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Une jeune militante thaïlandaise anti-lèse-majesté meurt en détention

Une jeune militante thaïlandaise est décédée en détention mardi, des suites d’une grève de la faim pour protester contre la sévérité de l’article 112 du code pénal qui punit le crime de lèse-majesté

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Écrit par La rédaction de Bangkok
Publié le 15 mai 2024, mis à jour le 17 mai 2024

Agée de 28 ans, Netiporn "Bung" Sanesangkhom avait été placée en détention provisoire le 26 janvier dernier dans le cadre d’accusations pour insulte à la monarchie en lien avec une enquête d’opinion qu’elle avait organisé en 2022 pour sonder les Thaïlandais sur leur perception du cortège royal et son protocole.

Elle faisait partie d'un petit groupe anti-monarchiste appelé "Thaluwang" qui avait émergé de la vague de manifestations étudiantes de 2020 et organisait des actions remettant en question le pouvoir de la monarchie ainsi que des rassemblements demandant la libération de militants.

Netiporn avait dans un premier temps été emprisonnée pendant un mois pour une accusation d'outrage à la cour liée à une altercation avec des gardes d’un tribunal en 2023, selon le groupe d'assistance juridique Thai Lawyers for Human Rights. Sa détention provisoire fut prolongée après qu'une cour a révoqué sa libération sous caution dans une affaire de lèse-majesté liée à une manifestation en 2022.

La jeune femme avait, peu de temps après sa mise en détention, entamé une grève de la faim en protestation contre le refus de la justice d’accorder la libération sous caution aux militants accusés de lèse-majesté.

Netiporn avait refusé de se nourrir et s’hydrater pendant un mois, mais elle avait commencé à boire de l'eau fin février, puis à manger en avril après avoir été envoyée à l'hôpital de la prison en raison de la détérioration de son état de santé.

Le cœur de Netiporn "s'est arrêté soudainement" mardi, a indiqué l’agence publique chargée des détentions dans un communiqué, et l'équipe médicale de l'hôpital de la prison a essayé de la réanimer avant de l'envoyer à l'hôpital de l'Université Thammasat où elle a été déclarée morte. Le département a indiqué que l'hôpital universitaire effectuerait une autopsie pour déterminer la cause du décès.

Netiporn était sous le coup de sept chefs d'accusation liés à son activisme, dont deux pour crime de lèse-majesté. La loi thaïlandaise de lèse-majesté, contenue dans l’article 112 du code pénal, est l'une des plus sévères au monde. Elle protège le palais de toute critique avec des peines de prison pouvant aller jusqu'à 15 ans pour chaque chef d’accusation.

Les associations de défense des droits humains dénoncent régulièrement l’usage détourné de ce texte à des fins politiques, pour réprimer et bâillonner toute voix d’opposition à l’establishment militaro-royaliste.

Plus de 272 personnes ont fait l’objet d’accusations de lèse-majesté depuis 2020, et dix-sept sont actuellement en détention provisoire, selon Thai Lawyers for Human Rights. Deux autres militants du groupe Thaluwang, en détention provisoire depuis février, sont également en grève de la faim. Deux autres membres du groupe ont fui le pays.

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