn, phénomène tout à fait nouveau dans le royaume depuis l’abolition de la monarchie absolue en 1932.