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Coronavirus – Dr Lalande : “Rester serein et faire preuve de bon sens"

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courtoisie - Gérard Lalande médecin français basé à Bangkok, directeur de la société CEO Health
Écrit par Catherine Vanesse
Publié le 6 février 2020, mis à jour le 7 février 2020

Même si la Thaïlande compte un nombre infime de cas de coronavirus en comparaison avec le nombre total d’infections, beaucoup s'inquiètent. Lepetitjournal.com a donc consulté le Dr Lalande sur la question
  
Le nombre total de cas confirmés d’infection au coronavirus s’élève désormais à 25 personnes en Thaïlande, soit 0,12% du nombre total dans le monde. Malgré un virus qui continue de se répandre, il faut avant tout rester serein et faire preuve de bon sens selon le Dr Gérard Lalande, médecin français basé à Bangkok, directeur de la société CEO Health et auteur d’un livre sur les problèmes de santé spécifiques à l’Asie

Que pouvez-vous nous dire pour rassurer les gens en Thaïlande ?

Il est difficile de répondre à cette question. Si nous rassurons de façon excessive, nous sommes accusés de sous-estimer l’ampleur et la gravité de l’épidémie et si nous sommes dans le versant “alerte mondiale - danger” comme le font certains médias, nous sommes accusés de la surestimer, c’est délicat. 

Il ne faut pas oublier que la grippe saisonnière tue beaucoup plus, partout dans le monde. Cela dit, c’est vrai que le coronavirus a pris une tournure préoccupante puisqu’il y a maintenant des cas confirmés de contamination interhumaine pendant la période d’incubation, donc avant que le patient ne présente le moindre symptôme. 

Je pense qu’il faut rester serein et être certainement plus stricte quant à l’application des règles d’hygiène habituelle. Il faut se laver les mains régulièrement. En cas de rhume ou d’infection ou dès qu’on a le moindre symptôme respiratoire, il faut absolument protéger les autres en portant un masque. Si on n’a aucun souci, mais qu’on est un peu inquiet, on peut porter un masque chirurgical ou PM95. 

Les gens qui ont des soucis d’ordre respiratoire, des pathologies lourdes chroniques, les personnes âgées et les nourrissons jusqu’à trois ans doivent faire plus attention. Et donc éviter de se retrouver dans la foule où le risque de contamination infectieuse est plus élevé, et pas seulement à cause du coronavirus. 

Pour l’instant, les villes les plus touchées sont celles où il y a le plus d’afflux chinois : Chiang Mai et Bangkok. Il est probable que dans les prochaines semaines, nous ayons des cas dans les autres lieux touristiques. Mais il ne faut pas céder à la panique. Il faut être conscient qu’il y a un risque épidémique, c’est une pathologie qui est potentiellement dangereuse comme la grippe, mais à côté de ça, il y a plus de tués sur les routes. 

Si l’on regarde les épidémies au cours des trente dernières années, la plus grande épidémie est celle du sida qui n’a pas du tout le même contexte. En termes de risque épidémique, la grippe reste de loin la plus dangereuse.

Il y a une certaine confusion sur le port du masque, que pouvez-vous nous en dire ?

Ce qu’il faut surtout retenir c’est que si l'on est infecté, il faut porter le masque pour protéger les autres. Après pour se rassurer, même s’il reste encore controversé sur sa vraie valeur préventive pour une personne qui n’est pas infectée, on peut porter un masque tout en sachant que l’on n’est pas parfaitement protégé couvert. Ce n’est pas parce qu’on porte un masque que l’on peut être sûr de ne pas attraper le virus. 

Par contre, il faut savoir que le port du masque est lié à des règles très précises, il faut donc notamment le changer très souvent, en général il ne se porte qu’une seule journée. 

Quels sont les endroits les plus à risques selon vous ?

Il faut éviter les grandes manifestations publiques où il y a une forte promiscuité, où les gens sont les uns sur les autres. Ce n’est probablement pas le moment d’aller dans un concert par exemple. Actuellement, les centres commerciaux sont assez déserts. Tout comme pour la grippe saisonnière, les gens évitent naturellement certains lieux. 

Il faut aussi éviter les hôpitaux si ce n’est pas nécessaire. Les Thaïlandais vont très facilement à l’hôpital, c’est devenu parfois un lieu de vie avec des restaurants, des supermarchés, à la limite ce n’est pas désagréable d’aller à l’hôpital ici, mais ce sont quand même des lieux où circulent les plus mauvais agents pathogènes. Ainsi, si on a une intervention planifiée non urgente, il est souhaitable de la remettre à plus tard. Encore une fois, ce sont des règles de bon sens, il ne faut pas chercher à s’exposer quand ce n’est pas nécessaire. 

Les hôpitaux en Thaïlande sont-ils bien préparés selon vous ?

Le niveau de préparation des hôpitaux en Thaïlande pour ceux que j’ai contactés (BNH, Samitivej, Bangkok Hospital) me parait bon. Ils suivent tous les mêmes directives avec les recommandations du ministère de la santé publique (centre du contrôle des maladies), un protocole qui se calque sur les recommandations de l’OMS (Organisme mondial de la santé). 

Un cas est considéré comme suspect lorsqu’il revient de Chine ou qu’il a été en contact avec des gens porteurs du virus et qu’il a des problèmes respiratoires. Les signes les plus importants pour suspecter le virus sont la fièvre, la toux et des difficultés respiratoires. Ces trois symptômes sont les plus fréquents, mais il peut y avoir des personnes qui sont porteuses du coronavirus et qui vont avoir des symptômes de type gastro-intestinal (diarrhées, nausées) voire un syndrome viral banal avec des douleurs musculaires et fièvre sans pour autant tousser. 

Les médecins connaissent le cortège de symptômes et s’il y a un doute, ils déclenchent la procédure avec de tests qui sont analysés dans un le laboratoire habilité à l’hôpital Chulalongkorn où tout est centralisé, ce qui veut dire que tout est analysé de la même façon et que les cas sont comptabilisés au niveau national. 

Ensuite si la personne est porteuse du coronavirus, elle est immédiatement transférée au Rajavithi Hospital ou à l’institut des maladies infectieuses Bamrasnaradura à Nonthaburi qui est totalement équipé pour prendre en charge ce genre de patients. De plus tous les hôpitaux ont réactivé un certain de nombre de salles à pression négative, ce qui signifie qu’aucun agent pathogène ne peut s’échapper de ces salles.

Voir aussi le suivi au jour le jour des faits et chiffres sur l'épidemie de coronavirus sur le site Internet de Samitivej Hospital

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