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AVIGNON - Un festival en mode "Off"

De plus en plus inaccessibles, les spectacles programmés en "In"sont réservés à un public élististe et connaisseur. Heureusement, le "Off"réserve quelques bonnes surprises à Avignon

Les rues d'Avignon ont été recouvertes de pancartes pour inciter les visiteurs à se rendre aux représentations (Photo Marie Varnieu)

Spectateur lambda de théâtre, passez votre chemin ! Ce 61e festival d'Avignon s'inscrit dans la lignée de ses prédécesseurs : il crée la polémique.
Car la cinquantaine de spectacles programmés en "In"ne s'adresse plus au grand public mais plutôt aux spécialistes invétérés du théâtre. Une programmation très éloignée de la vision originelle du festival voulue par son créateur Jean Vilar.
Cette année, c'est l'auteur Valère Novarina qui a l'honneur de jouer son Acte inconnu dans l'un des plus beaux, si ce n'est le plus beau, lieu d'Avignon : la Cour d'honneur du Palais des Papes. Le public doit débourser 32 euros pour avoir une place confortable durant les 2h12 de spectacle. Mais certains n'amortiront pas leur investissement. Au bout d'une heure de jeu, quelques spectateurs quittent les lieux. D'autres, plus discrets, se laissent aller à de longs bâillements ou s'endorment lentement dans les bras de leurs amis.
La pièce, en soi, n'est pas mauvaise. L'idée est même attirante puisqu'elle nous concerne tous : le langage. Quelques perles peuvent même être dénichées ici et là : "Ta vie ressemblera à un feu rouge qui ne passera jamais au vert"ou encore "Là où il y a des hommes, il y a l'hommerie."Seulement, le tout semble décousu, complètement abstrait, totalement abscons. "Je défie quiconque d'avoir tout compris", lance un spectateur à la fin de la représentation. Seulement, un Novarina dans la cour du Palais des Papes, ça ne se refuse pas. "Si on vient à Avignon et qu'on ne va pas dans cette cour, ça ne vaut pas le coup !", témoigne une habituée des "In". "Mais j'avoue que depuis trois ou quatre ans, la programmation est incroyablement mauvaise, poursuit-elle. Certaines fois, avec des amis, on s'est demandé ce qu'on faisait là. On ne comprenait pas tout" Trop éloignés du public, trop chers, les spectacles du "In"restent inabordables au novice venu juste se faire plaisir.

L'envers du festival

Heureusement à Avignon, il y a le "Off". Plus de 800 pièces éclectiques, sympathiques, accessibles et compréhensibles. Cette année, Eric-Emmanuel Schmitt est "la"vedette de cet envers du festival. L'auteur y présente trois pièces et notamment les merveilleux "Oscar et la Dame Rose"et "L'Inconnu."Deux façons d'aborder la croyance en Dieu, le pourquoi du comment de son existence. Deux spectacles emplis d'humanité, d'amour, d'humour, de tendresse et de spiritualité. Une vraie bouffée d'oxygène pour le spectateur qui n'a pas l'impression d'être un laissez pour compte quand il va au théâtre.
Et c'est bien là tout l'intérêt du "Off", qui prend peu à peu le dessus sur le "In". Plus festif, il propose souvent des affiches alléchantes comme le pétillant "Sans elles", comédie enfantée par Matthieu Burnel, un des auteurs de série à succès comme "Samantha"ou "Un gars, une fille". Quant à la Chapelle de l'Oratoire, elle accueille la pièce "Pourquoi j'ai mangé mon père", librement adapté du roman éponyme de Roy Lewis. Une performance scénique splendide pour le seul interprète de la pièce qui mime aussi bien les animaux que les humains en quête d'évolution. Daniel Ricour est talentueux, plein d'énergie et enchante son public. Une vraie réussite, à l'image de ce "Off", qui gagne à être connu.
Marie VARNIEU. (www.lepetitjournal.com ) mardi 10 juillet 2007

Pour en savoir plus

Programme du festival In
Programme du festival Off

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