Couverts de boue noire malodorante, une trentaine de prisonniers s'affairent. Leur mission? Récurer les canalisations de Bangkok, tâche primordiale en pleine mousson, dans une ville qui peine à gérer les déchets plastiques encombrant son système de drainage.
Ils s'y mettent à trois pour soulever les grosses dalles de béton, faisant fuir au passage des dizaines de cafards. Impossible ensuite de pénétrer entièrement dans ces tuyaux étroits, mais à l'aide de seaux reliés à des cordes, ils raclent le fond du conduit.
"On trouve de tout: de la boue, du sable mais aussi des emballages, des bouteilles de boisson énergisante, des bouteilles de plastique", explique l'un des prisonniers, sous couvert d'anonymat.
A pied d'oeuvre six jours par semaine, ils touchent un salaire et voient leur peine réduite d'une journée par jour travaillé.
"Ce n'est pas trop difficile et ça me permet de retourner plus vite chez moi", ajoute un de ces prisonniers improvisé égoutier.
Une des principales calamités pour ces hommes: les petits restaurants de rue, très prisés des Bangkokais, habitués à acheter tous leurs repas en barquette ou en sac plastique à ces vendeurs de rue.
Le temps des repas emballés dans des feuilles de bananiers est bien loin. Et les supermarchés ne sont pas en reste: un Thaïlandais utilise en moyenne huit sacs jetables par jour (contre 80 par an pour un Français), des cuillères en plastique sont données pour l'achat de yaourts et les clients sont tenus de mettre leurs parapluies mouillés dans un sac jetable en entrant dans les centres commerciaux...
Quotidiennement, Bangkok produit 11.500 tonnes d'ordures, dont plus d'une tonne de plastique, d'après les chiffres officiels, qui progressent de près de 10% par an. Officiellement, moins de 16% est recyclé, même si le tri artisanal par des chiffonniers est très développé.
"Tous les jours nous sortons en moyenne 2.000 tonnes de déchets des canaux", explique Narong Ruengsri, du département en charge du drainage et de l'évacuation des eaux à Bangkok.
Très étendue, la capitale thaïlandaise de 12 millions d'habitants est traversée par plus de 2.400 kilomètres de canaux qui drainent les énormes quantités d'eau s'abattant sur la ville pendant la saison des pluies, entre juin et octobre.
- L'un des plus mauvais élèves -
Le développement exponentiel de la ville rend la tâche de plus en plus dure pendant la mousson.
Il y a encore quelques années, Bangkok, située seulement 50 centimètres au-dessus du niveau de la mer, parvenait plus facilement à évacuer l'eau car 80% des précipitations pouvaient être absorbées par la terre et les nappes phréatiques.
Mais les constructions ont restreint aujourd'hui les espaces libres et 80% des précipitations doivent être drainées par le système d'évacuation. A cette fin, 170 stations de pompage sont déployées dans la ville.
"Au moment de la saison des pluies, nous avons encore plus de déchets qui arrivent puisque la ville est en aval de la rivière", déplore Narong Ruengsri. De nombreux sacs se retrouvent ainsi coincés et endommagent les machines des stations de pompage.
Wijarn Simachaya, directeur du département de contrôle de la pollution au sein du ministère de l'Environnement, estime que les Thaïlandais n'ont pas encore pris conscience du problème. "Nous sommes l'un des plus mauvais élèves dans le monde en terme de déchets rejetés en mer", dit-il.
Dans un récent rapport, l'ONG américaine Ocean Conservancy affirme que cinq pays, tous asiatiques, sont responsables de 60% des déchets plastiques présents dans les océans: la Chine, l'Indonésie, les Philippines, le Vietnam et la Thaïlande.
Les gouvernements de ces dernières années ont lancé quelques campagnes notamment en partenariat avec les supermarchés pour inciter les consommateurs à réduire l'usage des sacs plastiques. Mais jamais rien de contraignant. Aussi les Thaïlandais consomment-ils tous les ans plus de plastique.
Pour Srisuwan Janya, de l'association environnementale "Stop global warning", le "gouvernement ne fait pas assez pour lutter contre le développement des déchets plastiques". "En Thaïlande, les entreprises ont fait davantage dans ce domaine que l'État".
Marion THIBAUT (AFP) mercredi 7 septembre 2016
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