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Critique et cinéphilie : comment analyser un film?

Caméra, Photo de Jeremy Yap, pour UnsplashCaméra, Photo de Jeremy Yap, pour Unsplash
Caméra, Photo de Jeremy Yap, pour Unsplash

Tout au long du French Film Festival 2018, dont l’opening se tiendra jeudi prochain au Rialto Cinemas de Newmarket, le Petit Journal reviendra sur les films qui nous auront marqués au travers d’analyses et de critiques. C’est pourquoi il nous semblait important de vous donner des pistes sur ce qu’est une analyse, et comment nous envisageons la critique de films pour une meilleure compréhension des sujets. Vous avez toujours rêvé d’être le prochain François Truffaut ? Petit point méthodologique afin de mieux appréhender cet univers culturel et développer un sens critique de l'image cinématographique.

[Toutes définitions proposées dans cet article n'ont pas la prétention d'êtres exhaustives.] 

Qu'est ce que l'analyse de film?

L'analyse de film c'est étudier la construction d'un film, on décrit ce que l'on y voit. On cherche à comprendre l'intention de l'auteur et surtout ce que le film exprime en premier lieu. Une analyse se fait autant du point de vue de la forme (l'histoire) que celle du contenu (la technique). On peut imaginer, parmi d'autres propositions, l'analyse de film en trois dimensions. 1ère dimension; l'image cinéma. C'est ce qui constitue l'image, le plan cinématographique. 2ème dimension; le montage. Il permet l'articulation des images entre-elles. 3ème dimension; la forme sonore. L'analyse permet ainsi d'élaborer une critique de cinéma. 

 

MONTAGE CINEMA
Le montage fait partie d'une des dimensions lors de l'analyse d'un film

 

Qu'est ce qu'une critique de cinéma?

D'abord une critique de film c'est faire une analyse d'un film et dégager quelles sont ses qualités et ses faiblesses. Ce n'est pas simplement dire si oui ou non on a aimé le film mais plutôt rechercher les éléments qui font qu'il est intéressant ou non. Le but est d'informer pour persuader ou dissuader d'aller voir un film. Une critique de film reste avant tout subjective, elle reflète la réflexion de celui qui la rédige. Elle se base ainsi sur plusieurs éléments. D'abord le scénario, puis les personnages et le jeu d'acteur, enfin l'esthétique général du film. 

Alors c'est quoi un bon scénario?

Le scénario, c'est le squelette du film. Il repose la plupart du temps sur une dramaturgie traditionnelle (une histoire) grâce à laquelle le spectateur est tenu en haleine jusqu'au bout du film. La plupart du temps elle ce fait en trois actes. 1er acte; l'exposition. On découvre les personnages, le contexte et l'action. Il se termine sur un élément déclencheur qui nous conduit au 2ème acte; l'action. Il s'agit de l'élément perturbateur ou l'obstacle auquel va être confronté le personnage principal. Il s'achève par le point culminant de l'histoire, là où l'émotion ressentie par le spectateur est à son paroxysme. 3ème acte; le dénouement, la solution. 

Et un bon jeu d'acteur?

Pour croire à l'histoire le personnage doit être réussi. C'est l'acteur qui endosse ce rôle. Pour cela son jeu doit être crédible et doit transmettre des émotions. On oublie l'acteur, son dialogue s'enchaîne de manière fluide et naturel. Ses gestes, son attitude ne sont non plus caricaturaux, etc. Le personnage doit être travaillé, qu'il ait une personnalité forte ce qui lui permettra d'atteindre son but dans l'histoire. Le personnage doit être cohérent et unique pour susciter l'intérêt et la curiosité.

 

jean Dujardin oscar
Jean Dujardin, récompensé aux Oscars pour son jeu d'acteur dans The Artist en 2012

 

L'esthétique?

Voici la partie la plus subjective. On fait appel à la question du Beau, autrement dit du sensoriel et de l'émotion. On évalue donc la qualité d'un film sur ce qui a touché le spectateur: la musique, la couleur, l'image, etc. Mais nous pouvons aller plus loin, en se demandant si les éléments visuels et auditifs d'un film présentent des intérêts pour le spectateur. Autrement dit, s'il existe des liens entre ce que nous voyons et l'histoire par exemple. Quoi qu'il en soit, il s'agit d'un ressenti tout à fait personnel que le critique de cinéma partage avec ses lecteurs, car le cinéma c'est avant tout l'art de l'émotion!

A titre d'exemple, voici deux critiques de presse qui relèvent de l'opinion personnel de chaque auteur, paru sur le site officiel Télérama.fr (magazine spécialisé) pour Juste la Fin du Monde de Xavier Dolan en 2015 (adapté de la pièce de théâtre de Jean-Luc Lagarce). Aussi à l'affiche de l'Alliance Française French Film Festival édition 2017. 

Rappel synopsis:
 
Louis, écrivain à succès, sent que sa fin est très proche. Le jeune homme traverse le monde en avion pour retrouver son pays natal et annoncer la terrible nouvelle à sa famille. Mais, à peine arrivé chez les siens qu'il n'a pas vus depuis douze ans, Louis sent que l'atmosphère est particulièrement électrique. Alors que sa mère tente nerveusement d'organiser une réunion familiale comme dans le passé, Antoine, son frère, se montre très agressif, tandis que Suzanne, sa sœur, semble dépassée par les événements. Seule Catherine, la discrète épouse d'Antoine, donne l'impression de comprendre Louis...

 

JUSTE LA FIN DU MONDE Xavier Dolan
Marion Cotillard dans Juste la Fin du Monde de Xavier Dolan 

 

Critique lors de la sortie en salle le 24/09/2016 

Par Louis Guichard

POUR : Ce sixième long métrage de Xavier Dolan est aussi le premier où nul accent québécois ne retentit — les acteurs sont tous français. [...] A chaque comédien Xavier Dolan donne le temps de livrer de l'inédit. Il ose étirer les scènes plus que de raison, pour faire surgir des nuances et des intonations bouleversantes. Le grand frère prolo et ordurier (Vincent Cassel) semble d'abord un faire-valoir comique, jusqu'à ce que ses fêlures, hurlées, envahissent l'espace. La nervosité fofolle de la mère peinturlurée (Nathalie Baye) dévoile peu à peu une folie plus profonde, peut-être proche de la sagesse. La belle-sœur effacée et bafouillante (Marion Cotillard) devient une belle figure de la compassion, en même temps qu'une vestale de la vie qui doit continuer... Faire jouer à ces acteurs-là (sans oublier Léa Seydoux), tous célèbres et rayonnants, une partition aussi noire, radicale et minoritaire, d'un dramaturge plutôt méconnu, voilà un geste artistique fort et ambitieux. Une manière exemplaire d'entretenir la flamme de la cinéphilie. 

Par Jacques Morice

CONTRE : Sachons au moins reconnaître à Xavier Dolan le mérite de ne pas avoir cherché à capitaliser sur le triomphe de Mommy en séduisant à tout prix. Certes, il s'est choisi une pléiade d'acteurs, et pas la moins « bankable » qui soit. Certes, il balance toujours des tubes racoleurs (Moby...) : c'est son péché pas si mignon. [...] Plus embêtant encore : le cinéaste commet une erreur de débutant, en voulant à tout prix, à partir de la pièce, « faire cinéma ». Le recours systématique aux gros plans et le montage syncopé rappellent par moments l'hystérie des moins bons films de Patrice Chéreau (Ceux qui m'aiment prendront le train)... Ça parle beaucoup, ça soliloque, ça tourne méchamment en rond ou ça fait du surplace. Rien ne se dit, au fond. On a compris que c'était là le sujet : la claustration et la frustration de chacun, le déni, l'impuissance. Mais c'est moins cela en vérité qui est ici ausculté que la propre vanité de Dolan, ivre de son cinéma. Typique d'une forme de néo-pompiérisme de cinéma d'auteur, Juste la fin du monde est juste d'un ennui mortel. 

Source: Telerama

 

Maintenant, à vous de forger votre propre opinion sur chacun des films que vous verrez lors de l’événement de l’Alliance Française French Film Festival, édition 2018. Vous voilà clefs en main pour être de futur apprentis du cinéma!  
 

© Article par Fanny Stella

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