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La Thaïlande arrête un footballeur bahreïni réfugié en Australie

Suvarnabhumi-David-McKelveySuvarnabhumi-David-McKelvey
David-McKelvey
Écrit par Lepetitjournal.com Bangkok avec AFP
Publié le 30 novembre 2018, mis à jour le 26 août 2019

Un ancien footballeur de l'équipe nationale de football de Bahreïn, réfugié politique en Australie, a fait savoir jeudi qu'il craignait d'être renvoyé dans l'État du Golfe après avoir été placé en détention lors de son passage dans un aéroport de Bangkok.

Hakeem Alaraibi avait été arrêté en 2012 lors d’une campagne de répression menée par le gouvernement de Bahreïn sur des manifestations inspirées du Printemps arabe. Il avait ensuite été reconnu coupable par contumace pour avoir vandalisé un commissariat de police. Le sportif de 25 ans dit qu'il jouait au football au moment du délit présumé. Il a finalement obtenu le statut de réfugié en Australie en 2017, où il a joué pour le club semi-professionnel Pascoe Vale FC. 

Mais il a été placé en détention, mardi, alors qu'il débarquait pour des vacances en Thaïlande à l'aéroport Suvarnabhumi de Bangkok. Une porte-parole du ministère thaïlandais des Affaires étrangères a déclaré qu'Alaraibi avait été arrêté sur une notice rouge d'Interpol, une demande non contraignante de se conformer à des mandats d'arrêt nationaux. "Je suis nerveux. Je ne veux pas retourner à Bahreïn ... c'est très dangereux pour moi là-bas", a déclaré Alaraibi, détenteur d'un passeport australien, depuis sa cellule.

Bahreïn, un pays riche en pétrole dominé par les sunnites et qui abrite la cinquième flotte américaine, a réprimé les manifestations du Printemps arabe menées par la majorité chiite.

Alaraibi affirme avoir été battu lors de sa détention et pense avoir été visé parce qu'il est chiite et en raison du militantisme politique de son frère. Il s’était également opposé publiquement à la candidature à la présidence de la FIFA du Cheikh Salman Vin Ebrahim Al-Khalifa, membre de la monarchie au pouvoir à Bahreïn et président de la Confédération asiatique de football.

La Thaïlande n’est pas signataire de la Convention de Genève sur les réfugiés mais se trouve souvent au centre de différends géopolitiques à leur sujet. En 2015, le royaume avait été fortement critiqué pour avoir renvoyé plus de 100 Ouïghours en Chine, où cette minorité musulmane est persécutée.

Ces dernières semaines, des dizaines de chrétiens pakistanais ont été arrêtés dans le cadre d’une opération de répression contre les dépassements de visas.

La porte-parole du ministère thaïlandais des Affaires étrangères a déclaré que la Thaïlande "envisageait de procéder conformément à la loi thaïlandaise" dans l'affaire Alaraibi.

Sunai Phasuk, chercheur pour Human Rights Watch en Thaïlande, a déclaré à l'AFP qu’Alaraibi ne devrait "en aucun cas" être livré à Bahreïn.

"Hakeem est un réfugié accepté par l'Australie. La Thaïlande devrait donc le faire correctement en le renvoyant en Australie par le prochain vol", a-t-il déclaré, ajoutant qu'Alaraibi risquait une peine de 10 ans d'emprisonnement à Bahreïn.

Un porte-parole du ministère australien des Affaires étrangères et du Commerce a déclaré à l'AFP que les représentants de l'ambassade à Bangkok étaient "en contact direct avec les autorités thaïlandaises à ce sujet".
 

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