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LIBERTES – Les cas de lèse-majesté se multiplient

Écrit par Lepetitjournal Bangkok
Publié le 21 janvier 2009, mis à jour le 13 novembre 2012

Le nombre de poursuites engagées pour crime de lèse-majesté ne cesse d'augmenter depuis quelques mois. Derniers en date : l'Australien condamné à 3 ans de prison et le politiste Ji Ungpakorn, risquent de faire couler beaucoup d'encre

Le visage hagard d'Harry Nicolaides faisait hier la une de la presse thaïlandaise. L'Australien a écopé de trois ans de prison pour offense au roi dans un passage de son livre Verisimilitude. Publié à compte d'auteur en 2005 en Thaïlande, l'ouvrage avait été écoulé à seulement sept exemplaires. L'écrivain a été arrêté fin août à l'aéroport de Suvarnabhumi. Il a plaidé coupable et a publiquement présenté ses excuses à la famille royale, mais le juge a tout de même estimé qu'il s'était rendu coupable de crime de lèse-majesté : "[Il] a calomnié le roi, le prince héritier, la Thaïlande et la monarchie". Harry Nicolaides espère maintenant bénéficier du pardon royal, qui avait été accordé en 2007 à un Suisse condamné à dix ans de prison pour avoir barbouillé de peinture cinq portraits du roi.
Si le cas de Nicolaides est spectaculaire, il est loin d'être isolé. 2008 a vu une inflation du nombre de cas de lèse-majesté. Fin octobre, The Nation indiquait que 32 cas étaient en cours d'examen par le Bureau central d'investigation (CIB). Hier, un professeur de sciences politiques et analyste réputé, Giles Ji Ungpakorn, a dû se présenter devant la police. Il est mis en cause pour des passages de son livre, A Coup for the Rich (Un coup d'Etat pour les riches), publié en 2007 (pour le télécharger : http://wdpress.blog.co.uk/). A sa sortie du poste, il a expliqué que c'est la librairie de l'université de Chulalongkorn qui a déposé plainte. Il nie toutes les accusations et a reçu le soutien de 128 universitaires à travers le monde. Un autre éminent intellectuel, Sulak Sivaraksa est également sous le coup d'accusations de ce type, tout comme un ancien membre du gouvernement pro-Thaksin, Jakrapob Penkair, qui avait été forcé de démissionner en juin 2008 de son poste de porte-parole du gouvernement.

Etudiants, syndicalistes, journalistes poursuivis
D'autres cas ont également émaillé l'année passée. Plusieurs Thaïlandais ont ainsi refusé de se lever au cinéma pendant l'hymne du roi. Un étudiant, Chotisak Oonsuk, fait particulièrement l'objet de poursuites. Une syndicaliste qui portait un tee-shirt de soutien à ces personnes lors d'une émission de télévision a été licenciée fin juillet. La presse donne peu de détails sur ces cas, car le simple fait de rapporter des propos considérés comme offensant peut constituer un crime de lèse-majesté. La presse étrangère n'est pas épargnée : plusieurs poursuites sont en cours contre Jonathan Head, le correspondant de la BBC. En décembre dernier, un numéro de The Economist avait été bloqué par Asia Books car il contenait un article très critique envers la famille royale.

2300 sites web bloqués
Internet n'est pas épargné. La police thaïe a récemment bloqué l'accès à 2300 sites considérés comme insultants pour la monarchie. 1500 autres sont dans le collimateur. Le ministère de la Communication et de l'information a dépensé 45 millions de bahts (1 million d'euros) pour mettre sur pied une "war room"fonctionnant 24h sur 24 pour surveiller les sites "inappropriés". La semaine dernière, le Premier ministre Abhisit Vejjajiva a affirmé qu'il ferait en sorte que la loi de lèse-majesté ne mène pas à des abus. Mais il a ajouté que la monarchie devait être protégée, car elle constituait "une force stabilisatrice immensément bénéfique pour le pays".
Emmanuelle MICHEL (http://www.lepetitjournal.com/bangkok.html) mercredi 21 janvier 2009

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Publié le 21 janvier 2009, mis à jour le 13 novembre 2012

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