Citoyen du monde de longue date et habitant depuis peu en Nouvelle-Zélande avec sa famille, Frédérik Cornu a choisi cette dernière pour sa qualité de vie. En poste chez KiwiRail, il nous explique comment s'est passé son recrutement, quel est son rôle au sein de cet acteur majeur du secteur public et enfin quelle est la vision de la Nouvelle-Zélande pour les prochaines années.
Bonjour Frédérik, pouvez-vous vous présenter ? D’où venez-vous ? Quel est votre parcours ?
Je suis originaire de Normandie. Lors de mes études d’ingénieur en génie civil, j’ai travaillé sur le chantier du métro du Caire en Égypte, ce qui m’a fait réaliser que je souhaitais vivre et travailler à l’étranger. J’ai donc décidé de faire ma dernière année d’études en Angleterre. Cela m’a aidé pour partir en Volontariat International en Administration (VIA) 1 an et demi au Japon. Par la suite, j’ai travaillé aux Emirats Arabes Unis, en France, en Iran, puis j’ai passé plus de 16 ans en Chine dans différentes villes et entreprises. Lors de la naissance de notre fille, je me suis rendu compte que les conditions de vie - la pollution en particulier - n’étaient plus optimales.
Pourquoi avoir choisi la Nouvelle-Zélande ?
Nos critères étaient un endroit où il faisait bon vivre, un bel environnement de vie, une sécurité physique, une économie croissante et des gens bienveillants. Nos choix se sont dirigés vers l’Australie et la Nouvelle-Zélande, c’est finalement cette dernière que nous avons choisie, notamment grâce à l’offre d’emploi que j’ai reçue.
Vous travaillez chez KiwiRail, comment s’est passé votre recrutement ?
Alors que nous étions rentrés à Paris, mon ancienne entreprise n’avait pas de poste à me proposer en Océanie. Sans aucune expérience, ici, j’ai abordé ma recherche de poste comme une démarche commerciale. J’ai effectué depuis la France plusieurs voyages de prospection en Australie et un en Nouvelle-Zélande. Le but était de comprendre le marché, ses besoins et opportunités, de me présenter, d’avoir des rendez-vous directement et de montrer ma motivation. J’avais entre 4 et 6 rendez-vous par jour. À la suite de mon voyage début 2019, j’ai eu deux propositions qui n'ont pas abouti. Puis en août 2019 trois autres : deux en Australie et une en NZ avec KiwiRail. La suite, vous la connaissez.
Pouvez-vous nous en dire plus sur votre rôle au sein de KiwiRail ?
J’ai rejoint KiwiRail en novembre 2019 dans l’équipe en charge de la réalisation des projets d’infrastructures ferroviaires sur la région d’Auckland. Il faut savoir que le système ferroviaire en Nouvelle-Zélande était bien développé au début du XXe siècle. Ainsi, en 1920, New Zealand Railways (ancien nom de KiwiRail) transportait déjà 6 millions de tonnes de marchandises et l’équivalent de 28 millions de passagers par an, alors que la NZ venait juste de dépasser 1 million d’habitants. Avec l’arrivée de la voiture, le train a été délaissé à partir des années 1950. KiwiRail a été privatisé, puis est redevenu public, le réseau a été réduit par la fermeture de plusieurs lignes et l’État a sous-financé les infrastructures ferroviaires pendant des années.
Aujourd’hui, une des priorités est de re-développer les transports publics en général et le ferroviaire en particulier, et il y a beaucoup de choses à mettre en place. Mon rôle est d’aider cette transition, car KiwiRail n’a pas eu de grands projets d’infrastructures depuis de nombreuses années. Mes missions sont très variées: appels d’offres, gestion de projets, ressources humaines, assurance qualité…
Quels sont les projets en cours ?
Les projets en cours de KiwiRail sont l’électrification de la ligne au sud d’Auckland, la construction de voies ferrées supplémentaires, de nouvelles gares, la remise en état du réseau, le développement du métro…
La région d’Auckland est justement sur le point d’entrer dans une nouvelle ère pour le développement d’infrastructures et transports publics… Quelle est la vision de la NZ pour les prochaines années ? Les principaux challenges auxquels le pays est confronté ? Son ambition ?
Comme évoqué auparavant, la NZ souhaite développer et promouvoir les transports publics, pour plusieurs raisons. Il y a un problème au niveau du développement urbain, en particulier l’étalement urbain et l’usage intensif de la voiture particulière pour la majorité des déplacements. Auckland a besoin de densifier ses zones urbaines, ce qui se traduira par exemple par moins de maisons individuelles et plus d’appartements, et devrait aider à freiner la hausse des prix de l’immobilier. Cette réflexion sur la planification urbaine, les infrastructures et les transports, inclut les lieux d’habitation, mais aussi les lieux de travail, les zones de commerces, les écoles et les services publics. Il faut permettre aux personnes de se déplacer sans que la voiture soit la seule option et sans qu’elles soient coincées pendant des heures dans les embouteillages.
De plus, dans le cadre de la lutte contre le changement climatique, la NZ a l’ambition d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. Le train (transport de passagers et de marchandises) est l’une des solutions pour réduire significativement l’empreinte carbone du secteur des transports : chaque année en NZ, le train évite ainsi l’émission de 2.5 millions de tonnes de CO2 et 26 millions de trajets en voiture à Auckland et Wellington. Les bénéfices du rail pour l’économie sont aujourd’hui évalués à $2.1 milliards par an, ce qui est largement supérieur aux investissements du gouvernement dans le réseau ferroviaire. Le gouvernement vient d'ailleurs de publier son “plan rail”, qui décrit la vision, la stratégie et des exemples de projets ferroviaires pour les 10 prochaines années en Nouvelle-Zélande. Comme on dit ici: “Exciting times ahead” !