Pour sa 3ème édition, l’événement 100% bleu blanc rouge a mis l’accent sur la richesse de la culture et du patrimoine artistique français. Visite guidée de trois expositions présentées au stand de l’Alliance Française Auckland.
En cet après-midi pluvieux propre à l’hiver aucklandais, la puissante voix d’Edith Piaf résonne au milieu d’une foule de curieux rassemblés sur Quay Street. Malgré la météo capricieuse, l’ambiance au Cloud et au Shed 10, elle, est plus que chaleureuse. Soigneusement emmitouflés sous une épaisse couche de vêtements, un groupe se presse autour d’un stand dégageant une forte odeur de fromage. Des Français s’impatientent à l’idée de déguster la traditionnelle raclette, le plat phare de l’hiver dans l'hexagone. S’ils ne parlent pas la même langue, Gaulois et Kiwis partagent une passion commune : celle de leur amour pour la bonne chère tricolore. Dégustation de vins et de crêpes, vente de baguettes, de saucissons et d’éclairs au chocolat... Le ton est donné : pour 4 jours, Auckland a le coeur qui bat français. Et pas seulement pour la nourriture. En effet, le Renault French Festival est aussi l’occasion pour les néo-zélandais de vivre une véritable plongée dans la culture française. Et ainsi découvrir un autre visage de la France, loin des clichés.
« Il est intéressant de voir que les spectateurs ne sont pas seulement venus pour consommer : la plupart veulent aussi une immersion dans la culture française », déclare la directrice de l’Alliance Française Auckland, Frédérique Terzan. Cette année, le stand de l’institution culturelle expose les oeuvres de cinq artistes français. « L’Alliance Française a une double mission : enseigner le français et diffuser la culture francophone dans son ensemble. Il était donc important de mettre l’accent sur l’art au French festival. Et les gens prennent vraiment plaisir à s’arrêter au stand pour découvrir les oeuvres. »
“Il est important pour moi de faire vivre mes racines françaises dans mon art”
Le stand de l’Alliance Française est à l’image de la culture francophone : très diversifié. Parmi les artistes exposés, il y a Béatrice Carlson. Originaire de Nice, elle s’est installée en Nouvelle-Zélande il y a 15 ans. Elle participe régulièrement à WOW (World of Wearable Art) et a gagné la deuxième place du prestigieux concours en 2012. “Je travaille sur de multiples supports tels que la création de vêtements, la confection de bijoux ou de masques, le collage, la peinture...”, indique-t-elle.
Ses oeuvres évoquent un corps-à-corps saisissant entre la nature et la civilisation, entre l’animalité et l’humanité ; mais aussi entre la France et la Nouvelle-Zélande. Une fusion multiculturelle non seulement dans les sujets mais aussi avec les techniques et supports employés. Chez Béatrice Carlson, on devine à la fois l'influence de Matisse, figure impressionniste majeure du 20ème siècle, mais aussi celle des éléments chers à la culture Māori, dont la nature est au centre. À l’image du “koru”, la fougère en pousse, figure hautement symbolique de croissance, de force et de paix, très présent dans les oeuvres de Béatrice. “La Nouvelle-Zélande est mon pays de résidence mais il est très important pour moi de faire vivre mes racines françaises dans mon art. Je trouve que les deux cultures se complètent à merveille.”
“Montrer une autre Paris, loin des cartes postales”
Ah, Paris ! La tour Eiffel, les Champs-Elysées, Montmartre… La ville lumière est passée sous le coup de crayon, le pinceau et l’objectif de milliers d’artistes au fil des âges. “C’est une ville magnifique qui fait fantasmer beaucoup de gens mais qui est souvent représentée de manière très clichée” déplore Pascal Dosset.
Avec sa série photographique originellement composée de 75 clichés, l’artiste a voulu montrer un autre visage de sa ville natale en multipliant les effets visuels saisissants, de la distorsion des éléments aux contrastes très prononcés. À l’image de son cliché représentant une tour Montparnasse difforme et pixellisée sur fond rose. Si le photographe a aussi recours à des techniques de prises de vues plus traditionnelles, comme on peut le voir avec son travail en négatif sur les rues de la capitale, sa démarche artistique se veut “unique et surréaliste”. “Mon but est avant tout de montrer une autre Paris, loin des cartes postales que l’on vend aux touristes”, déclare-t-il.
Une chose est sûre, les spectateurs ne sont pas insensibles à cette approche. “Quand on me dit “Paris” j’ai toujours une image très stéréotypée qui apparaît dans ma tête : une vue de nuit sur la tour Eiffel depuis la Seine. C’est vraiment bien de découvrir la ville sous un autre angle artistique”, confie une spectatrice néo-zélandaise.
Reconstruire Notre-Dame de Paris, comme si vous y étiez
Les images impressionnantes avaient fait le tour du monde. Le 15 avril 2019, le toit de la cathédrale Notre-Dame de Paris, monument iconique de la capitale, s’embrasait devant des centaines de témoins hébétés. Joyau architectural de style gothique achevé au 14ème siècle, le bâtiment devrait être restauré en moins de cinq ans, conformément au projet de loi fraîchement adopté par l’Assemblée nationale le 16 juillet dernier.
Au détour de cette actualité, le stand de l’Alliance Française Auckland a proposé une immersion dans les combles de la cathédrale grâce à la réalité virtuelle. Ce procédé technologique permet au spectateur de simuler sa présence physique dans un univers créé de toutes pièces par un logiciel. Une fois le casque enfilé, les participants ont pour mission de modeler le nouveau toit de Notre-Dame. “Les enfants sont les plus créatifs”, confie Alejandro Davila, fondateur de l’entreprise Conical, qui a réalisé le projet. “Certains veulent être plus fidèles à la réalité tandis que d’autres vont préférer peindre le toit de toutes les couleurs. La réalité virtuelle stimule notre imagination c’est pourquoi les jeunes sont particulièrement fans de ce genre d’expérience”. Mais les adultes également : durant les quatre jours de festival, de nombreux parents se sont prêtés à l’exercice sous le regard amusé de leurs enfants pour une immersion bleu blanc rouge 100% réussie.
Reportage réalisé par l’Alliance française Auckland et les élèves de l’atelier de journalisme David Williams, Clare Preston et Patrick Wong.