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Blocage électoral en Thaïlande: quels sont les scenarios possibles ?

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LPJ Bangkok.com
Écrit par Lepetitjournal.com Bangkok avec AFP
Publié le 1 avril 2019, mis à jour le 1 avril 2019

Le triomphe d’un général putschiste métamorphosé en Premier ministre civil, une alliance de partis unis en front démocratique pour l'arrêter, ou un blocage parlementaire entrainant une nouvelle crise politique: l'issue des élections contestées en Thaïlande reste indécise une semaine après le scrutin.

A quoi doit-on s’attendre? Voici les scénarios possibles sur les débouchés éventuels des élections.

Le chef de la junte sera-t-il premier ministre? 

Il y a fort à parier. Le parti Phalang Pracharat soutenu par la junte a surpris ses rivaux en remportant le vote populaire.

Cela pourrait aider le meneur du coup d'Etat, Prayuth Chan-O-Cha, à justifier son maintien au pouvoir.

Il y a aussi les 250 sénateurs nommés par la junte à la Chambre haute qui sont habilités à voter pour désigner le Premier ministre.

Cela signifie que le Phalang Pracharat n'a besoin de contrôler que 126 sièges à la chambre basse, contre 376 pour ses adversaires.

Le parti de la junte a actuellement 97 sièges et peut encore en obtenir davantage par le biais de coalitions, et il reste encore 150 sièges à pourvoir à la Chambre basse, cette fois selon un système de liste où le vote populaire importera davantage.

Le fait que le Phalang Pracharat puisse revendiquer la majorité du vote populaire - 8,4 millions selon la Commission électorale - jouera un rôle déterminant en sa faveur.

Mais des retards et l’invalidation de nombreux bulletins de vote ont entaché l’intégrité du scrutin aux yeux des électeurs.

"Les gens remettent en question le vote populaire qu'ils ont obtenu", a déclaré Titipol Phakdeewanich, politologue à l'Université Ubon Ratchathani.

"Les gens croient encore que cette élection est truquée."

Le camp de la "démocratie" peut-il triompher?

C'est une bataille difficile, mais ils sont déjà engagés dans cette lutte.

Sept partis se sont unis pour former une coalition afin de bloquer les ambitions de la junte. Ce "front démocratique" revendique une majorité à la Chambre basse avec 255 sièges et le droit de former un gouvernement.

Ils sont dirigés par le Puea Thai (Pour les Thaïlandais), le parti lié à l'ex-ex-Premier ministre Thaksin Shinawatra, dont les partis affiliés ont remporté toutes les élections depuis 2001.

Le principal allié du Puea Thai est le parti anti-militaire Anakot Maï (Nouvel Avenir, ou Future Forward en anglais), dirigé par le très télégénique milliardaire Thanathorn Juangroongruangkit, et qui a su attirer des jeunes électeurs pour devenir le troisième plus grand parti de la scène politique thaïlandaise au regard du vote populaire.

Mais revendiquer maintenant une majorité à la chambre basse semble être quelque peu prématuré.

Les résultats définitifs ne sont pas attendus avant le 9 mai et le Bhumjaithai, un parti neutre de taille moyenne pourrait faire basculer le jeu selon le camp qu’il choisit, ou non, de rallier.

Anutin Charnvirakul, chef ultra-riche du parti Bhumjaithai, s'est décrit lui-même comme un "entremetteur" et pourrait se voir offrir le poste de Premier ministre à l’issue d’une grande négociation.

Dans un récent post Facebook, il a déclaré que son parti n'avait "pas encore décidé sa direction politique".

Quid d’un blocage au Parlement?

Les analystes soulignent que le nombre de sièges du "camp de la démocratie" à la chambre basse est comparable à celui des sénateurs nommés par la junte dans la chambre haute, ce qui pourrait entraîner le blocage du nouveau parlement thaïlandais.

Dans une telle configuration, Prayuth devient Premier ministre, mais la chambre basse est contrôlée par les partis du camp adverse.

Le bloc de l’opposition mené par le Puea Thai pourrait contrôler la présidence de la chambre basse et adopter des motions de censure, ce qui se traduirait par une impasse.

"L’ironie est que cela reviendrait à reproduire exactement le même genre de blocage que la junte a cherché à empêcher en venant au pouvoir", estime Aaron Connelly, chercheur à l'International Institute for Strategic Studies basé à Singapour.

C’est la raison pour laquelle le parti Bhumjaithai va réfléchir soigneusement avant d’accepter quelque accord que ce soit pour s’éviter de gouverner un pays en crise.

"Quand ces politiciens pensent, ils ne pensent pas à un seul coup, ils vont réfléchir comme s’il s’agissait d’un film ou d’une série", déclare Napisa Waitoolkiat, politologue à l'Université de Naresuan.
 

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