Le ministère thaïlandais de la Santé souhaite proposer de réinstaurer la quarantaine obligatoire pour les voyageurs vaccinés et mettre fin au programme facilitant l’entrée aux touristes dans le pays.
Alors que la Thaïlande commence tout juste à revivre un peu après la levée en novembre de la quarantaine obligatoire pour les voyageurs vaccinés et plusieurs séries d’assouplissements des mesures sanitaires, son ministre de la Santé, Anutin Charnvirakul, a lancé à la télévision lundi qu’il envisageait de revenir en arrière sur les conditions d'entrée dans le pays en raison des inquiétudes suscitées par la propagation du variant du Sars-CoV-2, Omicron.
L’annonce intervient alors que le ministère de la Santé a signalé lundi le premier cas de transmission locale du nouveau variant du coronavirus qui préoccupe certaines instances pour l’heure beaucoup plus par le risque de propagation que par sa virulence, laquelle reste à déterminer et à mettre en face des risques économiques, sociaux et aussi sanitaires, que font courir un renforcement éventuel des mesures sanitaires après presque deux ans de chaos.
Toujours est-il que depuis fin novembre, le nombre de décès du Covid-19 continue de baisser dans le royaume comme dans le monde selon les données de l’OMS.
Retour au "bac à sable" ?
Anutin Charnvirakul a déclaré dans l'émission télévisée Inside Thailand que son ministère allait proposer "bientôt" au CCSA, comité chargé de gérer la pandémie, de supprimer le programme Test&Go qui permet depuis novembre d’exonérer de quarantaine les voyageurs vaccinés. Il souhaite revenir à la quarantaine en hôtel spécialisé et au programme "sandbox" ("bac à sable"), qui autorise la libre circulation sans quarantaine mais dans des zones limitées et selon des conditions plus strictes.
Jugé bien trop contraignant, le "bac à sable" n’a permis de faire entrer que quelques milliers de personnes depuis juillet, alors que la levée de la quarantaine pour les voyageurs vaccinés a permis dans le seul mois de novembre de doubler le nombre de voyageurs accueillis dans le royaume sur les dix mois qui ont précédé.
Cité par le Bangkok Post, le chef du CCSA, le général Supoj Malaniyom, a indiqué par la suite que la liste des pays à faible risque éligibles au programme Test&Go allait être revue et que les mesures de dépistage du coronavirus seraient renforcées.
Il a ajouté que le CCSA déciderait ce vendredi dans quelle mesure le programme "Test & Go" devra être reconsidéré.
Tollé chez les professionnels du tourisme
Les opérateurs touristiques crient déjà au scandale rapporte ce matin le Bangkok Post, tandis que le gouverneur de l’autorité du tourisme de Thaïlande (TAT), Yuthasak Supasorn, souligne que la décision n’a pas encore été prise et qu’elle appartient au CCSA, rappelant que ce dernier a promis de prendre en considération des avis et critères autres que sanitaires.
Bhummikitti Ruktaengam, président de la l’Association du tourisme de Phuket, souligne que le programme Test&Go a donné un résultat bien plus probant que le "bac à sable" faisant passer le nombre de touristes sur l'ile de 600 à 3.000 par jour.
Le président de la section Est de l’Association des hôteliers de Thaïlande (THA), Phisut Sae-Khu, estime pour sa part que la fréquentation étrangère pourrait chuter d’au moins 30% si le programme Test&Go était suspendu et remplacé par le "bac à sable" qui donne aux touristes l'impression de ne pas pouvoir se déplacer librement, soulignant que ceux-ci se tourneraient de fait vers d'autres destinations.
La réouverture de la Thaïlande aux visiteurs étrangers en novembre avait mis fin à près de 18 mois de mesures strictes sur le voyage qui ont largement contribué à l'effondrement de l’économie et plus particulièrement du tourisme, jetant des millions de personnes dans la précarité et le désarroi social.
Pas d'augmentation significative des incidences
La Thaïlande a détecté jusqu'ici 63 cas d’infection au variant Omicron, a déclaré le ministre de la Santé, dont un seul cas de transmission locale.
A ce jour, aucune augmentation significative, que ce soit du nombre d'infections ou des morts, n'est à noter en Thaïlande. Le ministère de la Santé a signalé mardi matin 2.476 nouveaux cas d'infection au coronavirus (49 de moins que la veille) et 32 morts du COVID-19 (un de plus que la veille), soit quasiment dix fois moins qu'au mois d'août quand l'épidémie a atteint son pic.
Le premier cas de transmission locale du variant Omicron a été détecté chez une Thaïlandaise de 49 ans qui semble avoir contracté le virus par son mari, un pilote Colombien revenu en Thaïlande depuis le Nigeria fin novembre, a déclaré un responsable du ministère de la Santé lors d'un briefing.
"Elle est potentiellement la première en Thaïlande à avoir attrapé le variant Omicron d'un voyageur étranger, son mari, et il s’agirait du premier cas transmis localement", a déclaré Chakrarat Pittayawonganon, un responsable du département de contrôle des maladies.
Le couple avait été vacciné avec le vaccin AstraZeneca, a-t-il ajouté.