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Démission groupée de ministres thaïlandais liés à l’économie confirmée

Demission Ministre ThailandeDemission Ministre Thailande
REUTERS / Chalinee Thirasupa - Le ministre thaïlandais des Finances, Uttama Savanayana, à la sortie une conférence de presse au siège du Gouvernement à Bangkok, Thaïlande, le 16 juillet 2020.
Écrit par Lepetitjournal.com Bangkok avec Reuters
Publié le 17 juillet 2020, mis à jour le 21 juillet 2020

Le ministre thaïlandais des Finances, Uttama Savanayana, et d’autres ministres formant la tête de l’équipe économique du gouvernement ont confirmé leur démission jeudi. Un geste collectif qui ajoute beaucoup d’incertitude sur les perspectives déjà sombres de l’économie la moins performante d'Asie du Sud-Est.

Avec le ministre des Finances s’en va le vice-Premier ministre Somkid Jatusripitak, ainsi que le ministre de l'Énergie, Sontirat Sontijirawong, le ministre de l'Enseignement supérieur, des Sciences, de la Recherche et de l'Innovation, Suvit Maesincee, et le secrétaire général adjoint du Premier ministre en charge des affaires politiques, Kobsak Pootrakool.

Ce départ groupé, notamment celui d'Uttama Savanayana et Somkid Jatusripitak le "tzar de l’économie", architecte des politiques qui avaient fait le succès de Thaksin Shinawatra au début des années 2000, constitue un bouleversement majeur dans le gouvernement, et les investisseurs jeudi s’inquiétaient de savoir qui allait reprendre les rênes pour empêcher le royaume de s’enfoncer dans une crise profonde.

Il intervient alors que le gouvernement déploie des milliards de dollars de mesures de relance pour soutenir l'économie minée par la situation du Covid-19 qui affecte tout particulièrement le tourisme et l'activité intérieure.

"C'est le moment opportun pour démissionner", a déclaré Uttama Savanayana aux journalistes, ajoutant qu’il s’agissait de sa propre décision et qu'il n'avait subi "aucune pression" pour partir.

L'économie sacrifiée au nom du risque zéro

Le ministre des Finances, la semaine dernière, avait quitté le Palang Pracharat, parti au pouvoir du Premier ministre Prayuth Chan-O-Cha, suivi par deux autres ministres, après son remplacement à la tête du parti à la fin du mois dernier.

Il a dit avoir décidé de quitter son poste ministériel pour "atténuer d’éventuelles pressions politiques, en particulier sur le Premier ministre" et mettre fin à l’incertitude autour de rumeurs annonçant un remaniement ministériel imminent.

Toujours est-il que cette démission groupée arrive quelques jours après que les autorités ont resserré les conditions d’entrée sur le territoire pour certaines catégories d’étrangers -sur fond de panique autour de deux cas de Covid-19 importés ayant filtré-, retirant notamment des privilèges aux diplomates et certains voyageurs d’affaires et faisant ainsi marche arrière sur les assouplissements consentis quelques jours avant. 

Le gouvernement a par ailleurs prolongé l'état d'urgence au début du mois, arguant qu'il fallait se préparer à une éventuelle deuxième vague d’épidémie. Mais d’aucuns remettent en question le bien-fondé de cette nécessité et dénoncent au contraire les dégâts que produit sur les petites entreprises et les catégories sociales les plus fragiles le maintien du décret d’urgence et de certaines restrictions.

La Thaïlande a enregistré un peu plus de 3.200 cas d'infection au Covid-19 depuis janvier et 58 morts.

Cité par The Nation, Niwes Hemvachiravarakorn, économiste et investisseur thaïlandais estimait jeudi que la Thaïlande devrait surmonter les craintes d'une deuxième vague de Covid-19 et assouplir les restrictions imposées aux investisseurs et touristes étrangers pour renforcer l’économie, une économie ébranlée comme jamais, non pas par l’épidémie elle-même, mais avant tout par les mesures choisies pour la contenir.

Assurer la relève

Le président de l'Association des banquiers thaïlandais, Predee Daochai, est pressenti pour devenir le prochain ministre des Finances, selon les médias locaux.

Prayuth Chan-O-Cha a annoncé que le remaniement ministériel aurait lieu le mois prochain, après avoir évoqué un peu plus tôt le mois de septembre.

"Nous devons remanier le cabinet pour ne pas laisser de vide. Cela doit être fait le plus rapidement possible ... au plus tard le mois prochain", a déclaré Prayuth Chan-O-Cha aux journalistes.

Dans l'intervalle, c’est le vice-ministre des Finances, Santi Promphat, qui sera en charge des affaires courantes du ministère.

Selon les médias, Thosaporn Sirisumphand, secrétaire général de du Conseil national du développement économique et social, serait le favori pour remplacer le vice-Premier ministre Somkid Jatusripitak.

"L'une des problématiques les plus immédiates est de savoir si une nouvelle équipe économique les remplacera rapidement", estime Tim Leelahaphan, économiste à la Standard Chartered Bank.

Ce bouleversement au sein du gouvernement intervient alors qu'un processus est en cours pour sélectionner le nouveau gouverneur de la Banque de Thaïlande (BOT), qui va hériter de taux d'intérêt proches de zéro pour cent, d'une monnaie irrémédiablement forte et d’un endettement des ménages titanesque.

Selon la banque centrale, l'économie thaïlandaise devrait se contracter de 8,1% cette année.

Sethaput Suthiwart-Narueput, ancien économiste de la Banque mondiale et conseiller économique du Premier ministre, mène la course pour devenir nouveau gouverneur, selon les médias.

"Les marchés sont soucieux de savoir qui va reprendre les portefeuilles économiques, car le changement a également des implications sur le processus de sélection du gouverneur de la banque centrale", souligne Kobsidthi Silpachai, spécialiste des marchés financiers à la Kasikornbank.

Pour Charnon Boonnuch, économiste chez Nomura à Singapour, "une grande incertitude politique constitue un obstacle majeur à l'économie, car elle empêche les réformes à long terme et les investissements à de grande envergure".

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