Édition internationale
Radio les français dans le monde
--:--
--:--
  • 0
  • 0

Pour gagner les élections en Thaïlande, Paetongtarn mise sur l’héritage Shinawatra

Paetongtarn-Shinawatra-campagne-ThailandePaetongtarn-Shinawatra-campagne-Thailande
REUTERS/Athit Perawongmetha - Paetongtarn Shinawatra, faisait campagne dans un temple de la province d'Ubon Ratchathani, dans le nord-est de la Thaïlande, le 17 février 2023
Écrit par Lepetitjournal.com Bangkok avec Reuters
Publié le 20 février 2023, mis à jour le 21 février 2023

Enceinte de sept mois et en tête dans les sondages, la jeune néophyte Paetongtarn Shinawatra faisait campagne dans le Nord-est de la Thaïlande valorisant les politiques menées par son père et sa tante

Se prévalant de l'héritage des politiques populistes et des grandes victoires électorales de sa famille, Paetongtarn Shinawatra apparaît comme favorite lors des prochaines élections en Thaïlande, pariant que la nostalgie peut gagner des millions de votes de la classe ouvrière.

Cette politicienne néophyte de 36 ans, fille de l’ancien Premier ministre déchu le milliardaire Thaksin Shinawatra, fait campagne dans les fiefs électoraux du parti Pheu Thai, le mastodonte politique de sa famille, avec pour ambition de raviver le genre de ferveur qui a mené son père et sa tante Yingluck au pouvoir.

Paetongtarn Shinawatra promet que le Pheu Thai mènera à terme les politiques inachevées que les multiples décisions de justice et coups d'État militaires, orchestrés selon lui par l'establishment conservateur, ont mises à mal.

"Nous avons réussi à tout réparer la première année, mais quatre ans plus tard, nous avons été évincés par un coup d'État, il y a donc des choses que nous n'avons pas réalisées", a déclaré Paetongtarn Shinawatra à Reuters lors de sa première interview officielle donnée à des médias étrangers avant les élections attendues en mai. 

"Nous montons donc à chaque tribune pour dire aux gens à quel point nos politiques peuvent changer leur vie. Et ce n'est que par une politique stable que la vie des gens peut changer de manière durable", a-t-elle déclaré tandis qu’elle était en campagne dans le nord-est.

Thaksin et Yingluck Shinawatra ont été renversés par l'armée en 2006 et 2014 respectivement. Tous deux font l’objet d’une condamnation par la justice thaïlandaise et vivent à l’étranger pour échapper à des peines de prison qui, selon leurs alliés, sont destinées à empêcher leur retour en politique.

Vieilles recettes

Le relais a donc été passé à Paetongtarn, la plus jeune fille de Thaksin, qui utilise les mêmes recettes telles que promettre une hausse spectaculaire du salaire minimum, des aides aux services publics, le réseau ferroviaire à grande vitesse promis depuis longtemps, et un système efficace de gestion des eaux pour lutter contre les inondations et la sécheresse.

Avec pour slogan "Voir Grand, Agir Intelligent", le Pheu Thai s’en prend aux réformes progressives menées par l’administration du Premier ministre Prayuth Chan-O-Cha depuis qu'il sa prise de pouvoir par un coup d’Etat en 2014.

"La vision doit être large et nous devons être en mesure de résoudre les vieux problèmes qui se sont envenimés. Ceux-ci doivent être complètement traités", a déclaré Paetongtarn.

Bien qu’elle n'ait pas encore été officiellement nommée candidate au poste de Premier ministre pour le Pheu Thai, Paetongtarn Shinawatra se situe loin devant les prétendants des autres partis dans les sondages d'opinion, avec une belle longueur d’avance sur le Premier ministre sortant.

Le Pheu Thai ne devrait sans doute pas avoir de mal à remporter une majorité de voix comme il l’a fait à chaque élection depuis 2001. En revanche, il aura sans doute du mal à former un gouvernement étant donné l'influence de l'armée sur le Sénat, qui, avec la chambre basse élue, choisit le Premier ministre. La Constitution réécrite en 2017 sous le régime de la junte militaire prévoit que le Senat soit entièrement nommé.

Paetongtarn a déclaré qu'elle consultait régulièrement son père qui vit principalement à Dubaï, et qu’elle restait proche de lui.

Les coups d'Etat font "reculer" la Thaïlande

Son principal souci, a-t-elle dit, était de faire campagne alors qu’elle est enceinte de près de sept mois.

"Mais je vais bien", a-t-elle affirmé. "C'est ma deuxième grossesse. Je me connais. Je n’en ferai pas trop."

Ses opposants accusent depuis longtemps le clan Shinawatra de corruption massive pour s’enrichir et s’assurer des soutiens politiques, et de jeter l’argent public par les fenêtres dans des politiques populistes jugées inutiles. 
Mais la corruption étant endémique en Thaïlande et largement présente dans les rangs de ceux-là même qui prétendent la combattre, l’argument n’émaille pas la popularité des Shinawatras auprès des masses défavorisées qui considèrent leurs politiques comme bénéfiques.

Paetongtarn s’est dite préoccupée par l'impact des insolubles luttes de pouvoir impliquant sa famille, dont les coups d'État, qui, selon elle, font "reculer" la Thaïlande.

"Cela fait aussi que le monde voit notre pays sous un jour différent. Ils ne veulent pas commercer avec nous. Cela réduit les opportunités pour tout le monde", a-t-elle déclaré.

"Notre pays est figé depuis si longtemps. C’est pourquoi, il ne faut plus de coup d'État. Le pays doit progresser et les gens méritent d'avoir de meilleurs moyens de subsistance."

Flash infos