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AUDREY PULVAR – Privée d'antenne par la "jurisprudence Anne Sinclair"

Il n'aura pas fallu plus d'un quart d'heure à la chaîne de télévision i-TELE pour décider de la suspension de l'émission d'Audrey Pulvar, suite à l'annonce d'Arnaud Montebourg. Ce dernier, compagnon de la journaliste, a fait savoir qu'il serait candidat aux primaires socialistes pour la présidentielle de 2012. La chaîne n'est pas la première à agir dans ce sens


Son émission politique, "Audrey Pulvar soir", connaissait un succès grandissant, tout comme sa carrière. Mais, la journaliste a été bottée en touche à cause de sa relation amoureuse. En effet, les dirigeants d'i-TELE ont unilatéralement décidé de suspendre la quotidienne d'Audrey Pulvar (Photo AFP), après que son "petit ami", comme elle l'appelle, ait annoncé qu'il serait candidat aux primaires du PS pour les prochaines présidentielles, une décision qui ne fait l'unanimité ni des journalistes ni des politiques.

Politique et journalisme, deux mondes distincts?
"Il n y a pas de doute sur les qualités d'intervieweuse politique d'Audrey Pulvar, c'est peut-être même la meilleure, mais c'est une décision responsable" a affirmé la chaîne de télévision. Ses dirigeants ont expliqué avoir pris cette décision "à cause de la perception extérieure et aussi pour éviter que l'on s'en serve en direct face à elle". Le directeur général d'i-TELE, Pierre Fraidenraich, renchérit : "L'impartialité d'Audrey Pulvar ne peut être, naturellement, mise en cause mais il était de notre responsabilité d'éviter une confusion des genres préjudiciable, tant pour l'intéressée que pour la chaîne". Cependant, pour Julien Dray "cet acte, qui réduit une femme à son compagnon, relève en fait d'un machisme très surprenant pour une chaîne de télévision qui se veut jeune et moderne. [Il] demande donc à i-TELE de revenir rapidement sur sa décision". Face à cela, Michèle Tabarot, députée UMP, s'est déclarée "un peu attristée" pour Audrey Pulvar tout en soutenant que "pour un journaliste, aussi objectif soit-il, les suspicions de collusion, même infondées, peuvent causer des torts importants et entraîner une perte de crédibilité".

Audrey Pulvar n'accuse pas le coup
Si Arnaud Montebourg a déclaré "J'ai compris que j'étais le principal défaut d'Audrey Pulvar", sur le plateau de Canal + la journaliste s'est défendue: "Que ce soit sur i-Télé ou sur France Inter, si j'instrumentalisais l'antenne à des fins politiques, ça se verrait assez vite, et je fais un tout petit peu confiance aux journalistes de France Inter pour ne pas se laisser instrumentaliser par moi". Avant d'ajouter : "J'ai une carte de presse mais j'ai aussi une carte d'électeur (...). J'ai des opinions politiques, ça ne vous étonnera pas, qui ne sont pas forcément celles qu'on croit d'ailleurs".
En attendant un compromis pour retrouver l'antenne d'i-TELE, la matinale qu'elle anime sur France Inter le matin, de 6h à 7h, est maintenue.

La jurisprudence Anne Sinclair
En France, il semble qu'à chaque fois qu'un couple politique/journaliste se forme, l'un des deux doive sacrifier sa carrière. Tout commence en 1997, alors qu'Anne Sinclair décide elle-même  de quitter 7 sur 7, émission politique phare de l'époque, alors que Dominique Strauss-Kahn, son époux, est nommé au ministère des Finances. Dix ans plus tard, c'est au tour de Béatrice Schönberg de faire les frais de cette jurisprudence, alors que son mari, Jean-Louis Borloo, était en campagne pour Nicolas Sarkozy. Cette fois, c'est la direction de France 2 avait décidé d'écarter la journaliste du 20h. "Béatrice Schönberg n'a jamais commis la moindre faute, elle n'était pas suspecte, et puis d'un seul coup sa vie privée change, son mari change de statut et au fil des mois s'installe une espèce de surveillance et de suspicion, c'est très inconfortable" avait alors expliqué Arlette Chabot, directrice de l'information de France 2. Pour autant, il semblerait que les chaînes de télévision soient de plus en plus ouvertes à cela. Valérie Trierweiler, journaliste politique sur Direct 8, et compagne de François Hollande ne devrait pas voir son émission suspendue. "Pourquoi devrions-nous nous passer de l'expertise d'une excellente professionnelle (...)? Ce serait une faute et une erreur vis-à-vis de nos téléspectateurs" avait affirmé en octobre le patron de la chaîne, Yannick Bolloré. D'autres fois, la jurisprudence peut être adaptée: c'est par exemple le cas de Christine Ockrent qui avait du abandonner son émission politique "France Europe Express" alors que son mari, Bernard Kouchner, avait été nommé ministre des Affaires Etrangères en 2007. Quelques mois plus tard, elle avait pris la direction générale de France 24.
Marie Curci (www.lepetitjournal.com) mardi 23 novembre 2010

En savoir plus:
Article Europe 1: Pulvar a rassuré la rédaction d'i-Télé
Article 20 minutes: Audrey Pulvar privée d'émission: Julien Dray condamne