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Faiyen, un groupe de dissidents réfugié au Laos, craint pour sa vie

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Facebook - Le groupe Faiyen

Exilé au Laos, le groupe d'activistes thaïlandais Faiyen craint pour sa vie depuis le coup d'État militaire de 2014. 

Assurant à tour de rôle la garde de leur repaire au Laos, les quatre membres du groupe de folk “Faiyen”, des activistes thaïlandais en exil, sont persuadés qu’ils figurent sur une liste de tueurs, tout comme huit autres dissidents ayant déjà disparus. 

Après le coup d’État thaïlandais de 2014, le Laos est devenu un refuge pour certains des militants anti-junte les plus virulents. Tous ont d’ailleurs condamné avec une véhémence particulière la junte militaire qui a encore consolidé son pouvoir sur le royaume après que son chef a été élu au poste de Premier ministre par une majorité pro-militaire au parlement. 

Certains d’entre eux sont accusés d’avoir critiqué la monarchie, une institution protégée par la sévère loi de lèse-majesté. 

“Il n’y a pas une seule nuit où nous pouvons dormir. Un simple hurlement de chien nous donne le frisson” confie la chanteuse Romchalee “Yammy” Sombulrattanakul depuis un lieu inconnu au Laos. 

Faiyen, que l’on peut traduire par “feu froid” en thaïlandais, est un groupe bien connu dans les cercles pro-démocratie pour ses paroles satiriques destinées aux politiciens et au palais. Comme eux, plus de 80 dissidents ont fui le royaume depuis le coup d’état. 

Le quatuor avait quitté la Thaïlande pour éviter une convocation de la junte et il pourrait se voir accusé de crime de lèse-majesté s’il revenait dans le royaume. 
“Tous les militants sont partis, ils ont disparu” ajoute-elle. “Nous sommes les dernières cibles”. 

Meurtres sordides

Depuis 2016, cinq militants parmi les plus connus ont disparu de leur domicile au Laos dans ce que Faiyen considère comme une campagne d’assassinat soigneusement orchestrée par des groupes ultra-royalistes de l’ombre. 

Les cadavres de deux d’entre eux ont été retrouvés en décembre 2018 dans le Mékong, leur visage avait été défiguré et leur corps éviscéré puis rempli de béton. Ils ont été identifiés au début de cette année. 

Les groupes de défense des droits de l’homme pensent que trois autres activistes ont été expulsés du Vietnam vers la Thaïlande, bien que les gouvernements des deux pays nient toute implication. 

“Les membres de Faiyen ont toutes les raisons d’être inquiets pour leur vie” a déclaré à l’AFP Sunai Phasuk, chercheur en Thaïlande pour Human Rights Watch. 

Il ajoute que le groupe dépend du Laos pour assurer sa sécurité “manifestement de manière insuffisante”. 

Faiyen milite pour obtenir l’abolition des lois strictes qui entourent le crime de lèse-majesté en Thaïlande. Quiconque insulte ou diffame la monarchie peut être condamné à une peine de prison pouvant aller jusqu’à 15 ans de prison pour chaque chef d’accusation. 

“Nous représentons la voix du peuple thaïlandais qui est opprimé et ne peut exprimer la vérité” explique le chef du groupe Trairong "Khunthong" Sinseubpol. 

En Thaïlande, des années de forte polarisation politique ont vu un durcissement de la pression exercée sur quiconque réclame une réforme de la monarchie. 

Au delà de la frontière, dans le Laos communiste, où certains parmi les autorités ont de la sympathie pour la cause des activistes thaïlandais, Faiyen a pu continuer un temps à diffuser sa musique et son message politique. 

“Nous pouvions dire ce que nous voulions jusqu’à ce que la traque ne commence” ajoute Trairong, 55 ans. 

Le groupe a reçu de nombreuses menaces de mort via l’Internet, et les corps découverts dans le Mékong sont là comme une démonstration glaçante de la façon dont cela pourrait se traduire concrètement. 

Il n’y a eu aucune arrestation liée à ces assassinats, les officiels et les médias en Thaïlande se gardent bien de spéculer sur l’identité des auteurs de ces meurtres. 

Les membres du groupe craignent que le temps ne joue contre eux et cherchent l’asile dans un pays européen. “Il pourrait ne pas y avoir de lendemain” conclut en larmes Yammy. 

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