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Eric Miné: "Les conseillers n’ont pas le moindre pouvoir d’arbitrage"

Eric Miné et ses colistiers de la liste Rassemblement National Thaïlande-BirmanieEric Miné et ses colistiers de la liste Rassemblement National Thaïlande-Birmanie
Eric Miné (au centre) et ses colistiers de la liste Rassemblement National Thaïlande-Birmanie
Écrit par Pierre QUEFFELEC
Publié le 25 mai 2021, mis à jour le 26 mai 2021

Eric Miné est tête de liste du Rassemblement National Thaïlande-Birmanie pour les élections consulaires. Il revient sur sa vision, sa liste et son programme.

Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

Je suis conseiller sortant et je me présente comme deux de mes collègues en cette qualité à ces élections où nous sommes tous trois candidats têtes de liste. Je suis en revanche le seul à être issu du scrutin de 2014 et à pouvoir espérer être réélu puisque, du conseil consulaire sorti des urnes, seule sa vice-présidente, Madame Marie-Laure Peytel, concourt encore, mais en position inéligible, Messieurs Chevrier et Bauchet ayant remplacé les premiers élus de leurs listes respectives.

Français d’Asie – j’y réside en alternance ou en permanence depuis une trentaine d’années –, je considère que pour se projeter dans le monde, il faut d’abord savoir d’où l’on vient, qui l’on est et s’aimer tel que l’on est. Nous ne sommes pas de la «matière humaine» interchangeable et c’est seulement sur l’assurance de nos origines que l’on peut selon moi prétendre vivre dans la concorde avec les autres, en particulier quand ceux-ci sont les ressortissants de nos pays d’accueil. Ce principe fonde mon engagement politique auprès de mes compatriotes en Thaïlande et, plus généralement, ma vision en faveur de tous ceux d’entre nous qui sommes établis loin du sol français.

Quel est selon vous le plus grand défi auquel font face les Français de Thaïlande pour les mois ou années à venir ?

Le plus grand défi auquel font face les Français de Thaïlande aujourd’hui et pour les mois ou les années à venir est assurément la crise sanitaire et ses conséquences. Ils ne sont pas les seuls à devoir le relever, la plupart de nos compatriotes résidant à l’étranger sont concernés dans les mêmes termes. Avec les mesures prises par les différents gouvernements pour tenter de contenir la pandémie, beaucoup en effet sont maintenant limités dans leurs déplacements quand ils ne se trouvent pas depuis de longs mois dans l’impossibilité de voyager, de revoir leurs familles, leurs amis, tellement les barrières mises dans certaines régions du monde pour entraver leurs mouvements sont difficilement franchissables.

Notre quotidien à tous, en Thaïlande, n’est pas anodin non plus puisqu’il se traduit par une crise économique sans précédent pour le royaume, privé de la manne financière du tourisme international et des activités qui en dépendaient.

Si cette pénible situation touche en priorité nos hôtes thaïlandais, elle affecte aussi les résidents français, ceux qui travaillent dans les secteurs touchés étant les plus impactés. Et l’ambiance générale est à la peine quand chacun peut voir les files pour les distributions alimentaires s’allonger dans le pays, faisant toujours craindre qu’une crise politique ne vienne assombrir encore davantage l’horizon.

L’espoir est là, bien sûr, qui réside dans la vaccination programmée et les expériences dites de «sandbox» que compte mener la Thaïlande dans la perspective de la réouverture du pays, en commençant par des zones touristiques bien déterminées où la population serait majoritairement vaccinée. Phuket s’y prépare et l’on devrait vite savoir si le modèle fonctionne. Mais l’expérience précédente des Seychelles, qui utilise les mêmes vaccins que la Thaïlande et qui a dû précipitamment refermer son territoire à la suite d’une recrudescence imprévue de Covid, n’est pas précisément propre à rassurer.

Si l’optimisme est la meilleure des thérapies, on ne peut exclure que ce virus ne perturbe encore quelque temps nos existences, même si ce défi-là, j’aimerais autant, comme nous, tous que nous nous en passions.

En quoi les conseillers des Français de l’étranger peuvent-ils agir selon vous pour relever ce défi ?

Les mesures prises pour contrer le Covid n’entrent pas dans le registre de leurs compétences.

Même si certains dans cette campagne ont pu laisser croire que les conseillers qui seront élus dimanche pourraient avoir une quelconque influence sur l’évolution du climat ou quelque autre cause globale ou humanitariste relevant du même ordre dans leur communication, il est bien clair qu’ils ne pourront agir d’aucune sorte sur la pandémie.

Quelle est à vos yeux la mission première du conseiller des Français de l’étranger, ce pourquoi les électeurs doivent voter ?

La question est ambiguë dans sa formulation car elle semble associer d’évidence les missions du mandat aux raisons du vote.

J’ai eu l’occasion de le dire dans cette campagne, présenter les conseillers des Français de l’étranger comme des «élus de proximité» tout en leur accordant, comme beaucoup le font, un pouvoir qu’ils n’ont pas dans ce cadre, procède au mieux d’une méconnaissance des institutions, au pire d’une volonté d’abuser l’électeur.

Dans aucune des missions en effet dites «de proximité» qui leur ont été réservées par la loi – questions sociales, attribution des bourses scolaires et subventions aux associations – les conseillers qui seront élus ce dimanche n’auront dans les faits le moindre pouvoir d’arbitrage. Sur tous les dossiers qui leur seront soumis, l’administration aura seule les capacités d’organisation, de contrôle et, au final, de décision.

Sur tous ces sujets, les élus qui sortiront de ce scrutin auront à peu près autant de prise qu’un conseiller municipal d’opposition en aurait en France sur les décisions du maire : il ne ferait même pas reboucher un nid de poule.

L’autre mission du mandat est plus politique et de davantage de poids puisque ces conseillers forment l’essentiel du collège électoral du sénat.

Mais la vraie raison qui, à mes yeux, doit inciter les électeurs à voter ce dimanche 30 mai pour l’élection des conseillers des Français de l’étranger ne porte pas sur les missions qui leur seront ou non dévolues.

Avec les élections départementales et régionales qui se dérouleront en France les 20 et 27 juin, ce scrutin sera le premier à s’inscrire dans le grand mouvement électoral qui se dessine en faveur de la candidature de Marine Le Pen à la présidentielle de 2022, adossé à une droite reconstruite sous l’égide de notre ancien député des Français de l’étranger et soutien de notre liste, Thierry Mariani.

Cette espérance du renouveau, notre liste «Rassemblement National Thaïlande-Birmanie» l’incarne dans la circonscription.

En quoi selon vous la sensibilité politique peut-elle peser dans la façon dont les conseillers représentent les intérêts des Français de l’étranger ?

De tradition, les conseillers représentant les intérêts des Français de l’étranger ont toujours affiché leur sensibilité politique puisque, dès avant la réforme de 2013 instituant leur élection au suffrage universel direct, ils siégeaient à l’AFE (Assemblée des Français de l’Etranger) à Paris et étaient issus pour l’essentiel des deux grandes associations, l’UFE, la plus ancienne, classée à droite, et l’ADFE-Français du Monde, créée peu avant l’élection présidentielle de 1981 pour soutenir la candidature de François Mitterrand et clairement positionnée à gauche.

Aujourd’hui, qu’ils fassent partie des 90 membres de l’AFE ou qu’ils soient simples «élus de circonscription», les conseillers des Français de l’étranger sont tous grands électeurs au sénat et y ont bien sûr à ce titre des correspondants privilégiés parmi les 12 sénateurs des Français établis hors de France.

D’autre part, les Français de l’étranger sont aussi représentés par 11 députés, la plupart affichant aujourd’hui les couleurs du parti au pouvoir.

Si chaque conseiller peut ainsi relayer les préoccupations «du terrain» auprès des parlementaires dont il est proche, les décisions qui seront prises relèveront en fin de course des équilibres politiques entre parlementaires.

Vous vous représentez après un premier mandat, en quoi pensez-vous avoir rempli votre rôle de conseiller des Français de l’étranger dans son ensemble ?

Élu du Rassemblement National, j’ai représenté partout quand l’occasion m’en a été donnée les idées sur lesquelles j’ai été élu.

Au prétexte que les Français de l’étranger ne vivent pas sur le sol national, et qu’ainsi ils ne contribueraient pas à la richesse commune, ils sont trop souvent considérés comme des citoyens de seconde zone. La présence dans les réunions officielles d’un élu qui prône l’égalité de traitement par l’administration de tous nos concitoyens, où qu’ils soient établis, offre une voix à ceux qui furent longtemps les oubliés du système.

Quels ont été vos principaux accomplissements durant votre mandat ?

Comme il a été dit précédemment, hormis quelques interventions, essentiellement de courtoisie, facilitant la mise en relation d’un compatriote avec les services consulaires, l’étude de l’attribution des aides sociales et bourses scolaires pour lesquelles nous pouvons proposer quelques modifications à la marge, celle des subventions avec le succès que l’on sait comme l’illustrent en Thaïlande les récents rejets par le ministère de demandes de subventions en dépit d’un soutien unanime du conseil consulaire, ou encore la participation à des déclarations d’intention sans réelle portée, les accomplissements dont chacun des conseillers sortants peuvent s’enorgueillir ne peuvent être que modestes.

J’avais pu, pour ma part et au début de mon mandat, accompagner le sénateur Del Picchia, de la droite indépendante, dans le processus d’attribution d’une subvention qu’il avait accordée à l’époque en Birmanie en faveur du lycée Joseph Kessel de Rangoun. Mais c’était le temps de la réserve parlementaire, quand les élus pouvaient encore décider des associations qui bénéficieraient de leur soutien. Désormais, au prétexte facile de la transparence, l’administration a récupéré pour elle cette prérogative, amoindrissant encore de fait le très petit pouvoir des conseillers dans leur «remontée du terrain».

Quelles ont été vos principales actions vis-à-vis de la communauté française de Thaïlande durant cette crise du Covid-19 ?

La communauté française de Thaïlande a été pour l’essentiel aidée par les associations qui œuvrent auprès d’elles. Le conseil consulaire dans son ensemble a soutenu leur action.

Pouvez-vous nous donner les grands axes de votre programme ?

Il n’est pas du rôle d’un candidat à ces élections de développer un programme qui ressortirait, s’il devait être présenté, du plus haut niveau de pouvoir politique.

Tout juste puis-je rappeler des principes que nous défendons comme l’attachement au service public pour nos compatriotes de l’étranger ainsi que les vigilances que nous devrons avoir sur certains sujets comme la fiscalité, évoqué plus haut, pour lesquels le parti présidentiel LREM regarde les Français de l’étranger comme le loup lorgne l’agneau.

D’autres thèmes concernent parfois directement le quotidien des Français de Thaïlande, comme les rapports avec la CNAV ou la CFE, ou encore, on l’a vu, l’attribution des subventions à nos associations mériteront toute notre attention.

Comment avez-vous constitué votre liste, en quoi est-elle pertinente au regard de votre vision ?

La candidature sous les couleurs du Rassemblement National n’est jamais anodine. Elle exige souvent force et courage de ceux qui s’exposent dans une élection au service de leurs convictions.

Ces qualités ont guidé mon choix.

Avez-vous un message à faire passer aux Français de votre circonscription ?

Chacun d’entre nous établi en dehors des frontières de la France porte en son cœur un petit morceau de la patrie et participe ainsi de par sa seule présence à ses intérêts et à son rayonnement international.

N’ayez donc pas honte d’afficher fièrement votre qualité de Français du bout du monde.

En glissant dimanche un bulletin «Rassemblement National Thaïlande-Birmanie» dans l’urne, vous signifierez votre opposition au pouvoir LREM en place et voterez en primeur pour le renouveau de votre pays.

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