Édition internationale
Radio les français dans le monde
--:--
--:--
  • 1
  • 0

C. Fromont: Avec la crise sanitaire la demande de sécurité va croître

Christophe FromontChristophe Fromont
Écrit par Pierre QUEFFELEC
Publié le 19 novembre 2020, mis à jour le 15 janvier 2024

Ancien Gendarme de l'Ambassade de France à Bangkok reconverti dans la sécurité en Thaïlande, Christophe Fromont nous raconte comment sa société SDS a traversé la crise de la Covid et ce que cela a changé.

Arrivé en Thaïlande en 2010 en tant que Gendarme de l'Ambassade de France à Bangkok, Christophe Fromont a décidé en 2016 de rester dans le royaume pour prendre sa retraite après 27 années de bons et loyaux services.

Sous l’uniforme de la Gendarmerie Française, il a opéré sur un certain nombre de départements d'outre-mer où il a exercé des missions de sécurité publique. Il a également pris part à des actions de maintien de la paix mais aussi des opérations plus sensibles comme au Tchad, en Haïti, en Algérie et dans des pays du Golfe. Aujourd’hui, même s’il a rangé son képi au placard, la fibre "Gendarmique" ne le quitte pas. C’est d’ailleurs fort de ce bagage militaire, qu’il a décidé il y a quatre ans de continuer à vivre sa passion pour le domaine de la sécurité dans le secteur privé en rejoignant la société thaïlandaise d’expertise en sécurité Security Diamond Services (SDS), à travers laquelle il valorise l’excellence française auprès d’institutions publiques et privées locales et internationales, la dernière en date étant l'Université de Chulanlogkorn (Département Défense et Stratégie).

Il a bien voulu répondre à trois questions que Lepetitjournal.com souhaitait lui poser concernant les effets qu’a pu avoir la crise de la Covid-19 en Thaïlande, tant dans ses aspects économiques, que sociologiques, ou professionnels, sur son activité.

 

Comment s’est passé pour vous la crise du Covid ? Cela a-t-il dégagé des opportunités nouvelles ?

Il n’y a pas eu d’impact en termes de nombre de clients, mais un peu quand même sur la mise en œuvre de nos services, car il a fallu démultiplier les équipes pour effectuer des «mini quarantaines»  sans diminuer le nombre de gardes par équipe, sans pour autant augmenter le prix des contrats. Cela a donc fait augmenter sensiblement nos coûts, et il n’était pas question pour nous de baisser les salaires. Aujourd’hui, dans l’ensemble ça va, on s’en sort bien.

Avec la Covid-19, nous avons vu deux types de demandes arriver. La première portait sur la question sanitaire proprement dite : comment faire un sas d’entrée, procédures de suivi en cas d’infection, etc. Nous n’avons pas voulu entrer là-dedans et avons préféré rester sur nos fondamentaux. 

Un peu plus tard dans la crise, est arrivé un autre type de demande davantage portée sur la sécurité physique des biens et des personnes. La situation économique commençant à se détériorer, la précarité et la misère s’installant, cela a eu un effet sur la criminalité qui a visiblement augmenté. Nous avons donc commencé à avoir pas mal de demandes. Nous avons remarqué qu’elles ne venaient pas forcément de grandes entreprises, qui ont généralement déjà des gardes, mais plutôt des petits commerçants, les magasins d’or, tous les magasins aux entrées des centres commerciaux et qui ont des produits faciles à chaparder et à revendre.

 

Quels changements sur votre secteur d’activité ?

Avec cette augmentation de la petite criminalité, j’ai l’impression qu’il y a une prise de conscience collective. J’ai remarqué qu’en Asie, hormis au sein des grandes entreprises et de l’Etat, la sécurité n’est pas considérée en tant que telle. C’est-à-dire que les gens ont des gardes mais souvent en homme à tout faire : il n’y a pas la notion de concept global de sécurité. On met des gardes et des caméras, ça s’arrête là. Et parfois on s’aperçoit que les gardes n’ont pas accès au cameras, que ces dernières ne sont pas pointées vers les zones sensibles, etc. On ne prend pas en compte l’importance d’avoir des gardes régulièrement entrainés, de prévoir différents scenarios possibles en cas de crise, de former les gardes et de les considérer. On est peu enclin à protéger des gens qui nous méprisent, aussi il est bon d’en avoir conscience envers eux. Mais avec cette crise sanitaire, on sent le frémissement d’une prise de conscience. 

Pour l’heure la plupart de nos clients sont des grandes entreprises et des organismes d’Etat, et, même chez eux, on note des changements d’attitude. Les managers des grands groupes cherchent davantage à acheter une prestation qui leur apporte des solutions plutôt que des moyens qu’ils doivent mettre eux-mêmes en œuvre. Ils veulent une solution globale : assurez-nous la sécurité, point. Alors qu’avant on allait voir le vendeur de gardes ou le poseur de caméras, sans que rien ne mette en relation l’humain et les moyens. Et c’est précisément ce que nous faisons, nous offrons des solutions intégrées.

 

Comment voyez-vous la suite ?

La plupart des pays vont se trouver quasiment en autarcie pendant de longs mois encore. La situation économique sera de plus en plus difficile et il est fort à parier que la petite criminalité augmentera et avec elle la demande en sécurité. Il va donc falloir pouvoir proposer des solutions sécuritaires toujours plus efficace à toujours moindre coût et c’est exactement ce dans quoi s’inscrit la démarche de notre entreprise. La surconsommation de technologie et de matériels c’est bien joli, mais comme je dis toujours à mes clients, on n’a jamais vu une caméra courir après un voleur. Le matériel et la technologie -qui constituent la sécurité dite passive- sont au service de ceux qui assurent vraiment la sécurité active -les agents eux-mêmes. C’est pourquoi il est crucial de ne pas négliger ces derniers et de bien coordonner l’ensemble, c’est une forme de symbiose et c’est comme cela que l’on arrive à être efficace à moindre, ou plutôt à meilleur coût car en ces termes, seul le résultat compte.

Autant en matière de gestion de crise, le devoir de moyen est crucial, mais en sécurité, c’est le devoir de résultat qui doit primer. Car en sécurité, comme j’aime à le dire, il n’y a jamais de seconde chance.
 

Flash infos