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La police thaïlandaise presse les médias mais la contestation continue

Repression sur les medias en ThailandeRepression sur les medias en Thailande
REUTERS / Jorge Silva - Quatre médias thaïlandais font l’objet d’enquêtes de la part des autorités locales pour leur couverture des manifestations anti-gouvernementales
Écrit par Lepetitjournal.com Bangkok avec Reuters
Publié le 20 octobre 2020, mis à jour le 20 octobre 2020

La police thaïlandaise a dit lundi avoir ordonné une enquête sur quatre médias locaux et ont annoncé des restrictions sur l'application Telegram dans une nouvelle tentative d’enrailler le mouvement de contestation qui monte. Mais cela n’a pas empêché les manifestants de défier l’interdiction de manifester pour la cinquième journée consécutive.

L'annonce de ces nouvelles mesures répressives a valu au Premier ministre Prayuth Chan-O-Cha, de nombreuses critiques eu égard à la liberté d’expression et au droit des médias à exercer librement leur métier.

Des organisations de presse et des universitaires ont appelé le gouvernement à ne pas violer la liberté de la presse, rapporte le journal Bangkok Post.

Lorsqu’il avait déclaré jeudi que le décret d’urgence sanitaire en vigueur depuis mars pour lutter contre l’épidémie de Covid-19 s’appliquerait désormais aux manifestations politique à Bangkok, interdisant les rassemblements politiques de plus de cinq personnes, le gouvernement avait également imposé l’interdiction de publier des informations en ligne pouvant affecter la sécurité nationale.

Selon un document de police daté du 16 octobre, des enquêtes ont été ordonnées sur quatre médias, Prachatai, The Reporter, Voice TV, et The Standard, ainsi que sur la page Facebook d'un groupe de protestation.

Certains contenus sur ces supports pourrait "semer la confusion et provoquer des troubles dans la société", a déclaré le porte-parole de la police Kissana Phathanacharoen, ajoutant que le régulateur de la diffusion et le ministère du numérique enquêteraient et prendraient les mesures appropriées.

300.000 matériaux "illégaux"

Putchapong Nodthaisong, un porte-parole du ministère du numérique, a déclaré qu'il avait demandé au tribunal d’émettre des ordonnances pour faire retirer de quatre médias thaïlandais et de la page Facebook du groupe anti-gouvernemental Free Youth des contenus identifiés parmi plus de 300.000 matériaux qui, selon lui, ont violé les lois thaïlandaises au cours de la semaine passée.

La Fondation Manushya, une organisation indépendante qui milite pour la liberté en ligne, a estimé que ces mesures n’avaient pour d’autre but que de réduire au silence les médias libres.

"Comme l'interdiction des manifestations n'a pas fonctionné, le gouvernement soutenu par l'armée espère susciter la peur de dire la vérité", a déclaré sa directrice Emilie Palamy Pradichit. "Nous exhortons les médias libres à résister."

Le chef de la police, Suwat Jangyodsuk, a fait savoir qu'il avait demandé au ministère du numérique de restreindre le groupe Free Youth sur Telegram, une application de messagerie que les manifestants ont utilisée pour coordonner leurs actions ces derniers jours.

Mais ces manœuvres n’ont pas affecté le mouvement qui demande la démission du Premier ministre, ancien meneur du coup d’Etat de 2014, la rédaction d’une nouvelle Constitution et des reformes de la monarchie.

Des milliers de manifestants se sont rassemblés à différents endroits de Bangkok et en province. Sur un carrefour de Bangkok, lundi, des militants scandaient «continuez à vous battre».

Depuis leur interdiction jeudi, les manifestations ont eu lieu tous les jours.

La police a dit avoir arrêté 74 personnes depuis le 13 octobre. Dix-neuf ont été libérés sous caution lundi, a indiqué l’ONG Thai Lawyers for Human Rights. 

Prayuth Chan-O-Cha a fait savoir qu'il ne démissionnerait pas. Lundi, il a dit qu'il soutenait une proposition de session parlementaire spéciale pour discuter de la situation. Ses partisans sont majoritaires au parlement - ils ont d’ailleurs accru leur majorité après la dissolution du parti d’opposition Anakot Mai (de son nom anglais Future Forward) en février, ce qui avait déclenché la colère des étudiants et suscité les premières manifestations dans les campus.

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