Une scission au sein du plus grands parti de la coalition au pouvoir en Thaïlande a entraîné l'expulsion de 21 députés, a déclaré jeudi son chef adjoint, signe que le camp des putschistes s’affaiblit.
Le plus grand parti de la coalition au pouvoir en Thaïlande, Palang Pracharat, a répudié 21 de ses députés accusés de chercher à provoquer la désunion du parti, a fait savoir jeudi le chef adjoint du parti, Paiboon Nititawan.
Selon lui, cette décision fait suite a une demande de changements substantiels au sein du parti jugée inacceptable et clivante, sans vouloir donner plus de détails.
Néanmoins, le Palang Pracharat, deuxième plus grand parti au parlement avec 100 sièges, s’est dit toujours disposé à travailler avec la faction.
Les 21 députés, menés par l’ancien vice-ministre controversé de l'Agriculture, Thammanat Prompao, n'ont pas encore précisé s'ils continueraient à soutenir le Premier ministre. Ils ont 30 jours pour trouver un nouveau parti s'ils souhaitent conserver leur siège à la Chambre basse.
Thammanat Prompao avait été demis en septembre de son poste de vice-ministre de l'Agriculture après avoir tenté de renverser Prayuth Chan-O-Cha en persuadant des députés de la coalition de voter contre le Premier ministre lors d'un débat de censure. Bras droit du très influent général Prawit Wongsuwon, l'un des architectes du coup d'Etat de 2014, il était toutefois resté secrétaire général du Palang Pracharat.
Prayuth Chan-O-Cha, meneur du putsch de 2014, s'est maintenu au poste de Premier ministre après des élections en 2019 dénoncées comme pipées par ses détracteurs, non sans le soutien d'une coalition de pas moins de 18 partis qui compte actuellement 267 sièges au Parlement contre 208 pour le camp de l'opposition.
Déjà critiqué pour avoir réduit les libertés et laissé l’économie se déliter depuis le coup d’Etat, le général à la retraite s’est vu reprocher sa gestion de la crise du Covid-19, et a dû faire face en 2020 au plus grand mouvement anti-gouvernemental depuis celui des Chemises rouges en 2010, mené par une partie de la jeunesse thaïlandaise.
Le Premier ministre a exclu toute idée de dissolution du Parlement ou de remaniement ministériel, mais certains analystes estiment que l’incident va lui rendre la tâche plus difficile pour gouverner.
"Cela fait partie du jeu de négociation entre les factions", explique le politologue Titipol Phakdeewanich de l'Université Ubon Ratchathani, ajoutant qu'il est probable que la coalition reste intacte.
L'analyste politique Sukhum Nualsakul estime néanmoins qu’un remaniement ministériel n’est pas à exclure.
"Cela pourrait conduire à un remaniement ministériel destiné à permettre au gouvernement de mieux fonctionner", a-t-il déclaré. "Pour l’heure, c'est comme si le gouvernement était constamment en guerre contre lui-même."