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La démission du ministre thaïlandais des Finances accroît les craintes

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REUTERS / Jorge Silva - Predee Daochai, 61 ans, banquier de carrière à la Kasikornbank, était un vieux loup de la finance

Nommé il y a seulement trois semaines, le ministre thaïlandais des Finances, Predee Daochai, a démissionné mardi, intensifiant les craintes sur l’avenir économique du pays, alors que le gouvernement se débat avec une crise sans précédent causée en bonne partie par ses propres mesures sanitaires contre le Covid-19.

Ce banquier de carrière de 61 ans était entré dans ses fonctions le 12 août. Sa démission a été confirmée par une annonce officielle dans la Gazette royale, l’équivalent du Journal Officiel. 

Predee Daochai n'a pas répondu aux appels téléphoniques de Reuters, et la raison de sa démission n’est pas encore tout à fait claire. Les médias thaïlandais ont dit qu'il voulait arrêter pour des raisons de santé.

Lorsque les toutes premières informations sur le départ de ce vieux loup de la finance ont émergé mardi, la bourse a chuté de 0,9% avant de se rétablir à la clôture pour se maintenir à moins 0,4%.

Le départ de Predee Daochai risque d’accroître une incertitude déjà palpable vis-à-vis de la conduite -et de la pertinence- des politiques d’aide et de relance alors que le gouvernement de l’ancien putschiste Prayuth Chan-O-Cha semble n’avoir rien d’autre, pour rassurer la population, que la promesse de subsides annoncés en montants astronomiques mais qui peinent à filtrer des méandres de l'administration avant d'atteindre des particuliers et des entreprises souvent déjà exsangues.

"C’est pourquoi cet événement est une grande déception", a déclaré Kobsidthi Silpachai, responsable de l’étude des marchés financiers pour Kasikornbank. L'incertitude autour de qui sera le ministre des Finances tend à saper la confiance du secteur privé, estime-t-il, d’autant que cela alimente le risque d’instabilité politique dans le royaume.

Selon le ministère des Finances, l’économie thaïlandaise devrait se contracter de 8,5% cette année.

"Nous espérions que le ministre aiderait à résoudre les problèmes de prêts à taux réduits, mais c’est peu probable maintenant", s’est lamenté le président du Conseil du tourisme de Thaïlande, Chairat Triratanajaraspon.

Predee Daochai était co-président de Kasikornbank avant de rejoindre le cabinet. Il avait remplacé Uttama Savanayana qui avait démissionné en juillet avec cinq autres ministres liés à l'économie dont le très renommé Somkid Jatusripitak, architecte dans les années 2000 des politiques économiques de Thaksin Shinawatra, et recruté par Prayuth Chan-O-Cha au lendemain du coup d’Etat de 2014.

La Thaïlande s’est beaucoup enorgueillie d’avoir été plébiscitée en août par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) pour sa gestion de l'épidémie de Covid-19, même si plusieurs zones d’ombres subsistent sur les facteurs qui sous-tendent ce bilan de 3.417 infections signalées et 58 décès. Mais la contrepartie de la politique thaïlandaise du risque zéro -pour le Covid-19- est que son économie figure aujourd’hui parmi les plus durement touchées de la planète, tout particulièrement son secteur du tourisme, laminé par la fermeture du pays aux touristes étrangers depuis avril.

Le gouvernement a annoncé l’ouverture aux touristes à partir d’octobre de certains sites touristiques en commençant par Phuket, mais sous des conditions telles qu’il est difficile d’y voir une solution véritablement viable à l'échelle du pays.

Si les restrictions sur le voyage perdurent, le bilan de la fréquentation touristique internationale dans le royaume sera de l’ordre du cinquième du chiffre de 2019, qui était de 39,8 millions de visiteurs.

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