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Le PM thaïlandais menace d'utiliser toutes les lois contre la manif

Menaces du Premier ministre thailandais contre les manifestantsMenaces du Premier ministre thailandais contre les manifestants
Thailand Government House/Handout via REUTERS

Le Premier ministre thaïlandais a menacé d’utiliser toutes les lois contre les manifestants laissant craindre la très sévère loi de lèse-majesté qui n’était plus utilisée jusqu’ici sur demande du roi.

Le Premier ministre thaïlandais Prayuth Chan-O-Cha a menacé jeudi d'utiliser toutes les lois disponibles contre les manifestants, alors que le mouvement anti-gouvernemental qui demande sa destitution et des réformes de la monarchie a monté en intensité ces derniers jours.

Les militants ont exprimé des inquiétudes craignant que les menaces du Premier ministre signifient l’invocation de la fameuse loi de lèse-majesté, parmi les plus sévères au monde. En juin, Prayuth Chan-O-Cha avait indiqué que le roi lui avait demandé que l’article 112 du code pénal ne soit pas utilisé. En vertu de la loi de lèse-majesté, toute acte jugé insultant contre la famille royale est punissable de peines pouvant aller jusqu’à 15 ans d’emprisonnement.

Or, les manifestants ont brisé un vieux tabou en août en osant demander des reformes de la monarchie dans un pays où toute forme de critique négative de la famille royale en public était jusque-là proscrite, et ils ont depuis enchainé les actes de défiance vis-à-vis de la monarchie.

"Prayuth a déclaré une bataille contre le peuple", a lancé Arnon Nampa, avocat des droits de l'homme et leader de la manifestation. "Pour les fonctionnaires qui n'ont pas choisi de camp, vous devez décider si vous voulez vivre dans le passé ou construire un avenir avec nous."

L'annonce de Prayuth Chan-O-Cha intervient après que plusieurs milliers de manifestants ont protesté mercredi devant le siège de la police nationale, aspergeant de peinture le mur d’enceinte et inscrivant des graffitis anti-monarchiques en réponse au recours par les forces de l’ordre, la veille, aux canons à eau et aux gaz lacrymogène qui ont blessé plusieurs dizaines de personnes. 

"La situation ne s'améliore pas", a déclaré le Premier ministre dans une annonce télévisée. "Il y a un risque d'escalade vers davantage de violence. Si l’on ne s’en occupe pas, cela pourrait miner le pays et la bien-aimée monarchie", a-t-il déploré.

Et de prévenir : "Le gouvernement va intensifier ses actions et utiliser toutes les lois, tous les articles, pour prendre des mesures contre les manifestants qui ont enfreint la loi."

Il n'a pas précisé si cela incluait le fameux article 112 du code pénal. 

La police recueille des preuves depuis juillet en vue d'éventuelles poursuites pour violation de la loi de lèse-majesté, sans pour autant aller plus loin, a déclaré une source policière.

Indignés par les graffitis anti-monarchiques lors de la manifestation de mercredi, certains royalistes ont appelé sur les réseaux sociaux à l'application de l'article 112.

Des dizaines de manifestants, dont de nombreux leaders, ont été arrêtés sur des chefs d’accusations divers ces derniers mois, mais pas pour avoir critiqué la monarchie.

Une centaine de personnes ont été poursuivies pour lèse-majesté sous le régime de la junte dont Prayuth Chan-O-Cha était le chef entre le coup d’Etat de 2014 et les élections de 2019 qui l’ont maintenu au pouvoir. Mais selon les données du groupe de défense des droits iLaw il n'y a pas eu de poursuites en vertu cette loi depuis 2018.

Une grande manifestation est prévue devant le Crown Property Bureau le 25 novembre au sujet de la gestion de la fortune de la couronne, que le roi a prise sous son contrôle personnel et qui est estimée à plusieurs dizaines de milliards d’euros.

Les manifestants ont annoncé qu'il y aurait sept jours de manifestations à partir de cette date.
 

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