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La Paroisse Francophone de Bangkok se prépare à la visite du pape

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courtoisie Père Nicolas - Ouverture de l'année commémorative des 350 ans du Vicariat apostolique de Siam en mai 2019
Écrit par Catherine Vanesse
Publié le 20 novembre 2019, mis à jour le 20 novembre 2019

La communauté chrétienne de Thaïlande s’apprête à accueillir le pape François du 20 au 23 novembre, une visite qui suscite la joie auprès de la Paroisse Francophone de Bangkok

En Thaïlande depuis 14 ans, le père Nicolas officie depuis deux ans à la Paroisse Francophone de Bangkok qui est hébergée par les Missions Etrangères de Paris dans la chapelle de l’Épiphanie. 

Ce missionnaire français originaire de Rouen a passé près de dix ans auprès des minorités à Mae Sot avant d’être muté à Bangkok. “J’ai passé dix ans dans des villages sans électricités, à dormir dans des maisons en bois. À Bangkok, les expatriés travaillent dans des entreprises internationales, c’est un milieu instruit qui évolue dans les sphères décisionnaires, l’écart avec les tribus est très important, pourtant la foi est la même”, confie-t-il à Lepetitjournal.com à quelques jours de la première visite papale en Thaïlande depuis celle du pape Jean-Paul II en 1984.

Lepetitjournal.com : Que représente la visite du Pape François pour les chrétiens de Thaïlande ?

Père Nicolas: Tout chrétien espère rencontrer le pape au moins une fois dans sa vie, que ce soit lors des JMJ (Journées mondiales de la Jeunesse), lors d’un voyage à Rome ou lors d’une messe dans un autre pays. La venue du Saint-Père en Thaïlande est un grand événement, une joie. 

Cette visite du pape nous rappelle aussi que nous ne sommes pas tout seuls dans notre coin, c’est un symbole de communion pour des communautés différentes, dispersées et variées. Les chrétiens en Thaïlande représentent peut-être 0,6% de la population, il y a des familles d’origines chinoises ou vietnamiennes, des minorités ethniques (Karen, Hmongs, Aka…), des expatriés, etc. Dans l’Eglise catholique, nous sommes invités à partager notre foi en communauté, nous nous rassemblons le dimanche: en fait, la dimension communautaire est très importante. Bien sûr chacun vit sa relation personnelle à Dieu mais il est important aussi d’écouter la foi des autres, d’être en harmonie avec la communauté. Pour moi, le pape représente le gardien de la foi. La Paroisse francophone de Bangkok ne fait pas ce qu’elle veut, les missionnaires dans les montagnes non plus. Les gestes et les paroles que nous posons doivent s’aligner, être en symbiose avec l’Eglise dans sa dimension universelle. Le pape représente l’unité dont nous avons besoin, il vient pour visiter et rassembler les pèlerins, pour construire des passerelles entre les communautés.

À un niveau personnel, je recours souvent aux homélies du pape, à son interprétation de l’évangile. C’est un chef de l’Église qui n’est pas inaccessible, au contraire, il fait preuve d’une véritable sollicitude. Il a d’ailleurs surpris au début de son pontificat en s’invitant dans les bidonvilles, c’est aussi ce que les fidèles attendent, ils veulent un leader qui n’est pas lointain, qui n’a pas une théologie trop abstraite, mais plutôt une attitude pastorale. 

Comment la paroisse francophone de Bangkok s’est-elle préparée à cette visite ?

Tous les dimanches, nous prions pour le pape. Avec sa venue, nous assistons à un petit changement puisque cette fois-ci nous allons pouvoir prier avec lui, il y a une évolution dans la prière, un rapprochement. 

Il y a une préparation au sens d’un désir aiguisé, nous avons encouragé les gens à s’inscrire pour assister ensemble aux célébrations. C’est ainsi qu’un groupe de 25 jeunes participera à la messe le vendredi soir [22 novembre, ndlr] à la Cathédrale de l’Assomption à Bangkok parmi 5.000 autres jeunes. Le jeudi, un groupe de 170 personnes se rendra à la messe qui aura lieu au Stade national. 

Regrettez-vous que le pape François ne se rende pas auprès des minorités ethniques lors de son séjour?

Non. Je dirais qu’il n’a pas à faire ses preuves en la matière. Il va quand même se rendre auprès des malades à l’hôpital Saint-Louis, faut-il en rajouter en allant dans les bidonvilles ou au contact des réfugiés ou minorités? 

Il a suffisamment pris position dans ses prédications, son discours est tellement clair qu’il dérange d’ailleurs, il bouscule les économies modernes, les sociétés modernes. Pour moi, sa rencontre avec le Patriarche suprême des bouddhistes, Somdet Phra Maha Munivong est plus emblématique, surtout pour les Thaïlandais. Sa préférence pour les pauvres, les migrants... elle est connue. Par contre, son discours sur la construction de ponts et la rencontre avec la différence est plus prophétique, plus exemplaire, nous sommes clairement dans un discours interreligieux et une fraternité humaine. 
 

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