C’est un sujet économique et écologique qui divise, les riverains et , plus généralement les Thaïlandais, depuis 2012. Faut-il équiper la magnifique et pure ascension du parc national d’une remontée mécanique ? Réponse attendue dans deux ans, en 2027.


Et si on s’offrait une petite balade tranquille dans un parc national qui n’est pas encore des plus fréquentés, dans la province de Loei, non loin de Nong Khai, de la frontière laotienne et de Vientiane ?
Il s’appelle Phu Kradueng. Aux dires de certains, il est le plus beau et le plus spectaculaire, en tout cas le plus montagneux de tout le pays. Les plus courageux y viennent spécialement pour effectuer l’ascension réputée de 3,5 kilomètres, qui ne peut aujourd’hui s’effectuer qu’à pied. Un conseil donné par tous les connaisseurs : effectuez la montée au tout petit jour, pour ne pas avoir trop chaud, et profitez d’un sublime lever de soleil. Autre solution : montez en fin de journée, campez au sommet et mettez le réveil très tôt pour profiter du même spectacle.
Évaluer le projet de téléphérique sous toutes les coutures
Mais tout ça c’était hier et c’est encore aujourd’hui. Alors profitez-en. Car demain, tout va peut-être changer. Le Département des parcs nationaux, de la conservation de la faune et de la flore (DNP) vient d’approuver la prolongation de deux ans de l’étude de faisabilité d’un projet de téléphérique. La prolongation a été décidée en vertu d’un plan gouvernemental désireux de faire avancer le projet et à la suite d’une réunion avec l’administration en charge du tourisme durable (Dasta). Durant ces deux années, Dasta devra évaluer le projet sous toutes les coutures, réaliser une étude de faisabilité, détailler le plan des travaux et surtout réaliser une étude d’impact environnemental. Il semblerait que les communautés locales aient envie de soutenir le projet si l’environnement est préservé.
On est tout de même en droit de se dire que l’environnement ne pourra plus jamais être le même après une réalisation telle que celle-ci. Bien des endroits en Thaïlande et dans le monde ont été ainsi développés et modernisés, pas toujours pour le pire, mais jamais sans accroître le nombre de visiteurs (ce qui peut être un but pour les entrepreneurs du projet…) ni sérieusement modifier le paysage.
« Il y a maintenant beaucoup moins d’opposition que par le passé »
Cité par la Bangkok Post, Attapol Charoenchansa, directeur général du DNP, tente de rassurer les plus sceptiques. « Il y a maintenant beaucoup moins d’opposition que par le passé, explique-t-il. Au contraire, nous constatons un soutien local important, motivé par l’espoir d’une augmentation des revenus communautaires. » Et d’ajouter que le nombre de visiteurs quotidiens sera limité à 5.000, évitant un engorgement qui, à coup sûr, rendrait la promenade beaucoup moins bucolique. S’il reconnaît enfin que les perturbations écologiques sont en pareil cas inévitables, il les espère limitées grâce à la technologie innovante du téléphérique, long de 4,4 kilomètres, qui ne devrait nécessiter la plantation que de quelques piliers au milieu des forêts.
Développer l’attrait touristique du parc national de Phu Kradueng
Un certain nombre d’autres innovations sont envisagées - améliorations routières, navettes, safari, observations d’éléphants dans leur habitat naturel - pour développer l’attrait touristique de l’endroit. Avec toujours le même difficile équilibre à trouver entre les besoins économiques de la région pour lesquels le développement du tourisme est une arme efficace, et la conservation de l’environnement, pour laquelle il peut être un ennemi. C’est à l’aune de toutes des contradictions que le projet a été reporté à plusieurs reprises depuis 2012.
Ce débat sur l’installation d’un téléphérique en rappelle d’autres
Ce débat si difficile à trancher en rappelle d’autres, qui ont notamment agité certaines régions de France. Ceux d’entre vous qui connaissent les stations alpestres des Arcs et de la Plagne se souviendront peut-être qu’il a fallu des années pour les relier par un téléphérique car le Parc national de la Vanoise les sépare. Jusqu’à ce qu’un jour une technologie inconnue jusqu’alors permette d’installer la remontée mécanique sans planter aucun pylône entre le départ et l’arrivée. Une formidable avancée même si personne ne peut honnêtement dire que le paysage n’en a pas été changé. Alors, si vous êtes courageux, dépêchez-vous d’aller vous balader dans le parc de Phu Kradueng.
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