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DROITS DE L’HOMME – La Thaïlande à deux visages a du mal à sauver la face

Droits de l'homme ThailandeDroits de l'homme Thailande
En quelques jours, le gouvernement d'Abhisit Vejjajiva a eu à faire face au rapport d'Amnesty sur le recours à la torture dans le sud, à l'affaire Nicolaides, celle des Rohingyas et au rappatriement des Hmong (Photo LPJ Bangkok.com)
Écrit par La rédaction de Bangkok
Publié le 29 janvier 2009, mis à jour le 25 novembre 2018

Alors que le Premier ministre Abhisit Vejjajiva cherche désespérément à restaurer l'image de la Thaïlande sur la scène internationale, après une année 2008 agitée, le passif du royaume en matière de respect des droits de l'homme lui rend la tâche pour le moins difficile. Une question épineuse qui pourrait bien lui gâcher sa lune de miel gouvernementale

L'annonce des visas gratuits pour les touristes et la campagne de communication promouvant à grands frais d'images exotiques les valeurs thaïlandaises : "Amazing Thailand, amazing value", ont du mal à se faire une place médiatique de choix parmi les sombres images et dépêches qui font le tour des rédactions ces derniers jours : un australien encagé pour quelques lignes évoquant le prince héritier dans un livre distribué à sept exemplaires, un millier de Rohingya envoyés au diable en pleine mer, des réfugiés Hmong renvoyés en silence vers leurs anciens bourreaux, et un rapport accablant sur des présumés séparatistes musulmans du sud Thaïlandais qui auraient subi des tortures par les militaires.

Les explications de la Thaïlande

Lèse-majesté et traitements inhumains sont en effet les deux grands thèmes qui font parler de la Thaïlande à l'étranger en ce début d'année, faisant suite aux turbulences politiques de 2008. Mais la Thaïlande est déterminée à faire face. Concernant le crime de Lèse-majesté, le Ministère de la justice a annoncé son intention de lancer une campagne d'information au travers de ses ambassades dans le monde, pour faire comprendre aux étrangers l'importance des lois de lèse-majesté en Thaïlande.

Pour ce qui est des violences imputées aux militaires, le gouvernement a de nouveau nié catégoriquement, mardi, les accusations de maltraitances contre les migrants clandestins Rohingyas. Le communiqué du ministère des Affaires étrangères rappelle que selon la loi thaïlandaise, tous les migrants qui arrivent sur les côtes de la mer d'Andaman doivent être arrêtés et interrogés. Le Premier ministre Abhisit a répété que les migrants étaient bien traités, mais cela n'a pas empêché le Royaume Uni de se joindre cette semaine aux Nations Unies pour exprimer sa "profonde inquiétude" dans cette affaire. Les Britanniques assurent qu'ils vont continuer à faire pression sur Bangkok pour que les faits soient établis et pour que les mesures appropriées soient prises, en coordination avec d'autres pays de l'Union Européenne et le Haut Commissariat aux Réfugiés de l'ONU.

Côté médias, la chaîne américaine CNN a diffusé un sujet montrant des photos récupérées auprès d'une source au sein de l'armée thaïlandaise. On y voit les militaires remorquer les Rohingyas au large, avant de laisser les barques en pleine mer. 78 nouveaux boat people Rohingyas ont été récupérés mardi au large des îles Surin, dans la province de Phang Nga. Les survivants affirment qu'ils avaient auparavant été arrêtés par les autorités birmanes avant d'être repoussés par la Thaïlande - 66 d'entre eux ont été incarcérés pour cinq jours en attendant leur expulsion, les 12 autres, mineurs, évitent la prison en raison de leur jeune age, mais seront également expulsés. La minorité musulmane des Rohingyas est victime de persécutions en Birmanie.

Pour le Premier ministre Abhisit Vejjajiva, gérer les pressions de la communauté internationale ne va pas être de tout repos à un moment où il est pourtant primordial pour la Thaïlande de s'attirer la sympathie de l'étranger. Cela d'autant que les questions de lèse-majesté et d'atteinte aux droits de l'homme sont chacune intimement liées à deux des institutions les plus puissantes du pays, la première au Palais royal et la seconde à l'armée.

Par P.Q et E.M. jeudi 29 janvier 2009

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