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6e jour consécutif de manifestation à Bangkok depuis l’interdiction

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REUTERS / Jorge Silva - Les manifestants pro-démocratie ont fait le salut à trois doigts à 18h, au moment où l'hymne national retentissait dans toutes les stations métro de Bangkok, le 20 octobre 2020

Les manifestants anti-gouvernementaux thaïlandais ont défié pour le sixième jour consécutif l’interdiction de manifester faisant le fameux salut révolutionnaire à trois doigts durant l'hymne national dans des lieux publics de Bangkok.

Les manifestations ne cessent de s'intensifier malgré l’arrestation de plusieurs dizaines de personnes ces derniers jours. Deux dirigeants de la contestation -Parit "Penguin" Chiwarak et Panusaya "Rung" Sithijirawattanakul- ont de nouveau été appréhendés mardi sur de nouvelles accusations aussitôt après avoir été libérés sous caution pour d’autres charges.

"Ce n'est pas une manifestation sans chefs, mais tout le monde est un leader", a déclaré aux journalistes Tattep Ruangprapaikitseree -de son diminutif "Ford"- au centre commercial Siam Paragon, où des dizaines de personnes ont fait le fameux salut à trois doigts des "Hunger Games".

"Ce n'est pas de l'anarchie. Tout le monde a un jugement et fera ce qui est raisonnable", a déclaré Ford, qui a déjà été arrêté deux fois depuis le début des manifestations.

Le Premier ministre Prayuth Chan-O-Cha a accepté le principe d’une séance parlementaire d'urgence la semaine prochaine compte tenu de la crise, mais il a déclaré qu'il ne démissionnerait pas – ce que demandent les manifestants. Le camp politique de Prayuth Chan-O-Cha sont majoritaires au parlement.

Les manifestants demandent également des changements à la Constitution et la réduction des pouvoirs de la monarchie du roi Maha Vajiralongkorn.

Le gouvernement a imposé des mesures d'urgence jeudi dernier pour bloquer le mouvement de contestation, mais cela a eu pour effet de susciter l’indignation de la population, incitant davantage de gens à rejoindre les dizaines de milliers de protestataires déjà dans la rue.

Les manifestants avaient promis une grande surprise mardi si le gouvernement ne cédait pas à leurs revendications avant 18 heures - la libération de tous les militants détenus et la suppression du décret d'urgence.

Mais rien de notable ne s'est produit lorsque l’ultimatum est arrivé à échéance. Hormis le salut révolutionnaire au moment où l'hymne national était joué à 18h comme chaque jour, mardi aura été le jour le plus calme depuis l'imposition du décret.

Suspension de Voice TV

Un peu plus tôt dans la journée, une cour de justice avait ordonné la suspension de la chaîne de télévision en ligne Voice TV, réputée pour être critique de l’establishment royaliste. Les autorités accusent le media d’avoir enfreint les mesures d'urgence en vigueur depuis jeudi dernier interdisant de couvrir les manifestations d’une manière qui menacerait la sécurité nationale.

Le porte-parole du ministère du numérique, Putchapong Nodthaisong, a indiqué que Voice TV aurait également enfreint la loi sur la criminalité informatique reprenant de "fausses informations".

Le rédacteur en chef de Voice TV, Rittikorn Mahakhachabhorn, a déclaré qu'il continuerait de diffuser jusqu'à ce que l'ordonnance du tribunal arrive.

"Nous insistons sur le fait que nous fonctionnons sur la base de principes journalistiques, nous continuons donc actuellement notre travail ", a-t-il déclaré.

La Thaïlande a déclaré lundi que trois autres organisations médiatiques faisaient l’objet d’une enquête.

Souvenir des manifs de 2014

Voice TV appartient en partie à la famille Shinawatra de Thaksin Shinawatra et de sa sœur Yingluck, tous deux anciens Premiers ministres, et tous deux renversés par un coup d’Etat, le premier en 2006 et la seconde en 2014 par Prayuth Chan-O-Cha lui-même. Ils ont fui la Thaïlande pour échapper à des accusations de corruption qu'ils qualifiaient de purement politiques.

Le journal local The Nation rapporte que Yingluck Shinawatra s’est fendue samedi d’un message Facebook à l’attention de Prayuth Chan-O-Cha, lui rappelant son attitude d’alors, pour le moins conciliante vis-à-vis de la contestation, quand elle et son gouvernement s'étaient trouvés il y a un peu plus de six ans face à des manifestations menées par des groupes royalistes pro-armée demandant son départ et appelant les militaires à prendre le pouvoir. Les manifestations avaient duré sept mois et avaient justement débouché sur le coup d’Etat en mai 2014.

Cette année, les manifestations sont pour l’essentiel dirigées par des étudiants et des lycéens qui donnent du fil à retordre aux forces de l’ordre en déployant des tactiques nouvelles et très fluides qui contrastent avec les précédents mouvements protestataires basés sur une occupation prolongée et statique de zones spécifiques. 

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