Les manifestants anti-gouvernementaux thaïlandais s’en sont pris au quartier général de la police à Bangkok mercredi, jetant de la peinture et inscrivant des graffitis sur les murs d’enceinte au lendemain de la journée la plus violente que le mouvement ait connu et qui a fait plusieurs dizaines de blessés, certains par balle, dans des affrontements avec les forces de l’ordre mais aussi un groupe de royalistes.
Plusieurs dizaines de milliers de personnes ont convergé mercredi vers le quartier général de la police royale thaïlandaise et en ont peinturluré la porte d’enceinte. Les manifestants ont également déposé à l'entrée de la nourriture pour chiens à l’attention des policiers qu’ils considèrent comme des "esclaves de la tyrannie".
Certains graffitis inscrits sur les murs portaient des messages anti-monarchiques.
Les manifestants exprimaient leur colère après la répression policière de leur marche vers le Parlement mardi suivie du rejet par les parlementaires d'une proposition de réforme constitutionnelle qui aurait pu permettre de revoir le statut du roi Maha Vajiralongkorn.
"Nous sommes venus ici uniquement à cause de notre colère", a déclaré Panusaya "Rung" Sithijirawattanakul l'une des figures de la contestation.
Les policiers se sont barricadés à l'intérieur et ne sont pas intervenus.
Au cas où la police utiliserait de nouveau les canons à eau, les manifestants avaient apporté leurs fameux canards gonflables, devenus les mascottes de la contestation, qu’ils utilisent comme boucliers.
Le porte-parole de la police, Kissana Phathanacharoen, a affirmé que des manifestants avaient vandalisé plusieurs installations publiques et lancé des projectiles qui auraient pu blesser des policiers, et qu'en conséquence les responsables de ces actes doivent s’attendre à des poursuites.
Les manifestations débutées en février et reprises en juillet se sont déroulées la plupart du temps de façon pacifique.
Mais selon le centre de coordination des urgences Erawan de Bangkok, au moins 55 personnes ont été blessées mardi, dont 32 souffrant de gaz lacrymogènes et six de blessures par balle. Les manifestants ont également eu des altercations avec des contre-manifestants royalistes.
La police a fait savoir qu'un royaliste avait été interpelé pour possession d'arme à feu et de munitions à l’issue de la manifestation. Mais celui-ci n'a pas pour l’heure été accusé d'avoir ouvert le feu.
Les royalistes voient dans les appels à réformer la monarchie un projet d'abolir purement et simplement celle-ci, mais les manifestants affirment que leur intention est seulement de moderniser l’institution et l’intégrer dans une vraie monarchie Constitutionnelle.
Au Parlement, où les législateurs ont voté sur sept options pour modifier la Constitution, une proposition qui aurait ouvert la voie à une discussion autour du rôle du roi n'a pas obtenu suffisamment de voix pour être approuvée.
Deux propositions ont été adoptées qui permettraient de discuter des changements constitutionnels sans affecter la monarchie.
"Nous n'aborderons pas ce sujet", a déclaré Wirat Ratanaset, député de la coalition au pouvoir.
Les partisans du Premier ministre Prayuth Chan-O-Cha disposent d’une majorité confortable au Parlement, l'ensemble du Sénat ayant été nommé par la précédente junte militaire qu'il a lui-même dirigée après le coup d'État de 2014 avant d’être reconduit à la tête des affaires du pays à l’issue des élections controversées de l'année dernière.
Le Palais Royal n'a fait aucun commentaire officiel depuis le début des manifestations.
Les manifestants ont annoncé que leur prochain rassemblement aurait lieu devant le Crown Property Bureau le 25 novembre afin de dénoncer la gestion des biens de la couronne, que le roi a placée récemment sous son contrôle personnel - la fortune royale est évaluée à plusieurs dizaines de milliards de dollars.
Ils ont ajouté que sept jours de manifestations s’ensuivraient.