Les autorités thaïlandaises ont été accusées ces derniers jours par la presse et les défenseurs des droits de l'homme, d'avoir renvoyé dans des conditions inhumaines et synonymes de mort des centaines de réfugiés d'une minorité birmane et des Bangladais fuyant leur pays. Les militaires nient. Abhisit doit rencontrer aujourd'hui les ONG
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Le Commandant Suprême de l'armée thaïlandaise le Général Songkitti Jaggabatra, a réaffirmé hier que la marine thaïlandaise n'avait commis aucun acte inhumain contre les demandeurs d'asile Rohingya et n'a violé en aucune manière les droits de l'homme (Photo LPJ Bangkok.com)
Des organisations de défense des droits de l'Homme ont affirmé ces jours-ci que des réfugiés Rohingya, une ethnie musulmane originaire de la province birmane d'Arakan, frontalière avec le Bangladesh, et des Bangladais, avaient été repoussés à la mer avec très peu d'eau et de nourriture après être arrivés dans les îles Andaman en fin d'année.
Les garde-côtes indiens ont assuré hier avoir sauvé 446 de ces réfugiés depuis la fin décembre embarqués sur 4 bateaux. Selon eux, 300 autres sont portés disparus et pourraient avoir péri. "Certains survivants ont raconté que (...) la marine thaïlandaise avait laissé sur leur bateau deux sacs de riz bouilli et quelques litres d'eau avant d'être abandonnés en pleine mer", a précisé l'un des sauveteurs.
Le Bangkok Post, hier, faisait également état de réfugiés retrouvés en Indonésie au large d'Aceh, les autorités indonésiennes ayant confirmé le sauvetage, au début du mois, d'environ 200 personnes à majorité Rohingya.
"Nous avons été attachés et mis dans un bateau sans moteur? nous avons ensuite été remorqués par un autre bateau puis abandonnés à la dérive en pleine mer", a témoigné un rescapé cité par le Bangkok Post.
Selon le Sunday Morning Post, un journal de Hong Kong, 538 réfugiés seraient portés disparus ou auraient péri.
La presse thaïlandaise a publié hier des photos de dizaines de personnes allongées sur une plage les mains sur la tête. Des témoignages de touristes occidentaux en vacances sur le littoral d'Andaman, semblent également soutenir les allégations.
Traitement inacceptable
La marine thaïlandaise a rejeté les accusations tandis que le ministère des Affaires étrangères a fait savoir qu'il menait une enquête.
Les organisations de protection des droits de l'homme ont exprimé leur indignation. Un expert de l'ONG Human Right Watch, David Mathieson, a déclaré que le traitement qui aurait été infligé aux Rohingya était "totalement inacceptable". ?Il s'agit de sérieuses accusations qui nécessitent une enquête des Nations Unies et du gouvernement thaïlandais, a-t-il dit à l'AFP. Ils n'ont pas le droit d'agir de la sorte et je doute qu'il s'agisse d'un incident isolé".
Un expert pour Amnesty International, Benjamin Zawacki, a indiqué que la Thaïlande devait, selon la loi internationale, s'assurer que les demandeurs d'asile ne risquent pas de subir des abus en cas de retour dans leur pays d'origine. "Ces allégations, si elles sont vérifiées, signifieraient que les militaires thaïlandais sont impliqués dans des violations très graves du droit à la nourriture, du droit d'asile, et probablement du droit à la vie, a-t-il dit. En tout cas, déterminés ou pas à être des réfugiés, ils ne peuvent pas être simplement repoussés à la mer avec les mains liées : méticuleusement envoyés à la mort?.
Le Premier ministre Abhisit Vejjajiva a fait savoir hier qu'il rencontrerait aujourd'hui les militants des droits de l'homme. Lui et son gouvernement se débattent déjà avec des accusations de violations des droits de l'homme dans la gestion de la crise du sud musulman. La Thaïlande a par ailleurs accepté samedi de renvoyer 5.000 réfugiés Hmong au Laos où nombre d'entre eux risquent de graves persécutions.
P.Q. (http://www.lepetitjournal.com/bangkok.html avec AFP) lundi 19 janvier 2009
Les autorités thaïlandaises craindraient que les Rohingya ne rejoignent les insurgés du sud
Les Rohingya sont un peuple apatride qui subit des persécutions religieuses et ethniques de la part du régime birman qui force des milliers d'entre eux à s'aventurer chaque année sur de frêles bateaux de contrebande pour fuir la pauvreté et l'oppression et retrouver la Malaisie. David Mathieson a déclaré à l'AFP que la Thaïlande avait adopté ces dernières années une position dure vis-à-vis des Rohingya débarquant sur ses côtes. Cela viendrait selon lui du fait que les autorités veulent décourager les migrations de cette ethnie musulmane à travers la Thaïlande de peur, semble-t-il, que certains ne partent renforcer les rangs des insurgés de l'extrême sud, même si peu de preuves appuient une telle éventualité. Le Haut Commissariat au Réfugiés des Nations Unies (UNHCR), a indiqué avoir contacté le gouvernement thaïlandais lorsque les premières allégations ont émergé la semaine dernière. "Nous avons demandé au gouvernement thaïlandais de prendre toutes les mesures nécessaires pour s'assurer que les vies des Rohingyas ne sont pas mises en danger? nous n'avons toujours pas de réponse", a affirmé hier la porte-parole de l'UNHCR pour l'Asie Pacifique, Kitty McKinsey. (LPJ - 19/01/09)