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L’ambassadeur de Belgique part pour New York après 4 ans en Thaïlande

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Philippe Kridelka, l'ambassadeur du Royaume de Belgique en Thaïlande part pour New York après 4 ans en poste en Thaïlande
Écrit par Catherine Vanesse
Publié le 31 juillet 2020, mis à jour le 12 juillet 2023

En poste depuis 2016, l’Ambassadeur du Royaume de Belgique en Thaïlande, Philippe Kridelka s’apprête à quitter la Thaïlande pour la fonction d’ambassadeur de la Belgique à l’ONU. Il fait avec nous un dernier point

Liégeois d’origine, l’ambassadeur du Royaume de Belgique en Thaïlande, Philippe Kridelka, a pris ses fonctions en Thaïlande en 2016 et comme cela est prévu pour les diplomates belges, sa mission arrive à son terme après 4 ans. Le 7 août, il s’envolera, avec son épouse, la directrice de l’Alliance française de Bangkok, Pascale Fabre, pour New York où il assurera la fonction d’ambassadeur de Belgique à l’ONU. Un dernier poste avant de prendre sa retraite qu’il envisage déjà de prendre dans la région. 

Lepetitjournal.com/bangkok l’a rencontré à quelques jours de son départ pour faire le bilan alors que le monde entier est touché par la pandémie du Covid-19. 

Quel bilan pouvez-vous faire de votre présence dans la région ?

Le poste d’ambassadeur ici est un gros poste puisque nous couvrons 4 pays, - Thaïlande, Birmanie, Cambodge et Laos -, avec une communauté belge en croissance surtout en Thaïlande et au Cambodge, des investissements, de gros dossiers politiques tels que les Rohingyas, la montée de l’autoritarisme au Cambodge, la commission du Mékong et la question des barrages sur le fleuve au Laos. 

Pour la Belgique, nous sommes le cinquième plus gros poste consulaire en dehors de l’Union européenne. Nous sommes la maison communale ou l’hôtel de ville d’une petite ville de 6.000 à 10.000 habitants. C’est difficile d’évaluer la communauté belge parce que nous ne connaissons que ceux qui sont inscrits à l’ambassade. En Thaïlande, il y a environ 3.500 Belges inscrits et nous estimons que pour chaque Belge inscrit, il y en a un ou deux qui décide de ne pas s’inscrire. Ils ont le droit de ne pas s’inscrire, mais il serait utile que nous les connaissions. Ils peuvent nous communiquer leur adresse email et leur ville de résidence. Ainsi l’ambassade peut leur communiquer des informations en cas de besoin. Nous ne communiquons pas leurs données ou leur présence en Thaïlande aux autorités belges, ni au fisc ou ailleurs. Mais cela nous est utile pour identifier nos Belges, qu’ils soient voyageurs ou résidents non enregistrés, surtout lors de crise telle que celle liée au Covid-19. 

La deuxième chose qui me vient à l’esprit, nous sommes dans une région formidable au point qu’avec mon épouse, Pascale Fabre, nous avons commencé à regarder s’il n’y aurait pas des possibilités pour habiter dans la région, en Thaïlande ou au Cambodge, quand je prendrai ma retraite dans 6 ans. Le soleil, le sourire, les restaurants, c’est quand même merveilleux! Et puis, on y rencontre des gens heureux même s’il y a des problèmes sociaux, des inégalités et qu’il n’y a pas encore de mécanismes démocratiques achevés pour que ces mécontentements s’expriment. 

En Birmanie, il y a des élections, une large liberté de la presse, mais la mécanique n’est qu’au début. Le Cambodge va plutôt dans la direction inverse. La Thaïlande essaye de relancer le processus de démocratisation, mais ce n’est pas facile et au Laos, il n’en est pas question pour le moment. Derrière ces sourires et une vie harmonieuse, il y a de graves tensions qui sont encore exagérées par la crise liée au Covid-19 et il ne faut pas sous-estimer les souffrances de la population en Thaïlande, au Cambodge, en Birmanie et au Laos. Encore plus au Cambodge et en Thaïlande, deux pays qui vivent beaucoup du tourisme et où beaucoup de personnes ont perdu leur boulot. 

Quel impact a pu avoir la crise liée au Covid-19 sur les relations bilatérales entre la Thaïlande et la Belgique ?

Nous n’avions pas de visites de haut niveau prévues pour la première moitié de l’année 2020. Le sommet de l’ASEAN qui aurait dû se tenir à Phnom Penh a été reporté et nous aurions dû y avoir la présence d’un ministre belge. 

L’ambassade de Belgique en Thaïlande a beaucoup poussé pour que nous ayons une mission économique dirigée par la Princesse Astrid de Belgique, il n’y a pas encore eu de décision, mais nous espérons qu’il y en aura une d’ici deux ou trois ans. 

Le Covid-19 a bien entendu interrompu les échanges sur le plan touristiques ainsi que les échanges d’étudiants. 

Le 23 juillet, j’ai été reçu en audience par la princesse Maha Chakri Sirindhorn et j’ai pu lui remettre les chaleureuses salutations du roi Philippe et de la reine Mathilde. Donc quand nous parlons des relations bilatérales de la Thaïlande et de la Belgique, il y a toujours cette amitié entre les deux familles qui date de l’amitié entre le roi Baudouin et le roi Bhumibol et qui avait déjà commencé au 19eme siècle. À l’époque le roi Léopold II avait envoyé son ministre de l’Intérieur, Gustave Rolin-Jaequemyns pour aider le roi Rama V à codifier les lois thaïlandaises, à moderniser le système judiciaire de la Thaïlande et à négocier des traités avec les Français et les Anglais. Mais cette amitié s’est surtout développée après la Seconde Guerre mondiale quand le roi Baudouin et le roi Bhumibol étudiaient tous deux en Suisse, ils sont tous les deux devenus rois très jeunes, dans des circonstances politiques compliquées et tous les deux ont gagné le respect de leur peuple. 

Quelles sont les ‘success-stories’ belges qui sont apparues suite à la crise liée au Covid-19 ?

Nous avons en effet des entreprises qui rebondissent très bien, je voudrais citer l’exemple de l’entreprise belge deSter qui produit en Thaïlande et en Belgique presque tous les éléments en plastiques utilisés dans les avions : les plateaux pour les repas, tasses, taies d’oreillers, etc. Le design est réalisé en Belgique et la production est faite en Thaïlande. Avec le Covid-19, ils ont transformé un de leur de ligne de production pour faire des masques qu’ils vont maintenant exporter vers l’Europe. 

Jean-Louis Graindorge, directeur des chocolats Duc de Praslin, fait du chocolat belge en Thaïlande avec des matières premières qui viennent de Belgique, des Philippines ou du Vietnam. Avec la crise, il a commencé à faire des chocolats à base de cacao de Chantaburi, donc maintenant c’est vraiment du chocolat belgo-thaïlandais! Donc il y a des entreprises qui rebondissent bien. Ceux qui ont beaucoup souffert, ce sont évidemment les entrepreneurs belges dans le secteur du tourisme. Cela reste très dur et nous attendons avec impatience le vaccin ou des médicaments. 

Est-ce que la Belgique participe à des recherches sur des traitements contre le Covid-19 en Thaïlande ?

Il n’y a pas de coopération en Thaïlande. La Belgique est active, les universités de Gand, Louvain, Anvers participent avec les Anglais et les Français à des programmes de développements de vaccins et de médicaments, mais pas directement en Thaïlande. 

Par contre, l’Institut de médecine tropicale d’Anvers travaille avec l’Institut Pasteur au Cambodge pour développer des traitements sur les différentes formes de malaria que l’on trouve dans le nord de la Thaïlande et dans l’Isan. 

Pouvez-vous nous en dire plus sur votre prochaine mission ?

Je vais être ambassadeur de Belgique à l’ONU à New York, c’est un très bon bâton de maréchal pour mon dernier poste avant la retraite, j’en suis très content. Dans trois mois, la Belgique sort de la présidence du Conseil de sécurité de l’ONU et nos priorités à l’ONU seront le suivi des thèmes sur lesquels nous avons travaillé au Conseil de sécurité : les enfants dans les conflits armés, la justice transactionnelle, le développement de l’aide humanitaire pour assurer une meilleure coordination entre les agences onusiennes afin que l’aide d’urgence arrive plus rapidement et puisse bénéficier à davantage de personnes, etc. 

Je n’ai pas d’expérience au Conseil de sécurité, mais j’ai une certaine expérience intérieure du système onusien puisque j’ai été le directeur du cabinet de la directrice générale de l’UNESCO avant qu’elle ne me nomme directeur du bureau de liaison de l’UNESCO à New York. Donc je connais bien comment l’ONU fonctionne en interne, mais je connais moins les interactions des états membres de l’ONU. 

Je pars donc le 7 août, sans faire d’escale en Belgique puisque le ministère des Affaires étrangères en Belgique m’a dit que c’était trop risqué. 

Pouvez-vous dire un mot sur votre successeure ?

Ma successeure, Sybille de Cartier, est une jeune diplomate, elle arrive du Caire. La Thaïlande sera son deuxième poste d’ambassadeur. Je ne la connais pas personnellement, mais elle a la réputation d’être une grosse travailleuse souriante donc je suis certain qu’elle va pouvoir continuer et accélérer une série de chantiers que nous avons ouverts, qu’elle continuera d’améliorer les services de l’ambassade aux Belges. 

Nous allons aussi avoir prochainement un consul honoraire à Chiang Mai. Après une longue procédure, la Thaïlande a donné son accord il y a trois semaines pour que le Dr Narong soit nommé consul honoraire de Belgique à Chiang Mai. Maintenant, il faut qu’il prête serment devant l’ambassadeur et donc ce sera ma successeure qui ira à Chiang Mai pour poser la plaque de consul honoraire. 

Actuellement, nous avons des consuls honoraires à Phnom Penh, Vientiane et Rangoon et nous avons lancé le chantier pour en recruter un à Phuket et à Siem Réap. 

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