Le gouvernement thaïlandais, mardi, a revu à la baisse ses prévisions de croissance économique pour 2022, invoquant principalement des facteurs externes, qui s’ajoutent à la lente reprise du tourisme
Le Conseil national de développement économique et social (NESDC), agence de planification du gouvernement thaïlandais, a fait savoir mardi qu’il prévoyait désormais une croissance du Produit Intérieur Brut (PIB) en 2022 entre 2,5% et 3,5%, contre 3,5%-4,5% auparavant.
Le NESDC a invoqué comme causes principales la hausse des prix et le ralentissement attendu de la croissance mondiale lié à l'invasion de l'Ukraine par la Russie, ainsi que de celui de la Chine.
La croissance de 2021 a par ailleurs été révisée à 1,5% mardi. Il s’agit de l’un des taux les plus faibles de la région.
La deuxième économie d'Asie du Sud-Est a connu une croissance désaisonnalisée de 1,1% en janvier-mars par rapport aux trois mois précédents, selon les données du NESDC. Un sondage Reuters auprès d’économistes du royaume était plus pessimiste, prédisant seulement 0,9%.
En glissement annuel, le PIB au premier trimestre affiche une hausse de 2,2 % par rapport au T1 de 2021.
Resserrement monétaire attendu
Avec une croissance meilleure que prévu et une inflation qui s'accélère, les économistes interrogés par Reuters s'attendent désormais à un resserrement monétaire dans l’année, plus tôt que prévu.
"Une croissance meilleure que prévu devrait permettre à la Banque de Thaïlande de suivre ses pairs avec un certain ajustement des taux à la hausse, ce qui, selon nous, se produirait au quatrième trimestre 2022", a déclaré Kobsidthi Silpachai, analyste en chef des marchés des capitaux pour Kasikornbank.
Thammarat Kittisiripat, économiste du groupe Tisco, estime que l'économie risque de perdre son élan en raison de la forte inflation, ce qui pourrait entraîner une hausse des taux d'intérêt cette année. "Nous envisagions une hausse des taux vers le milieu de l'année prochaine, mais il y a un risque que cela se produise au quatrième trimestre de cette année", a-t-il déclaré.
Les prix affichés entre janvier et avril étaient supérieurs de 4,7 % à ceux de l'année précédente, dépassant la fourchette cible d'inflation de la banque centrale qui était 1%-3%. La banque centrale maintient son taux directeur à un niveau record de 0,5 % depuis mai 2020. Son comité de politique monétaire doit se réunir le 8 juin pour réexaminer la question.
"Les exportations restent un moteur de croissance clé"
Le NESDC a révisé à la hausse ses prévisions d'inflation mardi. Il s'attend désormais à ce que les prix soient plus élevés de 4,2 % à 5,2 % en 2022 par rapport à 2021. Il prévoyait jusque-là une hausse de 1,5 % à 2,5 %.
Le directeur du NESDC, Danucha Pichayanan, a déclaré lors d'une conférence de presse que l’économie devrait être soutenue cette année par les exportations, la demande intérieure et une reprise attendue du tourisme.
"Les exportations restent un moteur de croissance clé. Nous devons également ajuster les mesures pour attirer davantage de touristes étrangers et stimuler les dépenses intérieures", a-t-il dit.
La croissance des exportations cette année a été revue à la hausse à 7,3 %, contre 4,9 % prévus plus tôt.
Pour ce qui est de la fréquentation touristique, le NESDC table désormais sur 7 millions de visiteurs étrangers cette année, contre 5,5 millions auparavant, les récents assouplissements des mesures sanitaires sur le voyage devant permettre de relancer le secteur sur lequel pèsent environ 20% du PIB, même si ces chiffres sont encore bien en deçà des 40 millions d'arrivées de touristes étrangers de 2019, avant la pandémie.