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ART - Une couronne pour Basquiat


Tandis que le documentaire de Tamra Davis "Basquiat, the radiant child" est sur les écrans, le Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris accueille la grande rétrospective consacrée à l'icône de l'art des années 80 dont l'?uvre demeure aussi fulgurante que la vie


In Italian, 1983 (Courtesy The Brant Foundation, USA)

Jean-Michel Basquiat n'aura jamais cinquante ans. Comme Rimbaud, Hendrix, Joplin, Cobain, sa vie se sera consumée à grande vitesse. Mort à 27 ans d'une overdose, il a rejoint dans l'imaginaire collectif le panthéon romantico-rockn'roll des jeunesses brûlées.

L'étoffe du mythe vient de la rue. Née en 60 d'un père haïtien et d'une mère porto-ricaine, il se nourrit des graffitis et de la culture hip hop émergente dans le New York de la fin des années 70. En compagnie d'Al Diaz, rencontré au lycée, il signe les murs du sud Manhattan de l'acronyme SAMO, pour the Same old shit...  Il fréquentera ensuite Keith Haring, Andy Warhol ...

Mais le mythe ne saurait occulter la fréquentation assidue des musées, le goût de la culture et la curiosité insatiable du jeune homme. Remarqué lors d'expositions collectives, il est rapidement invité à travailler avec de grandes galeries et n'a que 21 ans quand il est présenté à la documenta de Kassel.

C'est la consécration. Les années 80 commencent et son ?uvre picturale, vive, colorée est à des années lumières du conceptuel et du minimalisme dominant.

(Photo Afp)

La force et la science de la grande peinture

Après la Fondation Beyeler, à Bâle cet été, c'est le Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris qui rend compte de l'incroyable foisonnement de cette carrière éclair. En dix petites années, Basquiat aura réalisé près de 1.000 peintures, parfois sur des supports improbables, des réfrigérateurs, des palettes...

Sur toutes, les signes, les mots, les lignes et les couleurs s'entrechoquent dans un déferlement inouïe d'énergie. Nées de la juxtaposition parfois sibylline d'éléments disparates, de références pêle-mêle à l'Afrique, aux héros de la culture populaire, au jazz, à la boxe, ses toiles ont pourtant l'évidence miraculeuse d'un art intemporel.

Difficile de les dires gaies ou tristes, solaires ou morbides. Très inspiré par un recueil anatomique qui le fascinait, Basquiat peuple son monde de fragments de corps et de squelettes à la fois grinçants et rieurs. Dans cette danse primitive, les stridences de la couleurs, les jets, les recouvrements, les hachures hurlent l'urgence. Pourtant, la première claque reçue, c'est le raffinement, la science des agencements qui prennent le pas et s'imposent comme les outils précis d'un travail profond et concentré. Loin de canaliser un simple flux, de seulement témoigner d'une puissance hors norme, les ?uvres de Basquiat possèdent l'assurance et la stabilité des classiques et s'inscrivent de plain-pied dans la longue histoire de la grande peinture.
Jean Marc Jacob (www.lepetitjournal.com) mardi 19 octobre 2010

"Basquiat", Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris, 11 avenue du Président Wilson 75116
Du mardi au dimanche jusqu'à  18h - nocturne le jeudi jusqu'à 22h
Jusqu'au 30 janvier 2011
http://mam.paris.fr/fr/expositions/basquiat

"Basquiat, the radiant child", Tamra Davis (1h28) documentaire.
http://www.jean-michelbasquiattheradiantchild.com/

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