Un footballeur réfugié originaire de Bahreïn a été placé en détention pour une durée d’au moins douze jours en Thaïlande, a déclaré un responsable de l'immigration, alors qu'un groupe de défense des droits de l'homme avait critiqué la "lutte acharnée" par rapport à son sort.
Hakeem Alaraibi, ancien joueur de football de l'équipe nationale de Bahreïn, avait été interpelé suite à une notice rouge d'Interpol après son arrivée en Thaïlande depuis l'Australie le 27 novembre pour passer des vacances avec son épouse.
Agé de 25 ans, il avait obtenu le statut de réfugié en Australie en 2017 déclarant avoir été arrêté et battu au début des manifestations du printemps arabe dans ce pays du Golfe en 2012.
Condamné par contumace pour avoir vandalisé un commissariat, il clame son innocence en expliquant qu’au moment des faits qui lui sont reprochés il se trouvait hors du pays pour jouer un match.
Le chef de l'immigration thaïlandaise, Surachate Hakparn, a déclaré aux journalistes qu'Alaraibi avait été placé en détention préventive pendant 12 jours à compter du 3 décembre, afin de donner aux autorités le temps d'examiner les documents présentés par Bahreïn.
L'ambassadeur australien lui a fait savoir que Canberra tenait à rapatrier le footballeur, a précisé Surachate.
"S'il existe des preuves que le mandat d'arrêt n’est pas valable ... alors l'immigration le rapatriera en Australie", a-t-il ajouté.
L'ambassade de Bahreïn à Bangkok n'a pas immédiatement répondu à une demande de commentaire.
Hakeem Alaraibi a déclaré mardi à l'AFP lors d'une interview qu'il pensait que Bahreïn était "très en colère" contre lui pour les interviews qu'il avait données en 2016 aux médias concernant son traitement en détention.
"Je ne me sens pas bien parce que je ne sais pas ce qu’il se passe", a-t-il déclaré, ajoutant qu'il craignait d'être tué s'il était renvoyé à Bahreïn.
Le pays riche en pétrole, dirigé par la minorité sunnite, et qui abrite la cinquième flotte américaine, avait violemment réprimé les manifestations du Printemps arabe à majorité chiite.
Alaraibi estime qu'il a été pris pour cible parce qu'il est chiite et en raison de l'activisme politique de son frère.
Il s’était également opposé publiquement à la candidature à la présidence de la FIFA du Cheikh Salman Vin Ebrahim Al-Khalifa, membre de la monarchie au pouvoir à Bahreïn et président de la Confédération asiatique de football.
L'Institut bahreïni pour les Droits et la Démocratie (BIRD) a écrit mardi au président de la FIFA, Gianni Infantino, pour lui faire part de son inquiétude concernant le sort d'Alaraibi, lui demandant instamment de diffuser un communiqué officiel pour condamner cette arrestation et demandant sa libération.
Alaraibi joue pour le club semi-professionnel Pascoe Vale FC à Melbourne et était venu en Thaïlande pour des vacances avant de reprendre l'entraînement.
Le club de foot a tweeté un appel à solidarité pointant sur le site de collecte en ligne GoFundMe pour réunir des fonds pour couvrir les frais juridiques.
La Thaïlande ne reconnaît pas le statut de réfugié et a plusieurs fois fait l'objet de critiques internationales pour avoir renvoyé des réfugiés dans leur pays sans tenir compte du fait qu’ils risquaient d’y être persécutés.
Brad Adams, directeur Asie de l’ONG Human Rights Watch, a déclaré que la notice rouge d'Interpol aurait dû être levée en raison du statut de réfugié d'Alaraibi.
"Ce que nous voyons se dérouler est un bras de fer entre l'Australie et Bahreïn sponsorisé par la Thaïlande, dans lequel Bangkok oublie de manière un peu facile que Hakeem est un réfugié reconnu par Canberra", a déclaré Adams.
La Thaïlande n'a aucune raison de le renvoyer à Bahreïn "où il s'exposera à la torture et à l'emprisonnement pour avoir osé dire la vérité sur le pouvoir", a-t-il ajouté.