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Comment se passe le retour des Thaïlandais bloqués à l’étranger?

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REUTERS/Johannes P. Christo
Écrit par Catherine Vanesse
Publié le 7 septembre 2020, mis à jour le 7 septembre 2020

Alors que la Thaïlande reste quasiment fermée aux étrangers, un peu plus de 70.000 Thaïlandais et expatriés ont pu rentrer au pays. Avec pour certains des démarches plus compliquées que pour d’autres.

Avec la fermeture de l’espace aérien thaïlandais aux vols commerciaux depuis le 3 avril, de nombreux Thaïlandais et d’expatriés se sont retrouvés dans l’impossibilité de revenir dans le royaume à temps. Depuis, le gouvernement thaïlandais a organisé plusieurs vols de rapatriements. 

Dans les premiers mois, le retour des Thaïlandais était limité à 200 personnes par jour en raison des capacités limitées dans des hôtels désignés par le gouvernement pour pouvoir effectuer la période de quarantaine. Ce n’est que depuis le mois de juillet que les quotas ont été revus à la hausse pour atteindre 600 Thaïlandais par jour. 

Selon le ministère des Affaires étrangères, à la mi-août, 69.764 Thaïlandais en provenance de 97 pays ont déjà pu rejoindre la Thaïlande et 5.700 certificats d’entrée (COE - Certificate of Entry) ont été délivrés à des étrangers faisant partie des catégories de personnes autorisées à rentrer dans le royaume. 

À la question de savoir combien de ses ressortissants attendent toujours un vol pour rentrer en Thaïlande, le ministère des Affaires étrangères invite à contacter chaque ambassade dans le monde. “Nous n’avons pas les informations sur le nombre total de nos ressortissants qui attendent un vol de rapatriement, ce sont les ambassades qui ont ces chiffres”, explique un employé du service consulaire du ministère des Affaires étrangères en Thaïlande. 

“À la fin du mois, 320 Thaïlandais sont rentrés en Thaïlande depuis la France, nous avons encore entre 700 et 800 ressortissants inscrits sur la liste d’attente", expliquait par email à Lepetitjournal.com en fin de semaine dernière Tachasit Prasittirat, conseiller à l’ambassade royale de Thaïlande à Paris, dont le consulat couvre la France, Monaco et l’Algérie. "Environ 200 d’entre eux devraient obtenir une place sur un vol de rapatriement en septembre”, a-t-il précisé. 

Tout comme les étrangers, les Thaïlandais souhaitant se rendre dans le royaume depuis avril doivent contacter l’ambassade de Thaïlande dont ils dépendent et s’inscrire sur une liste d’attente pour obtenir une place sur un vol de rapatriement. Tachasit Prasittirat estime que pour les Thaïlandais effectuant leur demande auprès de l’ambassade royale de Thaïlande à Paris, il faut compter un mois environ. Une durée similaire à d’autres pays. 

Purin Phanichphant, un artiste originaire de Chiang Mai et vivant à San Francisco, avait contacté son ambassade au début du mois de juillet. “Je suis monté dans l’avion le 27 juillet. Le principal problème est que j’ai dû attendre près d’un mois pour avoir un vol depuis San Francisco, la plupart partant de Los Angeles. Et donc quand j’ai eu la confirmation de l’ambassade qu’il y aurait un vol au départ de San Francisco, j’ai tout de suite accepté de le prendre”, confie Purin qui est revenu sur la pression de sa famille plus que pour des problèmes de visas, le jeune homme possède en effet un passeport américain et un passeport thaïlandais. 

Pour Patchayaporn Bunyaluk, originaire de Lampang, l’attente à encore été plus courte. “Je reviens de Sydney en Australie, 70% des vols de rapatriements partent de là", affirme-t-elle. "Entre le moment où j’ai fait la demande et celui où j’ai eu mon vol, cela n’a pris qu’une semaine. Je sais que pour ceux qui vivent dans d’autres villes c’est plus compliqué d’autant plus qu’au moment de la deuxième vague, il n’était plus possible de voyager entre les états en Australie” explique Patchayaporn dont le visa pour l’Australie arrivait à expiration et qui souhaitait rentrer chez elle à Lampang.

À l’inverse, Thiporn S Pierre attend depuis le mois de mars pour quitter la France. “L’ambassade m’a proposé de prendre un vol avant, le problème dans mon cas est que nous voulions rentrer ensemble avec mon mari français. Il a 78 ans, je ne pouvais pas le laisser seul en France. Nous venons d’avoir la confirmation que nous pouvons embarquer le 17 septembre, mais dans des vols différents, mais au moins nous partons et nous arrivons le même jour”, commente Thiporn qui est à l’origine de la page Facebook ‘Retour en Thaïlande depuis la France’ qui compte 633 membres.

Pour pouvoir revenir, Thiporn peut bénéficier d’un siège sur un vol de la Thai Airways tandis que son mari devra voyager sur la compagnie Emirates. Une fois en Thaïlande, ils passeront également la période de quarantaine séparés. “Le vol coûte plus cher qu’en temps normal, j’ai payé 775 euros pour un aller simple et mon mari 550 euros, nous sommes aussi restés en France beaucoup plus longtemps que prévu, tout cela ce sont des frais. Je vais donc passer la quarantaine dans un hôtel désigné par le gouvernement tandis que mon mari ira dans un hôtel ASQ. C’est la solution que nous avons trouvée pour diminuer un peu les frais vu qu’il ne peut venir avec moi dans l’hôtel”, ajoute Thiporn. 

Test Covid-19 pour les étrangers uniquement

Les étrangers souhaitant revenir en Thaïlande doivent correspondre aux catégories de personnes autorisées (détenteur d’un permis de travail, diplomate, marié à un ou une ressortissant(e) thaïlandais(e), etc.) et doivent fournir une série de documents : copie du passeport, permis de travail, assurance maladie couvrant toutes les dépenses de traitement médical, y compris COVID- 19 d’une valeur d’au moins 100.000 USD pendant 1 an, réservation du billet d’avion et réservation de l’hôtel. 

Pour les Thaïlandais, les démarches pour rentrer sont naturellement plus simples mais ce qui est plus surprenant pour un pays qui s’est montré particulièrement zélé dans la lutte contre le Covid-19 -au point d’anéantir sa propre économie en fermant ses frontières depuis plus de cinq mois- c’est que les étrangers ont obligation d’effectuer un test Covid-19 dans les 72 heures qui précèdent l’embarquement, alors que les Thaïlandais en sont exemptés. 

“La seule condition pour les Thaïlandais pour pouvoir embarquer est de présenter un certificat ‘fit-to-fly’ émis 72 heures avant le départ, et ils doivent passer 14 jours en quarantaine dans un lieu désigné par le gouvernement (NDLR : Les frais sont pris en charge par le gouvernement thaïlandais) ou un hôtel alternatif (ASQ - Alternative State Quarantine) à leur frais. Une fois qu’ils sont d’accord, ils reçoivent le certificat d’entrée (Certificate of Entry) de la part de l’ambassade” précise Tachasit Prasittirat. 

Une information que confirme Thiporn : “72 heures avant le vol je devrais aller chez le médecin pour obtenir le ‘fit-to-fly’, un simple certificat de santé mais pas de test Covid-19. Quant à mon mari, il doit faire le test Covid-19, tous les non-thaïlandais doivent le faire mais pas les Thaïlandais”.

Un Britannique récemment rentré en Thaïlande depuis le Royaume Uni a raconté, sur la page Facebook du blogueur Richard Barrow la semaine dernière, son effroi quand il a réalisé à l’embarquement qu’aucun des Thaïlandais dans son avion n’avaient été testé alors que lui se savait sain.

Depuis le 1er septembre, la compagnie commercial Emirates a remis en place des liaisons entre Dubaï et Bangkok et, dans les conditions de voyage, la compagnie exige de tous les passagers passant par Dubaï de présenter un certificat avec les résultats négatifs au test Covid-19. Le certificat doit être émis dans les 96 heures avant le départ et concerne toutes les nationalités.

Des coûts de retour exorbitants 

Si les démarches sont plus simples pour les Thaïlandais, le retour au pays fait tout de même mal au portefeuille.
“Pour embarquer, il faut juste le certificat d’entrée et un papier d’un médecin qui dit que vous êtes apte à prendre l’avion, le fameux ‘fit-to-fly’. Le médecin a à peine posé les yeux sur moi avant de signer le papier et cela m’a quand même coûté 200 dollars! Je n’avais plus d’assurance aux États-Unis et un simple certificat coûte une fortune”, relate Purin. 

En plus des coûts pour une visite chez le médecin, les billets d’avion, même si ce sont des vols de rapatriements, sont également plus onéreux. Purin raconte avoir payé son vol 1.400 dollars pour un aller simple alors qu’habituellement en juillet il paye 800 dollars pour un aller-retour San Francisco - Bangkok. 

Patchayaporn a même payé son billet quatre fois plus cher que d’habitude pour faire Sydney - Bangkok. “J’ai payé 1.060 dollars australiens au lieu de 200 habituellement!”, précise-t-elle. 

Quarantaine "agréable" 

À son arrivée à Bangkok le 14 juin, Patchayaporn a été dirigée vers un hôtel à Pattaya pour y effectuer sa quatorzaine. “L’hôtel était correct, j’avais même une vue sur la mer! Nous avions trois repas par jour, je ne suis pas très difficile donc pour moi c’était suffisant, mais je sais que pour d’autres ce n’était pas assez au niveau des quantités. Nous pouvions commander de la nourriture en plus à l’hôtel, c’était assez cher, ou alors nous faire livrer, mais uniquement des produits secs : pas de yaourt, de fruits, de cakes, et pas d’alcool”, commente Patchayaporn. 

Purin est arrivé à Bangkok le 28 juillet et a été conduit à l’hôtel Ambassador à Bangkok, un établissement deux étoiles sur le soi 11 de l’avenue Sukhumvit. “J’ai été agréablement surpris!, dit-il". "Je ne m’attendais vraiment pas à grand-chose de la part du gouvernement et je m’étais préparé à des conditions plutôt médiocres pour cette quarantaine. J’avais une chambre avec air conditionné, trois repas par jour. Je ne pouvais pas vraiment me plaindre. En revanche, pendant 14 jours, je ne suis pas du tout sorti de ma chambre, même la fenêtre ne s’ouvrait pas. Les quatre premiers jours ont été plus difficile, après je me suis habitué et j’ai même commencé à apprécier l’expérience d’avoir autant de temps pour moi”, explique l’artiste. 

“Le premier test Covid-19 n’a eu lieu qu’au cinquième jour de mon séjour”, ajoute Purin. “Je m’attendais à ce que l’on soit testé plus tôt, surtout que je n’avais pas dû faire de test avant d’embarquer dans l’avion. Le deuxième test a eu lieu au 12e jour”.

En plus de l’hébergement fourni par les autorités, le trajet de correspondance jusqu’à la destination finale est également inclus. Patchayaporn a ainsi profité d’un trajet en bus jusqu’à Lampang le jour de sa sortie de quarantaine. À sa sortie, Purin s’est vu remettre un certificat mentionnant qu’il n’avait pas le Covid-19 et qu’il pouvait prendre un bus gratuitement pour Chiang Mai. 

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