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Adrien Astagneau: "Représenter une communauté urbaine et active"

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Adrien Astagneau (droite) et Mathilde Mirouze, de la liste Avenir et Climat
Écrit par Pierre QUEFFELEC
Publié le 24 mai 2021, mis à jour le 26 mai 2021

Adrien Astagneau est tête de liste d’Avenir et Climat dans la circonscription Thaïlande-Birmanie pour les élections consulaires. Il revient sur sa vision, sa liste et son programme.

Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

Je voudrais d’abord féliciter lepetitjournal.com pour cette initiative qui vise à présenter à la communauté française de Thaïlande et Birmanie et les 5 listes en présence dans le cadre des élections consulaires.

Notre liste s’appelle Avenir et Climat. Elle représente un collectif de citoyens français, éco-solidaires, engagés, conscients de l’urgence climatique et sociale, des citoyens riches de leur savoir-faire et prêts à le faire savoir.

Je m’appelle Adrien Astagneau, j’ai 27 ans et j’habite à Bangkok depuis 2015. Passionné par la gastronomie française, je suis General Manager pour un groupe de restauration et je dirige une équipe de 40 personnes.

Quel est selon vous le plus grand défi auquel font face les Français de Thaïlande pour les mois ou années à venir ?

Les Français de Thaïlande sont confrontés aux mêmes défis que leurs hôtes voire les autres résidents étrangers du royaume : Aux défis climatiques, qui se traduisent entre autres par des pics de pollution très élevés, est venu s’ajouter avec cette pandémie, un défi sanitaire qui bouleverse jusqu’à notre mode de vie, notre vivre ensemble au sein même de la famille. 

Et évidemment ces défis ont des conséquences économiques et financières dont certains subissent déjà les effets. Ces urgences nous empêchent de voir un autre défi touchant les Français de Thaïlande : la fragmentation de la communauté française.

On retrouve ici aussi les phénomènes sociaux qui font la France d’aujourd‘hui : l’archipel français de Jérôme Fourquet, la France périphérique de Christophe Guilluy et l’homogénéisation au sein des différents groupes sociaux décrits par Emmanuel Todd.

En ce sens, les Français de Thaïlande ne sont pas différents de leurs compatriotes restés en métropole. 

En quoi les conseillers des Français de l'étranger peuvent-il agir selon vous pour relever ce défi ?

C’est là le rôle principal du conseiller consulaire : révéler l’invisible. 

Le consulat ne connaît que les Français qui s’adressent à eux. En ce sens, il a une image tronquée de la communauté française. Il croit la connaître mais ne la connaît pas en fait. D’abord parce que la majorité des Français ne sont pas enregistrés au Consulat. 

Ensuite, la majorité des enfants français ne sont pas scolarisés au sein des écoles françaises homologuées par l’AEFE. 

Aussi, le consulat est organisé pour s’occuper des 14.000 français enregistrés mais n’a pas suffisamment de personnel pour s’occuper des 40.000 français établis en Thaïlande, selon l’estimation la plus souvent donnée. 

Élu, et donc légitime, le conseiller consulaire est souvent sollicité par ces Français qui ne s’adressent jamais au consulat. Le conseiller consulaire peut donc révéler au consulat une autre image des Français de Thaïlande, une image plus proche de leur réalité.

Quelle est à vos yeux la mission première du conseiller des Français de l'étranger, ce pourquoi les électeurs doivent voter ?

Sans conseiller consulaire, c’est un logiciel qui répartit les bourses scolaires, les aides sociales ou les subventions aux associations. Dans une république idéale, il devrait y avoir plus de conseillers consulaires, plus d’élus attachés à chaque administration, plus d’élus qui contrôlent et influent sur la manière dont est redistribuée la richesse publique, la res publica, la république.

La richesse privée, fruit de votre labeur, vous appartient en propre. C’est à vous seul, et à votre famille, de décider de sa répartition. 

La richesse publique, fruit de vos impôts, nous appartient à tous. Il est donc essentiel dans une démocratie d’en contrôler sa répartition.

Le conseiller consulaire est le garant démocratique de l’administration consulaire. Il permet de corriger les mauvaises appréciations émanant du logiciel qui attribue les aides sociales.

Le rôle du conseiller consulaire est de s’assurer que ces aides bénéficient surtout à celles et ceux qui en ont le plus besoin.

En quoi selon vous la sensibilité politique peut-elle peser dans la façon dont les conseillers représentent les intérêts des Français de l’étranger ?

Oui, vous avez raison, tout conseiller consulaire a une sensibilité politique. Certains l’avouent d’emblée, d’autres sont plus cachotiers. 

Lors des conseils consulaires, ces différences politiques interviennent peu, voire pas du tout. Confrontés à la réalité de la vie de nos compatriotes parmi les plus défavorisés, les conseillers consulaires sont généralement toujours d’accord, quelle que soit leur couleur politique. Cependant, le législateur a attribué deux autres rôles au Conseiller Consulaire : Le conseiller consulaire est grand électeur de sénateur, voire parrain de candidat à l’élection présidentielle. A ce moment, la sensibilité politique du conseiller consulaire révèle toute son importance. Il est pertinent de s’en rappeler avant de voter.

Il est encore temps de demander à chacun des candidats à quel parti politique appartient le sénateur pour lequel il s’apprête à voter en septembre prochain et à quel parti politique appartient le candidat à la présidentielle qu’il entend parrainer l’année prochaine.

Vous vous présentez pour la première fois, en quoi pensez-vous être qualifié pour remplir le rôle de conseiller des Français de l’étranger dans son ensemble ?

Michel Testard nous a quittés récemment. Je voudrais lui rendre hommage ici. Il a longtemps été le seul conseiller consulaire (il était conseiller de l’Assemblée des Français de l’Etranger, ndlr) de Thaïlande, à l’époque où il n’y en avait que 3 pour toute l’Asie du Sud-Est. Dans un rapport remis au sénat, il présentait la communauté française de Thaïlande ainsi : 8.000 inscrits dont 5.000 ont plus de 60 ans.

Aujourd’hui, la communauté française a radicalement changé. L’âge médian des Français de Thaïlande est de 54 ans : il y a autant de Français de plus de 54 ans que de français de moins de 54 ans établis en Thaïlande. La majorité sont des actifs résidant à Bangkok.

Aujourd’hui, nos 4 conseillers consulaires sont des retraités qui résident en province. L’objectif de la liste AVENIR ET CLIMAT est d’assurer au Consulat une juste représentation plus proche de la réalité des Français de Thaïlande : une communauté urbaine et active. 

Que pensez-vous pouvoir apporter à l’action des conseillers telle que vous avez pu l’observer ces dernières années ?

Notre liste est constituée de jeunes actifs basés à Bangkok et Yangon. 

L’idée est d’apporter une nouvelle dimension à l’action des conseillers consulaires. En plus du soutien de nos compatriotes en matière de bourses scolaires, nous aimerions par exemple réfléchir à un plan école qui assurerait un enseignement français quel que soit l’endroit où vous résidez en Thaïlande et Birmanie. Il s’agit de susciter la création de nouvelles écoles françaises, notamment en Issan ou dans le nord du pays, ou au moins un accord de partenariat avec des établissements locaux par le biais du programme FLAM ou du label éducation du ministère français de l’éducation.

Nous aimerions remettre au goût du jour des conseils consulaires qui avaient été supprimés, faute de budget : ceux qui réfléchissent à la formation professionnelle et à l’emploi des Français établis en Thaïlande et Birmanie. Il existe des solutions mais elles ne sont pas connues.

Quelles ont été vos principales actions vis-à-vis de la communauté française de Thaïlande durant cette crise du Covid-19 ?

Le Collectif Avenir et Climat agit au-delà des élections consulaires. L’idée est de susciter l’intelligence collective pour mieux comprendre, débattre et agir.

Dans le cadre de la COVID-19, nous avons organisé une agora, un forum citoyen pour d’abord essayer de comprendre ce dont il s’agissait. Nous avons invité un grand professeur de l’hôpital La Pitié Salpêtrière de Paris à faire un bilan un an après sur cette maladie : son origine, comment elle s’inscrivait dans la longue histoire des pandémies, le mécanisme de sa contagiosité et de sa létalité aussi.

A cause des restrictions dues à cette pandémie, nous avons dû limiter les réunions publiques. Nous les avons remplacées par des webinaires ZOOM. Le dernier portait sur l’accompagnement de l’enfance plurilingue. Victoria Aubry, une jeune dirigeante d’entreprise à Bangkok, est membre de notre liste Avenir et Climat. Elle réfléchit en ce moment à un webinaire sur l’entreprenariat féminin en Thaïlande.

Pouvez-vous nous donner les grands axes de votre programme ?

Vous pouvez retrouver une grande partie de nos propositions sur le site https://www.aveniretclimat.com.

Nous considérons qu’aujourd’hui il y a urgence et que cette urgence est climatique et sociale. Notamment en matière de pollution, la situation nous incite à agir au plus vite, en matière de transport scolaire ou de purification de l’air dans les salles de classe par exemple.

Au niveau local, les 4 grands axes de notre programme portent sur :
-    l'Éducation : Un plan École et aussi comment accompagner les enfants scolarisés en dehors des écoles françaises 
-    La Santé : Réfléchir sur la pertinence de la CFE, s’assurer que chaque français établi en Thaïlande et Birmanie ait une couverture médicale. 
-    La Sécurité : Repenser l’organisation des îlotiers avec le Consulat, notamment en termes de formation de ces îlotiers 
-    l’Entreprise : Reconnaître les heures travaillées à l’étranger, ou encore accompagner les Français dans la recherche ou la perte d’un emploi.

Comment avez-vous constitué votre liste, en quoi est-elle pertinente au regard de votre vision ?

Nous étions déjà un groupe de jeunes français actifs. 

Nous aimions nous rencontrer tous les mercredis pour discuter de différents sujets. C’est à la fois très agréable et passionnant d’échanger, même quand les avis pouvaient être radicalement opposés. Plutôt que nos différences, l’idée était de rechercher le consensus. C’est d’ailleurs le seul moyen d’être efficace. 

Et puis, nous nous sommes dit que nous devions aller plus loin, que la réflexion n’a de sens que dans l’action. Les élections consulaires nous ont donné l’occasion de mettre en pratique cette réflexion. Nous avons demandé au sein de notre collectif mais aussi autour de nous celles et ceux qui seraient intéressées à constituer une liste. Et nous avons été surpris par l’engouement autour de cette idée. Beaucoup ne soupçonnaient même pas l’existence des conseillers consulaires. 

C’est là que nous nous sommes aperçus qu’une grande partie des Français n’étaient pas représentés au Consulat.

Avez-vous un message à faire passer aux Français de votre circonscription ?

Vous êtes une source d’information. Quelle que soit votre situation, vos connaissances, fruit de votre expérience, sont une richesse incommensurable. 

Il est dommage de ne pas les partager. Un Français établi hors de France est un Français qui, un jour, a pris en main son destin, décidé de sortir de sa zone de confort en France et qui s’est lancé dans une nouvelle aventure à la fois économique et culturelle. 

C’est un atout majeur pour notre pays. Établis en Thaïlande et Birmanie, vous avez une vision du monde et une vision de la France dans ce monde.

Oui, le monde a changé et il est toujours en train de changer. Nous le voyons tous les jours. Dès lors, nous ne pouvons pas utiliser les hommes et les idées du passé pour construire le monde de demain. 

Seuls, nous ne pourrons pas changer le monde. 

Avec vous, nous pouvons changer notre environnement immédiat.

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