Depuis samedi 15 décembre, l'absence inexpliquée de Sombath Somphone suscite une inquiétude à la mesure de sa notoriété. Après avoir bénéficié de bourses pour étudier aux États-Unis, ce fils de paysans s'efforçait de promouvoir tant l'éducation des plus défavorisés que de susciter des débouchés pour les productions locales notamment à travers le Centre de formation pour un développement participatif (PDTC) fondé en 1996. Cette organisation est devenue une inspiration pour les organisations non gouvernementales et travailleurs sociaux oeuvrant au Laos qui sollicitaient fréquemment les conseils de Sombath devenu une référence avant même que ne lui soit attribuée une des plus importantes distinctions en Asie, le prix Ramon Magsaysay for Community Leadership. Samedi dernier cette figure de la société civile laotienne n'a pas regagné son domicile dans la capitale laotienne où il était pourtant attendu par son épouse singapourienne. Selon une source proche du dossier qui préserve son anonymat, des enregistrements de caméras de surveillance montreraient "qu'il a été emmené par des policiers en civil". Mercredi 19 décembre, les autorités laotiennes n'avaient toujours pas répondu à une lettre signée par 61 organisations non gouvernementales. Une initiative renforcée par le Département d'État nord-américain dont la porte-parole Victoria Nuland a déclaré : "Nous avons exprimé notre inquiétude auprès du ministère laotien des Affaires étrangères en demandant que tout soit mis en oeuvre pour le retrouver". La disparition de Sombath laisse d'autant plus perplexe que ce bouddhiste pratiquant était connu pour son approche pragmatique privilégiant la négociation. "Il s'occupe de commerce équitable et d'éducation. Ce n'est pas le type d'activité susceptible de créer des ennemis", commentait Suntaree Hathi Sengging, membre d'une ONG thaïlandaise. L'absence inexpliquée de Sombath a d'autant plus inquiété les coopérants basés au Laos qu'elle intervient dans un contexte tendu après l'expulsion début décembre de la directrice de la plus importante organisation de coopération suisse Helvétas. Dans une lettre adressée aux donateurs d'Helvétas Anne-Sophie Gindroz soulignait les limites de la démocratie au Laos. Les autorités du pays ont jugé que ses propos signalaient "un rejet explicite des lois et de la Constitution laotiennes ".
E.D. avec AFP (http://www.lepetitjournal.com/bangkok.html) jeudi 20 décembre 2012
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