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JUSTICE - Victoire judiciaire pour Abhisit et Suthep dans l’affaire de la tuerie de 2010

Repression militaire sur les manifestants Chemises rouges a Bangkok en 2010Repression militaire sur les manifestants Chemises rouges a Bangkok en 2010
Pierre QUEFFELEC - Les soldats attendent le signal pour charger sur le camp des manifestants, le 19 mai 2010
Écrit par Lepetitjournal.com Bangkok avec AFP
Publié le 28 août 2014, mis à jour le 27 août 2020

Un tribunal thaïlandais s'est déclaré incompétent jeudi pour juger l'ancien Premier ministre Abhisit Vejjajiva et son numéro 2 Suthep Thaugsuban, leader des manifestations qui ont secoué la Thaïlande ces derniers mois, accusés de meurtre lors de la répression sanglante d'un mouvement de rue en 2010.

Plus de 100.000 Chemises rouges avaient occupé le centre de Bangkok pendant des semaines au printemps 2010 pour réclamer la démission du gouvernement d'Abhisit Vejjajiva.

L'armée avait finalement donné l'assaut contre les Rouges, supporters de l'ancien Premier ministre en exil Thaksin Shinawatra, renversé par un coup d'Etat en 2006. Les violences avaient fait plus de 90 morts et 1.900 blessés, en majorité des manifestants désarmés.

Alors que les procureurs estimaient que Suthep et Abhisit s'étaient rendus coupables de meurtre et d'abus de pouvoir en autorisant les tirs à balles réelles contre les manifestants -- ce que les deux hommes nient --, la cour criminelle de Bangkok devant laquelle ils comparaissaient s'est finalement récusée.

Les juges ont argué que la seule juridiction habilitée à juger des membres du gouvernement était une chambre criminelle spécialisée de la Cour suprême.

"La cour criminelle a donc décidé aujourd'hui de rejeter les deux accusations", a déclaré un magistrat, une décision "politique", dénoncent les familles des victimes confrontées au sourire de satisfaction d'Abhisit après le jugement.

"C'est une décision politique à 100%. Des militaires (membres de la junte) font partie des accusés", a regretté Phayaw Akkahad, mère d'une infirmière tuée par balles dans un temple bouddhiste où elle soignait des manifestants blessés.

"Ma fille a été assassinée. Je ne suis pas femme à renoncer", a-t-elle lancé. En août 2013, une enquête avait conclu que les forces de l'ordre avaient utilisé contre les manifestations des armes automatiques puissantes. Aucun responsable de l'armée n'a été poursuivi pour ces violences.

Un avocat des parties civiles, Chokchai Angkaew, a indiqué qu'il ferait appel. "Ce n'est pas terminé", a-t-il affirmé. La Commission nationale anti-corruption devrait s'emparer du dossier dans le volet de l'abus de pouvoir, avant une éventuelle saisine de la Cour suprême.

Suthep Thaugsuban, qui s'est présenté à l'audience le crâne rasé et portant la tunique orange des moines bouddhistes, est le leader des manifestations anti-gouvernementales qui ont conduit au coup d'Etat militaire du 22 mai dernier.

L'armée a expliqué avoir pris le pouvoir pour mettre un terme à sept mois de manifestations meurtrières contre le gouvernement de Yingluck Shinawatra, soeur de l'ancien Premier ministre Thaksin Shinawatra.

Mais certains accusent la junte d'avoir utilisé cette situation comme prétexte pour se débarrasser de l'influence de Thaksin, renversé par le précédent putsch en 2006 et qui reste malgré son exil la figure de division du royaume.

La junte a prévenu qu'elle se maintiendrait en parallèle au gouvernement, alors que toute élection est repoussée à octobre 2015 au mieux.

Le roi de Thaïlande a approuvé lundi dans ses fonctions de Premier ministre le général Prayut Chan-O-Cha, auteur du coup de force.

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