Fin novembre, Thessalonique, deuxième ville de Grèce, a marqué un tournant historique avec l’inauguration de son premier métro, un projet attendu depuis près de deux décennies. Cette cérémonie, mené par la Présidente de la République hellénique Katerina Sakellaropoulou et le Premier ministre Kyriakos Mitsotakis, a symbolisé non seulement la concrétisation d’un chantier colossal mais également un espoir renouvelé pour les habitants de la région
Un chantier aux multiples défis
Lancé en 2006, le projet du métro de Thessalonique s’est rapidement heurté à des obstacles d’envergure. Des découvertes archéologiques majeures ont jalonné les travaux, obligeant les équipes à concilier modernisation urbaine et préservation du patrimoine. La station Venizelos illustre parfaitement ce défi : transformée en véritable musée souterrain, elle abrite des vestiges datant de l’époque byzantine, notamment des routes pavées et des structures commerciales. Ces trésors archéologiques, découverts sous plusieurs mètres de terre, sont aujourd’hui intégrés à l’architecture de la station, offrant aux passagers une immersion unique dans l’histoire de la ville.
Mais les enjeux archéologiques ne sont pas les seuls responsables des retards : des complications techniques, des ajustements budgétaires, et des désaccords politiques ont également contribué à ralentir l’avancée des travaux. Avec un coût total estimé à 3,6 milliards d’euros, ce projet s’est imposé comme l’un des plus complexes et des plus coûteux de l’histoire des infrastructures grecques.
Un métro à la pointe de la modernité
Malgré ces défis, le métro de Thessalonique brille par son design novateur et ses technologies de pointe. La ligne inaugurale comprend 13 stations, reliées par un tracé de 9,6 kilomètres, et dispose de trains automatisés, fonctionnant sans conducteurs. Bien que des agents soient présents pour des raisons de sécurité, cette avancée technologique illustre la volonté de la Grèce de s’aligner sur les normes de transport les plus modernes en Europe.
Chaque station possède sa propre identité architecturale et certains arrêts, comme Venizelos ou Agia Sofia, se distinguent par leur mise en valeur des trouvailles historiques. Ce choix de design contribue non seulement à l’attrait culturel du métro, mais offre aussi une expérience visuelle unique à ses utilisateurs.
En termes de capacité, la ligne peut transporter jusqu’à 254 000 passagers par jour, un chiffre qui pourrait grimper à 350 000 après l’ajout de nouvelles rames. Ce métro, bien plus qu’un simple mode de transport, promet de transformer durablement la mobilité urbaine dans une ville jusque-là asphyxiée par la circulation automobile.
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🇬🇷🚇 Thessaloniki, Greece, finally opened its new metro system today!⁰➡️ 9.6 km (100% underground)⁰➡️ 13 stations
➡️ Driverless trains⁰➡️ 315,000 daily riders expected⁰🏛️ Museum-like stations, showcasing archaeological artifacts found during construction 🏺
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Un impact profond pour Thessalonique
L’ouverture de ce métro marque un changement fondamental pour les habitants de Thessalonique. La ville, souvent critiquée pour ses embouteillages et son réseau de bus vieillissant, entre dans une nouvelle ère de mobilité. Ce passage à un système de transport intégré, combinant bus et métro, s’inscrit dans une stratégie plus large de modernisation des infrastructures publiques grecques.
Outre les bénéfices pratiques, ce projet a également un impact économique significatif. L’amélioration de la connectivité urbaine devrait favoriser le développement du commerce local et renforcer l’attrait touristique de Thessalonique, déjà reconnue pour son patrimoine culturel riche et sa scène gastronomique dynamique. Cependant, certaines voix s’élèvent pour critiquer l’absence de liaison directe avec des points stratégiques tels que l’aéroport international ou les terminaux de bus interurbains, une omission qui pourrait limiter l’efficacité globale du réseau.
Une vision pour l’avenir
Malgré ces critiques, l’extension du métro est déjà en cours de planification. La ligne Kalamaria, dont l’ouverture est prévue d’ici 2025, viendra compléter le réseau actuel et desservira de nouveaux quartiers. Cette expansion s’accompagne d’une ambition écologique : encourager les habitants à délaisser leurs voitures personnelles au profit d’un transport public fiable et durable.
L’impact environnemental positif de cette initiative est également à souligner. En réduisant le nombre de véhicules en circulation, le métro contribuera à diminuer la pollution atmosphérique, un problème chronique dans les grandes villes grecques.
Pour les habitants de Thessalonique, ce métro représente bien plus qu’un moyen de transport : il incarne la persévérance et la capacité de la ville à relever des défis monumentaux. Après des années de frustrations et d’incertitudes, l’inauguration de ce projet est perçue comme une victoire collective.