Aujourd’hui, la team LPJ Auckland donne la parole à Pierre Foucaud, météorologue à MetService. Après avoir débuté sa carrière dans la Marine Nationale en tant que Météorologiste - Océanographe, il a travaillé ensuite dans le privé comme consultant météo marine aux Emirats Arabes Unis puis à Singapour. Il vit à Wellington depuis 2016 avec son épouse et ses deux enfants, et nous invite a prendre conscience des conséquences du réchauffement climatique.
Il fait chaud !
À l’échelle de la planète, l’année 2018 s’annonce comme l’année la plus chaude jamais enregistrée. Elle va remplacer 2016 qui avait elle-même succédé à l’année 2015. À travers l’hémisphère Nord, nous avons observé cet été chez Metservice des vagues de chaleur en Amérique du Nord, en Europe et en Asie. Des sècheresses intenses ont suivi, souvent accompagnées d’incendies gigantesques faisant parfois de nombreuses victimes comme celui d’Attica en Grèce où 98 personnes ont perdu la vie, incendie le plus mortel depuis plus de 100 ans en Europe.
Cette année, les climatologistes ont pu produire très rapidement des rapports préliminaires en quelques jours sur la vague de chaleur en Europe et établir un lien avec le réchauffement climatique. Ils ont même émis la probabilité que de telles vagues de chaleur soit deux fois plus fréquentes dans les prochaines années. (Rapport par le Dr Friederike Otto - Environmental Change Institute – Université d’Oxford)
En Asie, le Japon a subi en 8 semaines plusieurs phénomènes extrêmes : des inondations catastrophes fin juin, une vague de chaleur de 15 jours en juillet, puis 6 typhons dont le plus puissant depuis 25 ans. Sans oublier le tremblement de terre majeur à Hokkaido en Septembre. Dans l’hémisphère sud, c’était l’hiver. Mais paradoxalement il y a aussi eu des sècheresses importantes et les pompiers australiens parlent maintenant de risque permanent d’incendies de forêt et non plus saisonniers.
Quant à la Nouvelle-Zélande, nous avons eu l’été 2017-2018 (Décembre 2017 à Février 2018) le plus chaud jamais observé, incluant aussi deux évènement pluvieux extrêmes crées par 2 ex-tempêtes tropicales.
L’hiver a été plutôt doux, voir chaud. Le mois de juin fut sec surtout pour l’ile du Sud et juillet 2018 a connu une moyenne de 8.9°C, soit +1.1°C plus chaud que la moyenne des mois juillet enregistrés. Le mois d’août fut à nouveau sec et plus chaud que la moyenne. Par contraste, le mois de Septembre qui annonce le printemps fut plutôt médiocre avec des températures moyennes proches de la normale et surtout des précipitations au-dessus de la moyenne.
Alors ? Peut-on attribuer tous ces records et phénomènes au changement climatique ?
En tant que météorologue, cette question m’est très fréquemment posée. Et ma réponse est la suivante : « le changement climatique agit sur le temps, tout le temps. » Le réchauffement de la planète ne crée pas de phénomènes météorologiques extrêmes, ils les amplifient parfois juste un peu, parfois de manière significative. Mais de nos jours, le temps est presque constamment affecté par le changement climatique.
David Grimes, le président de l’Organisation Météorologique Mondiale (OMM/WMO), nous a fait l’honneur de visiter MetService récemment et j’ai pu échanger quelques mots avec lui lors d’un repas et je lui ai posé la question suivante : « Un rapport récent de la Banque Mondiale soulignait l’urgence absolue de prendre des décisions fortes et drastiques pour lutter contre les gaz à effets de serres. Qu’en pensez-vous ? » David Grimes m’a répondu par un tweet du président Barack Obama en Septembre 2014 : « Nous sommes la première génération à connaitre les effets du réchauffement climatique de manière significative et nous sommes la dernière à pouvoir faire quelque chose pour lutter contre ».
CQFD.