Édition internationale

AUBRY/HOLLANDE – Une Gauche molle, dure ou solide?

Les deux finalistes du premier tour de la primaire citoyenne se sont retrouvés mercredi soir pour un ultime round télévisé. Entre une Martine Aubry offensive et un François Hollande galvanisé par l'appui officiel de Ségolène Royal, la convergence d'idées semble plus de mise que la divergence, mais il faudra bien trancher

Pour leur dernier affrontement télévisé avant le grand vote de dimanche, Martine Aubry et François Hollande (AFP) ont commencé par quelques échanges aimables afin de bien réaffirmer la sérénité de mise depuis le début de la primaire citoyenne. La maire de Lille (30,42% des voix au premier tour) a souligné les "relations amicales et franches" qui la lient au député de Corrèze (39.17%) tandis que ce dernier a rappelé leur"respect" mutuel. Toutefois, les échanges se sont ensuite faits plus vifs sur le plateau de France 2 alors que les dés seront jetés ce 16 octobre avec la désignation du candidat socialiste à l'élection présidentielle. Mais plus que sur le fond, c'est semble-t-il par leurs différences de style et de tempérament que les deux finalistes ont tenté de se démarquer.

Des divergences de points de vue


Martine Aubry et François Hollande ont fait part à plusieurs reprises de leurs différences de point de vue notamment sur la question de la réduction des déficits, de la réforme fiscale, de l'aide à la Grèce, du droit de vote des immigrés aux élections locales ou encore des négociations d'adhésion de la Turquie. Toutefois, les deux anciens secrétaires du PS sont favorables à un retour de l'âge légal de la retraite à 60 ans pour les personnes ayant cotisé pendant 41 ans ou ayant exercé un emploi pénible. Ils tombent aussi d'accord sur une séparation des banques de dépôt et des banques d'affaires, reprenant là une idée d'Arnaud Montebourg, arrivé troisième lors du premier tour des primaires (17% des voix). Tous deux sont aussi revenus sur le protectionnisme, un thème également cher au député de la Saône-et-Loire, qui n'a pas encore donné de consignes de vote. François Hollande souligne pour sa part qu'on "peut être pour l'économie ouverte, mais pas pour l'économie offerte. Quand il y a un pays qui ne protège pas nos brevets, ce pays-là ne peut pas venir chez nous". Martine Aubry, elle, parle de "juste échange".

Finie la gauche molle, la gauche dure s'oppose à la gauche solide

Plus que jamais François Hollande a soigné son image de présidentiable et de rassembleur. Dopé par les ralliements de Manuel Valls, Jean-Michel Baylet et, surtout celui de Ségolène Royal, annoncé juste quelques heures avant le débat, il est apparu grave mais souriant. Pour sa part, Martine Aubry s'est montrée plus offensive. "Face à la droite dure, face à une crise qui dure, il faut une gauche forte" afin de "mettre les banques au pas, mener la transition écologique et la sortie du nucléaire", a lancé la maire de Lille. "Je n'ai pas envie d'une gauche dure. On sort de cinq ans d'une présidence brutale. Nous aurions, nous, une candidature sectaire? Je ne le veux pas. Il faut une gauche solide", a rétorqué son adversaire.

Qui sera le Premier ministre de l'autre?
En fin de soirée, Martine Aubry, qui a été le numéro deux du gouvernement de Lionel Jospin entre 1997 et 2000, a insisté sur  "l'importance de l'expérience", et a rappelé son travail en tant que premier secrétaire du PS. "François parle beaucoup de rassemblement depuis deux-trois jours. Quand je suis arrivée, j'ai trouvé un Parti socialiste qui n'était pas rassemblé !", s'est-elle exclamée. Pour réponse, François Hollande, qui n'a jamais été ministre, se présente comme quelqu'un de "neuf" et qui "a gagné toutes les élections". Au final, quelques passes d'armes mais pas de guerre fratricide hier soir entre ceux qui apparaissent désormais former un duo incontournable de la politique française, avec l'évocation que l'un pourrait très bien devenir le Premier ministre de l'autre. Dimanche, il faudra néanmoins un gagnant et un perdant, même si les deux finalistes ont affirmé leur désir "évident" de se rallier au vainqueur dès l'annonce des résultats.

Julie Ketkosol (www.lepetitjournal.com) jeudi 13 octobre 2011

En savoir plus:

Le Point.fr: Aubry-Hollande, duel au sommet
Le Figaro: Hollande-Aubry, un débat feutré malgré des tensions

Lire aussi dans notre édition de Londres: DÉBAT HOLLANDE - AUBRY - Proches sur le fond, moins sur la forme

Lire aussi: PRIMAIRES SOCIALISTES ? Duel Hollande-Aubry

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