Au moins 55 personnes ont été blessées à Bangkok, certaines par arme à feu, lors d’une manifestation près du Parlement mardi. Il s’agit de l’épisode le plus violent qu’ait connu ce nouveau mouvement de contestation qui a émergé il y a quelques mois
Des milliers de manifestants convergeaient vers le Parlement, mardi, pour faire pression sur le pouvoir législatif à propos de leurs demandes de changements à la Constitution, lorsqu’ils se sont affrontés avec la police et des contre-manifestants royalistes.
Au moins 55 personnes ont été blessées selon le centre de coordination des urgences médicales Erawan de Bangkok qui a déclaré qu'au moins 32 personnes souffraient des gaz lacrymogène et que six autres avaient des blessures par balle.
La police a nié avoir ouvert le feu à balles réelles ou mêmes avec des balles en caoutchouc, et a déclaré avoir ouvert une enquête pour déterminer qui aurait pu utiliser des armes à feu.
Les forces de l’ordre ont utilisé des canons à eau et des gaz lacrymogènes sur les manifestants qui avaient traversé des ronces concertinas (barrage de fil barbelé en rouleau coiffé de lames rasoir) et écarté des barrières en béton devant le Parlement.
"Nous avons essayé d'éviter les affrontements", a déclaré le chef adjoint de la police de Bangkok, Piya Tavichai, lors d'une conférence de presse. Il a déclaré que la police avait tenté de repousser les manifestants du Parlement et de les séparer des contre-manifestants royalistes vêtus de jaune.
Les manifestants ont avancé vers la police avec des boucliers de fortune -certains utilisant même des canards gonflables de piscine pour se protéger des jets d'eau puissants. Après environ six heures, la police s'est retirée, abandonnant les camions-citernes, sur lesquels les manifestants sont montés pour les griffonner de graffitis.
"J'annonce ici l'escalade des manifestations. Nous ne céderons pas. Il n'y aura pas de compromis", a déclaré Parit "Penguin" Chiwarak à la foule devant les portes du parlement avant que les manifestants ne se dispersent.
Une nouvelle manifestation est prévue mercredi dans le centre de Bangkok.
Le porte-parole du gouvernement, Anucha Burapachaisri, a déclaré que la police avait été obligée d'utiliser des gaz lacrymogènes et les canons à eau pour assurer la sécurité des parlementaires.
Le Premier ministre Prayuth Chan-O-Cha, qui a pris le pouvoir par un coup d’Etat en 2014, a été reconduit à la tête des affaires du pays après des élections l'année dernière que l’opposition juge pipées. Des accusations que rejette le Premier ministre.
Le mouvement de contestation, qui a démarré en début d’année, mais a vraiment pris corps en juillet, demande la destitution de Prayuth Chan-O-Cha et de son gouvernement, mais aussi la réécriture de la Constitution ainsi que des reformes de l’institution monarchique visant à en réduire les prérogatives.
Les parlementaires, mardi, discutaient de plusieurs propositions de changements constitutionnels, la plupart excluant la possibilité de modifier le statut de la monarchie.
Il y a également une discussion sur le rôle du Sénat, qui a été entièrement choisi par l'ancienne junte de Prayuth et a permis à ce dernier de conserver le pouvoir en lui assurant une majorité parlementaire confortable après le scrutin controversé de l'année dernière.
Des altercations ont eu lieu entre les manifestants et un groupe de royalistes qui était resté après un rassemblement plus tôt dans la journée au cours duquel plusieurs centaines d’ultra-conservateurs avaient appelé les législateurs à ne pas modifier la Constitution.
"La modification de la constitution va conduire à l'abolition de la monarchie", a déclaré à la presse le chef royaliste Warong Dechgitvigrom. Les manifestants ont déclaré qu'ils ne voulaient pas abolir la monarchie.
Les manifestants ont souligné à plusieurs reprises que leur objectif est de réformer la monarchie pour la moderniser et non de l'abolir, mais les royalistes ne les croient pas.