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L'ambiguïté écologique de la Nouvelle-Zélande (1/2)

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Lac Milford,
Écrit par Lepetitjournal.com Auckland
Publié le 27 juin 2018, mis à jour le 27 juin 2018

La Nouvelle-Zélande, un pays green and clean : mythe ou réalité ?

La réputation de la Nouvelle-Zélande la précède : une terre préservée, sauvage, saine. Les zones protégées sont vastes proportionnellement à la surface des deux îles. Le tourisme est fondé sur la promesse d'une expérience de nature et de pureté. Une image qui en a fait rêver plus d'un. Pourtant, depuis quelques années cette vision est ternie. 

Lanceurs d'alertes, critiques internationales et politiques environnementales mettent la puce à l'oreille. Quelque chose ne tourne pas rond. Pourquoi ce pays paradisiaque devrait-il se mettre aux normes écologiques des organisations internationales ? Quelles sont les raisons de ces promesses politiques d'une amélioration de l'impact environnemental du pays ? Volonté de rester au top de l'écologie ? Ou nécessité de réduire un impact négatif ? Petit bilan de la situation néo-zélandaise.

 

La construction d’un mythe écologique 

La réputation de la Nouvelle-Zélande en tant que pays green and clean s'est construite sur plusieurs décennies. Elle est le fruit de différents facteurs.

Tout d'abord, le pays s'est montré défavorable à l'énergie nucléaire et aux OGM dès la fin des années 1980. Le NZ Nuclear Free Zone, Disarmament, and Arms Control Act est adopté en 1987. Ces positions ne sont pas prises dans une volonté écologique à l'époque. Mais le temps et les problématiques futures les associeront à la protection de l'environnement par la suite. Et de fait, aujourd'hui 80 % de la production d’électricité du pays provient principalement de l'hydroélectricité, de la géothermie et de l'énergie éolienne. La Nouvelle-Zélande fait partie des pays de l'OCDE qui ont la plus grande proportion d'énergie issue de sources renouvelables.

 

energie renouvelable nouvelle zelande
Te Apiti Wind Farm, Manawatu, New Zealand @Jondaar_1 on Flickr


La Nouvelle-Zélande est également connue pour ses espaces verts. Avec treize parcs nationaux, près d'un tiers de ses terres sont des aires protégées. Ces étendues sont gérées par le Department of Conservation. La nature, y compris dans les villes, est omniprésente. D’ailleurs, l'agence de voyage TravelBird désigne Auckland deuxième ville la plus verte au monde en 2018.

Enfin, les Kiwis ont à coeur cette nature qu'ils veulent respecter et garder intact. Le secteur primaire est très développé dans ce pays où le travail agricole est toujours bien vu. Une étude, Statistics New Zealand general social survey (GSS), menée sur 9000 Kiwis entre 2016 et 2017 montre que l'environnement est considéré par les habitants comme le premier caractère définissant la Nouvelle-Zélande.

A partir de ces facteurs, plusieurs acteurs ont contribué à la construction et la circulation internationale d'une image green and clean de la Nouvelle-Zélande. Les agences de tourisme en sont sûrement un des principaux. La campagne "100 percent Pure New Zealand" lancée en 1999 en est le plus bel exemple.

 

100% Pure New Zealand
Retrouvez la campagne ici

 

L’effondrement d’un mythe ? 

Est-ce aujourd'hui tout un mythe qui s'effondre ? Si l'image paradisiaque a pris un coup ces dernières années, elle  n'en est pas moins morte. Le tourisme reste fondé sur ce mythe et il ne faut pas oublier certaines réalités. L'énergie renouvelable, le refus du nucléaire, la volonté de préserver la nature sont toujours présents. Mais ils ont des limites et d'autres facteurs ont été mis en lumière pour juger la situation environnementale actuelle du pays. 

Les problèmes environnementaux de la Nouvelle-Zélande ont été mis en avant dès les années 1990. Mais il faut attendre 2015 pour une prise de conscience et une réaction politique. La Nouvelle- Zélande alors présente à la COP 21 à Paris est pointé du doigt par la Climate Action Network (CAN). Ce réseau de 1300 ONG, annonce leurs prix "Fossils of the day". Depuis 1999, ces récompenses sont attribuées aux pays jugés les "meilleurs pour empêcher l'amélioration des négociations sur le climat". La Nouvelle-Zélande est désignée première cette année-là, aux côtés de la Belgique. Par ailleurs, l'OCDE met en avant le retard du pays sur les normes environnementales des accords internationaux. Suite à cette exposition, Aotearoa connait un nouveau tournant écologique.

 

Nouvelle Zelande COP 21
A l'ouverture de la COP 21, John Key, Premier Ministre de Nouvelle-Zélande, déclare son intention de baisser les émissions pour 2030.


Pourtant aujourd'hui encore les Kiwis sont les premiers à croire à leur mythe. "Malheureusement la réalité est que les Néo-Zélandais ne comprennent pas que ce qu'ils pensent être important (l'environnement) est en crise, dans une situation critique " déclarait le Directeur exécutif de Forest and Bird, Kevin Hague, en réponse à l'étude GSS précédemment citée. 

Pour comprendre cette situation, il faut poser le contexte. La Nouvelle-Zélande est un pays nouveau. Il y a 30 ans, elle n'avait pas le même rythme de consommation, de tourisme, de production. Les grandes surfaces et l'agriculture intensive débutaient à peine. Ainsi son fort impact environnemental est aussi récent que la critique à laquelle elle fait face. Le développement de pratiques néfastes pour l'environnement en Nouvelle-Zélande a eu lieu au moment où des pays comme la France prenaient des mesures de protection écologique.

Malgré tout, les Kiwis prennent conscience de la situation de leur terre, entre mythe et réalité, protection et développement. L'Environment Aotearoa 2015 report a été le premier dans son genre, produit par le Ministère de l'environnement et Statistics NZ. Depuis, chaque année est produit un nouveau rapport. En 2018 encore, les chiffres laissent apparaitre un impact négatif de ses pratiques.

 

Quel bilan pour la Nouvelle-Zélande ? 

La Nouvelle-Zélande ne produit qu’une part minime des émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES), mais les élevages laitiers intensifs, les transports routiers et les activités industrielles ont fait progresser ses émissions brutes de GES de 23 % depuis 1990. Près de 50% des émissions de gaz à effet de serre sont issues de l'agriculture et élevage dans le pays, contre 10 à 12% à l'échelle mondiale.

La quantité et la qualité du sol sont affectées par l'érosion et l'intensification de l'agriculture et l'expansion urbaine (la taille des villes a augmenté de 10% entre 1996 et 2012). Alors que cinq indicateurs sur sept de la qualité du sol se situent dans la fourchette ciblée, deux indicateurs sont préoccupants car trop élevés :  la teneur en phosphore dans le sol et la macroporosité,  qui peuvent avoir des effets négatifs sur la qualité de l'eau.

 

industrie laitiere en nouvelle zelande
@ Dave Allen

 

La qualité de l'eau se dégrade, c'est une des plus importantes conséquences. Selon un rapport gouvernemental, sept des dix rivières contrôlées étaient impropres à la baignade en 2017.

La biodiversité et les écosystèmes autochtones continuent d'être menacés. 83% des oiseaux natifs, reptiles, chauves-souris et grenouilles sont classés espèces menacées ou en voie d'extinction. La population marine est la première en danger.

 

La Nouvelle-Zélande connaît une situation ambiguë quant à son environnement. Entre pureté et pollution, volonté et action, mythe et réalité, elle est à un tournant de son évolution. Cela passe notamment par une politisation de l’enjeu écologique de plus en plus visible.


 

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