

Les pièces exposées au Louvre sont les rares survivantes d'un ensemble quasiment disparu (photo musée du Louvre)
Pour sa première grande exposition dédiée à la sculpture, le Louvre ouvre son parcours par un socle ? vide. C'est tout le paradoxe de Praxitèle, un des artistes les plus admirés de tous les temps mais dont l'ensemble des originaux a pratiquement disparu aujourd'hui. Pour absente, sa statue n'en est pas moins émouvante, puisque figure sur son support un très direct "Praxitele epoiesen" (Praxitèle a fait), qui atteste de la réalité charnel de l'artiste.
Né au alentour de 400 avant notre ère dans une famille fortunée, il a façonné, à l'égal de Phidias, toute l'Histoire de l'art occidental. Son style personnel, l'allongement des canons corporels, l'élégance et la douceur mélancolique de ses figures ont marqué un tournant reconnu de son vivant, puis dans les siècles suivants par des auteurs comme Pline l'Ancien ou Lucien. A l'heure de la domination romaine, ses ?uvres ont d'ailleurs été abondamment copiées.
Ce sont, comme pour une bonne part de l'art grec, ces copies qui nous sont parvenues. Rapidement, les fac-similés ne suffisent plus. Des pastiches, des "à la manière de"plus ou moins fidèles fleurissent et perpétuent le genre.
Nu féminin
La Renaissance, redécouvrant l'Antique, ne sera pas avare non plus de ces évocations, notamment de la plus célèbre des Vénus, L'Aphrodite de Cnide. C'est avec une copie dirigée par Primatice pour François 1er que le Louvre rend hommage à celle que l'on considère comme le premier grand nu féminin et dont la gloire ne s'est jamais éteinte.
A la fois pudique et audacieuse, la main portée au pubis, elle fixe à jamais un type de représentation. De la même façon, le nu masculin revêt, selon la marque de Praxitèle, une souplesse d'éphèbe, une délicatesse ambiguë que résume L'Apollon sauroctone.
Au XIXe, c'est le fantasme qui prendra le dessus, par l'intermédiaire de Phryné, une belle courtisane, mythiquement maîtresse du maître, que Pradier ou Gérôme se complairont à représenter.
Loué, dupliqué, travesti, parodié, vénéré, Praxitèle est un fantôme tenace qui a façonné plus que tout autre notre sentiment esthétique. Les échos de sa sculpture ne laisse pas de marbre.
Jean Marc Jacob (www.lepetitjournal.com) jeudi 3 avril 2007
Praxitèle, Musée du Louvre, Hall Napoléon, Paris
Jusqu'au 10 juin 2007
http://mini-site.louvre.fr/praxitele/index_flash_fr.html
Catalogue de l'exposition, coédition Musée du Louvre/Somogy, 456 pages, 39?


































