Le ministre délégué au Commerce extérieur, Olivier Becht, a conclu vendredi soir à la Résidence de France une visite officielle en Thaïlande assez bien remplie par un message à la communauté française.
Le ministre délégué auprès de la Ministre de l'Europe et des Affaires étrangères, chargé du Commerce extérieur, de l'Attractivité et des Français de l'étranger, Olivier Becht, a conclu vendredi soir à la Résidence de France une visite officielle en Thaïlande bien remplie de deux jours, par un message de mobilisation à la communauté française.
La visite du ministre français en Thaïlande, jeudi et vendredi, était consacrée pour l’essentiel aux volets Commerce extérieur et Attractivité de la France, mais pas seulement.
"Ma première mission consistait à assurer avec le gouvernement thaïlandais et les différents ministres que j’ai rencontrés la mise en œuvre, la mise en route des engagements qui ont été pris lors de la venue du président de la République" a confié le ministre Olivier Becht à Lepetitjournal.com en marge de la réception donnée dans les salons de la Résidence de France.
Valoriser une situation économique de la France "assez favorable malgré la crise"
Olivier Bech a en effet rencontré le ministre thaïlandais des Transports, Saksayam Chidchob, le vice-ministre du Commerce, Sinit Lertkrai, ainsi que le vice Premier-ministre et ministre de l'Energie, Supattanapong Punmeechaow.
Un autre aspect de la visite du ministre délégué consistait à "mettre en valeur les réalisations françaises ainsi que les coopérations et partenariats existants".
Cela s’est notamment traduit par une visite du centre de commande satellite THEOS-2 développé par l'Agence spatiale thaïlandaise GITSDA en partenariat avec Airbus, l’inauguration du Centre de maintenance (MRO) pour train d'atterrissage d'avions du groupe Revima, et aussi la signature d’un accord de joint-venture entre la start-up française Afyren et le sucrier thaïlandais Mitr Phol.
Olivier Becht, qui était accompagné d’une délégation d’entreprises emmenée par le vice-président du MEDEF, Francois Corbin, a également participé à des rencontres et des discussions avec la communauté d’affaires française de Thaïlande et aussi les représentants de grands groupes thaïlandais tels que le pétrolier PTT ou encore le géant de l’agro-alimentaire Charoen Pokphand (CP).
"J’ai mis en avant le momentum France que nous sommes en train de vivre, avec une situation économique assez favorable malgré la crise", a-t-il confié à lepetitjournal.com.
"Nous avons quand même l’un des taux de croissance les plus élevés de l’Union européenne, l’un des taux d’inflation les plus bas de l’UE, nous avons fait des réformes sur le plan fiscal, sur le plan du marché du travail, de la simplification administrative", a poursuivi le ministre délégué.
"La France est aujourd’hui un pays attractif, c’est la première terre d’investissements étrangers en Europe depuis maintenant trois ans et j’ai bon espoir que ça le reste".
"Même si vous êtes loin, vous restez extrêmement présents dans notre cœur"
Le ministre a aussi pris part, jeudi, à la soirée de lancement de l’Année de l’innovation France-Thaïlande qui se tenait jeudi soir au parc Benjakitti. Un événement bien entendu relayé par lepetitjournal.com mais passé relativement inaperçu dans les médias thaïlandais malgré la présence de plusieurs personnalités thaïlandaises et françaises et un final spectaculaire avec un ballet de drones dans le ciel de Bangkok.
Le séjour en Thaïlande d'Olivier Becht s’est achevé vendredi soir par une réception dans les salons de la Résidence de France devant une soixantaine de représentants de la communauté française parmi lesquels de nombreux hommes et femmes d’affaires, mais aussi des directeurs d’écoles, consuls honoraires ainsi que les quatre conseillers des Français de l’Etranger pour la Thaïlande avec lesquels le ministre s’est entretenu.
En sa qualité de ministre délégué chargé (aussi) des Français de l’Etranger, Olivier Becht, a d’emblée tenu à souligner dans son discours que "même si vous êtes loin de la métropole, parfois même à l’autre bout du monde, vous restez néanmoins extrêmement présents dans notre cœur", évoquant une feuille de route destinée à concrétiser les paroles en actes et déclinée en trois axes : proximité, solidarité, influence.
Dématérialisation des services, écoles françaises et solidarité
Sur le volet proximité, qui se traduit par les services publics rendus aux expatriés, le ministre a rappelé que France Consulaire, un service d’appel pour toute demande administrative mis en place l’an dernier sur les pays de l’Union Européenne, serait disponible pour le reste du monde d’ici 2024-2025.
Il a également souligné que, pour la première fois depuis 1993, le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères voyait ses effectifs augmenter, ce qui devrait permettre d’avoir davantage d’agents à la disposition du public – en fonction du nombre de résidents inscrits au registre consulaire, ndlr.
Le ministre a enfin assuré que la dématérialisation de certains services se poursuivait avec de nouveaux investissements mis sur les procédures de renouvellement de passeport, afin d’éviter aux Français résidant loin du consulat d’avoir à effectuer de longs trajets pour déposer leur demande et récupérer leur document de voyage.
Sur l’aspect solidarité, Olivier Becht a notamment dit souhaiter augmenter les budgets consacrés aux aides sociales accessibles via les CCPAS, rappelant au passage que la France est l’un des rares pays à offrir une assistance sociale à ses ressortissants à l’étranger.
En ce qui concerne l’influence, il a rappelé que l’objectif fixé par le président Emmanuel Macron de doubler les effectifs dans les établissements scolaires français à l’étranger faisait d’ores et déjà l’objet d’un grand chantier en cours mené en collaboration avec l’Agence pour l’Enseignement Français à l’Etranger (AEFE).
L’influence devant aussi se traduire sur le plan économique, le ministre a déclaré qu’il souhaitait pousser davantage les PME françaises à aller à l’international, soulignant qu’aujourd’hui il y a difficilement de l’avenir pour celles qui rechignent à aller à l’international, ne serait-ce que pour exporter.
Et, selon lui, la Thaïlande, qu’il décrit déjà comme un "marché d’opportunités, un pays qui avance vite avec une vision de l’avenir", devrait bénéficier des effets de la stratégie de "derisking" de la France vis-à-vis de la Chine. Une stratégie qui consiste à ne pas mettre ses œufs dans le même panier en s’établissant en parallèle dans d’autres pays afin d’éviter de se trouver dépendant d’un seul pays en des temps où la géopolitique peut changer très vite comme nous l’avons vu lors de la crise du Covid et de la guerre en Ukraine.
"Ceux qui survivront seront ceux qui savent s'adapter le plus rapidement"
Olivier Becht a tenu sur la seconde moitié de son discours adressé aux Français de Thaïlande à attirer l’attention sur les risques nouveaux auxquels il est important de se préparer à un moment de notre histoire où "un certain nombre de choses nous dépassent" dans un contexte de grands changements, de bouleversement des rapports de force géopolitiques, mais aussi technologiques, avec l’apparition de l’Intelligence artificielle, de plus en plus présente, et qui ouvre des perspectives toutes nouvelles dont nous avons encore du mal à mesurer l’étendue.
"Nous sommes aujourd’hui dans un monde troublé, compliqué", a déclaré le ministre, prenant un ton plus grave.
"Nous sommes dans une succession de crises. Je considère d’ailleurs à titre personnel que ces crises ne sont pas une parenthèse qui va se refermer pour retrouver la situation précédente. Ces crises sont devenues une nouvelle donne. Une nouvelle donne dans laquelle il faudra s’adapter le plus rapidement possible", a-t-il dit, évoquant la théorie de l’évolution de Darwin selon laquelle les espèces qui survivent aux grandes mutations ne sont pas forcément les plus grandes mais avant tout celles qui savent s’adapter rapidement.
"Il faut s’adapter parce que la compétition dans laquelle nous sommes n’est pas seulement une compétition économique, ce n’est pas seulement une compétition géopolitique, c’est une compétition de valeurs", a déclaré le ministre délégué, soulignant le fait que, si de tous temps nous avons connu des états ne partageant pas nos valeurs, la nouveauté aujourd’hui est que ces pays font la promotion de leur système.