Alors que le ministre thaïlandais des Finances assurait la semaine dernière que "le pire est derrière nous", la banque centrale avoue que ses prévisions sont sans doute "optimistes". Une certitude est le niveau d’incertitude qui plane sur cette crise économique sans précédent
L'économie thaïlandaise s'est légèrement améliorée en juillet, soutenue par les dépenses publiques et l’assouplissement des mesures de confinement contre le Covid-19, mais le tourisme souffre irrémédiablement de la fermeture des frontières, a déclaré lundi la banque centrale.
La consommation privée sur le mois de juillet a augmenté de 2,7% par rapport à juin à la faveur de la reprise de l'activité, tandis que les exportations piquent moins du nez, affichant toutefois une baisse de 11,9%.
"Lorsque l’on regarde devant nous, de fortes incertitudes subsistent", a déclaré Don Nakornthab, directeur de la Banque de Thaïlande (BOT), lors d'un briefing.
Le plus incertain reste le nombre de touristes étrangers, qui pourrait être bien en dessous des 8 millions attendus par la banque centrale, a-t-il précisé.
Selon lui, le royaume devrait au mieux accueillir 6,7 millions de visiteurs étrangers cette année, comme le prévoient par l'agence de planification thaïlandaise et le ministère des Finances, a consenti Don Nakornthab. Cela représenterait 1,3 million de touristes de moins que les prévisions de la BOT, et affecterait le PIB de 0,5%, a-t-il déclaré.
Le gouverneur de la BOT, Veerathai Santiprabhob, avait d'ailleurs déclaré vendredi à Reuters que les prévisions économiques de la banque centrale, qui s’attendait à une contraction record de 8,1% cette année, pourraient se révéler être "optimistes". La BOT reviendra sur cette question le mois prochain.
La Thaïlande, qui dépend fortement des exportations et du tourisme, a accueilli 6,69 millions de touristes internationaux entre janvier et mars, mais le flux s’est arrêté net le 4 avril lorsque la Thaïlande a interdit aux vacanciers étrangers d'entrer.
En 2019, le royaume avait accueilli 39,8 millions de visiteurs internationaux dont les dépenses ont représenté environ 11,4% du PIB.
A partir d'octobre, la Thaïlande autorisera les touristes étrangers sur l'île de Phuket pour de longs séjours, mais ceux-ci devront se plier à toutes sortes de restrictions dont la quarantaine, ce qui laisse perplexe sur les retombées réelles pour l'économie nationale mais aussi locale.
Dans un pays où très peu est fait pour combattre des fléaux responsables de la mort de plusieurs dizaines de personnes par jour comme l’insécurité routière ou encore le diabète, les autorités ont fait preuve d’un zèle tout particulier depuis mars pour contrer une maladie qui a tué en sept mois 58 personnes si l’on en croit les statistiques locales.
"Le pire est derrière nous"
La semaine dernière, le tout nouveau ministre des Finances, Predee Daochai, affirmait toutefois que les fondamentaux économiques et la situation budgétaire de la Thaïlande demeuraient solides.
La deuxième économie d'Asie du Sud-Est a reculé de 12,2% au deuxième trimestre en glissement annuel, la plus forte baisse depuis la crise financière asiatique de 1998.
Malgré le climat défavorable, les fondamentaux économiques de la Thaïlande restent solides aussi bien sur le plan intérieur qu’extérieur, a déclaré Predee Daochai lors d'un séminaire d'affaires, se félicitant que la Thaïlande soit l'une des économies les plus résilientes de la région.
"Nous pensons que le pire est derrière nous. L'économie devrait atteindre son creux au second semestre de cette année puis se redresser en 2021 avec une croissance attendue de 4% à 5%", a-t-il affirmé.
Le ministère des Finances a prévu une contraction économique record de 8,5% cette année.
Predee Daochai a assuré que la Thaïlande mettra en œuvre les politiques économiques et de santé nécessaires pour maintenir le niveau de croissance économique et d'activités. "Nous devons nous préparer et nous tenir prêt à tout risque imprévisible", a-t-il dit.
Le gouvernement continuera à soutenir les groupes vulnérables, à promouvoir la création d'emplois et à se concentrer sur de grands projets d'investissement pour une compétitivité à long terme, a-t-il ajouté.
En réponse à la récession provoquée par les mesures restrictives prises pour faire face au Covid-19, le ministre des Finances a rappelé que le gouvernement avait engagé des plans d’aide et de relance d'une valeur totale d'environ 2.200 milliards de bahts (59,24 milliards de dollars), soit 12% du produit intérieur brut (PIB), pour aider les ménages et les entreprises touchés par l'épidémie.
"Malgré ces programmes de relance records, la situation budgétaire de la Thaïlande reste saine", a déclaré Predee Daochai, ajoutant que la dette publique du pays était toujours inférieure à 60% du PIB.