Le baht devrait rester faible jusqu’en 2024 mais cela favorise les exportations et le tourisme, les deux principaux moteurs de l’économie thaïlandaise, a voulu rassurer mercredi le ministre des Finances.
La Thaïlande devrait connaître une croissance économique de 3,0% à 3,5% cette année, tirée par ses exportations et son tourisme dans un contexte de reprise soutenu par des hausses mesurées des taux d'intérêt, a déclaré mercredi le ministre des Finances, Arkhom Termpittayapaisith.
Dans une interview à Reuters, le ministre thaïlandais des Finances a déclaré que la faiblesse du baht aidait les exportations, qui devraient croître de 8% cette année, ainsi que le tourisme.
Le baht est à son niveau le plus bas depuis 16 ans par rapport au dollar et s'est déprécié d'environ 12% jusqu'ici cette année par rapport au billet vert.
Un baht faible jusqu'en 2024
Le ministre des Finances a souligné que la monnaie thaïlandaise évoluait selon la même tendance que les autres devises de la région, ajoutant que la banque centrale ne gérerait que les mouvements excessifs.
La faiblesse du baht pourrait persister jusqu'en 2024, a-t-il indiqué.
"Les principaux moteurs de la croissance sont le tourisme et les exportations (...) la consommation (des ménages) augmente également, mais pas trop vite", a-t-il déclaré en marge d'une réunion de responsables des finances de la région Asie-Pacifique.
L'économie devrait connaître une croissance de 3,7% l'année prochaine, a-t-il dit. Selon lui, le nombre d’arrivées de touristes étrangers cette année pourrait être de 8 à 10 millions, un chiffre qui devraient doubler en 2023, pour atteindre environ la moitié du résultat annuel d'avant la pandémie.
Les inondations en Thaïlande n'ont jusqu'ici pas eu beaucoup d'impact sur l'économie, a déclaré Arkhom Termpittayapaisith, même si le pôle industriel d’Ayutthaya est en alerte pour faire face aux pires inondations depuis 2011, et que Phuket vit une semaine historique ponctuée de crues subites à répétition.
Un atout plus qu'un frein
Comme le note Bloomberg, les commentaires du ministre des Finances suggèrent qu’avoir une monnaie faible, dans le contexte actuel de ralentissement mondial, présente plus d’avantages que d’inconvénients pour l'économie thaïlandaise très dépendante des exportations et du tourisme, et que la politique monétaire mesurée de la banque centrale est tout à fait appropriée dans un monde où les banques centrales, emmenées par la Réserve fédérale américaine, recourent à d'importantes hausses des taux d'intérêt pour lutter contre l'inflation.
En ce qui concerne l'inflation en Thaïlande, Arkhom Termpittayapaisith estime que la fourchette cible de 1% à 3% de la banque centrale (BoT) reste pertinente, même si les prix à la consommation dépassent toujours l'objectif.
La banque centrale prédit que la deuxième économie d'Asie du Sud-Est devrait retrouver son rythme pré-pandémique à la fin de cette année ou au début de l'année prochaine, à la traîne derrière ses voisins, le tourisme n'ayant commencé à se redresser que tout récemment après que les autorités ont levé en juillet les dernières mesures sanitaires contraignantes.
En 2021, la croissance thaïlandaise n’avait été que de 1,5%, taux parmi les plus bas de la région, mais au 2e trimestre 2022 l'économie a progressé de 2,5% en glissement annuel et de 0,7% par rapport au trimestre précédent, marquant le début de la reprise.
Arkhom Termpittayapaisith a assuré que la croissance économique au troisième trimestre serait plus forte encore, alors que royaume a vu un flot plus important de touristes étrangers.
Le mois dernier, la BoT a relevé son taux directeur d'un quart de point pour la deuxième fois consécutive après presque quatre ans sans hausse, le faisant passer à 1,00 %. Le minsitre des Finances a réitéré mercredi que les hausses de taux doivent demeurer progressives et non agressives car "nous devons être sereins sur le fait que l'économie se redressera et (les taux) ne pèseront pas beaucoup plus sur les coûts des entreprises".
La prochaine réunion du comité de politique monétaire de la BoT est prévue le 30 novembre, et les économistes s'attendent à une autre hausse du taux directeur.