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ART – La vente de la collection YSL/Bergé bat des records

L'exceptionnelle collection d'art de Pierre Bergé et d'Yves Saint Laurent, dispersée à Paris, a suscité un engouement exceptionnel. Des acheteurs du monde entier ont participé à la « vente du siècle » où les prix des ?uvres ont battu de nombreux records. Pierre Bergé a annoncé que l'argent récolté irait à la Fondation Bergé-Saint Laurent, et à la recherche contre le sida

C'est "sans regret et sans nostalgie"que Pierre Bergé, l'homme d'affaires qui fut le compagnon d'Yves Saint Laurent, a mis en vente 733 lots. Pierre Bergé a voulu cette dispersion orchestrée par Christie's, car à la mort du couturier, le 1er juin dernier, cette collection n'avait "plus de sens pour lui". Pendant près de 50 ans, le couple a rassemblé des oeuvres exceptionnelles. Eclectique, cette collection comporte des tableaux de maîtres du 19e siècle, mais aussi des impressionnistes, des toiles et des sculptures modernes, des objets d'art de la Renaissance ou encore des meubles Art déco. Dans une ambiance électrique, la vente des ?uvres de la collection Bergé-Saint Laurent a pulvérisé plusieurs records du monde au Grand Palais.

Records en série

Dans une indifférence totale à la crise, certaines ?uvres ont atteint des sommets. Ainsi "Les coucous, tapis bleu et rose"de Matisse, a été vendu à 36 millions d'euros."Madame L.R"du Roumain Constantin Brancusi, a été adjugée à 26 millions d'euros (hors frais). Cette grande sculpture est la première ?uvre acquise par le couple. Elle avait été cédée par Brancusi à Fernand Léger en échange d'une peinture.
Le "fauteuil aux dragons"d'Eileen Gray, réalisé entre 1917 et 1919 a été le clou de la vente des objets d'Art décoratifs. Estimé entre 2 et 3 millions, il a été adjugé 21,9 millions (avec frais), ce qui en fait le 2e prix le plus haut pour un meuble."Composition avec bleu, rouge, jaune et noir"(1922), de Piet Mondrian, est vendue à 19,2 millions, record également. Yves Saint Laurent s'était inspiré des toiles de Mondrian pour la création de robes haute couture.
Un flacon de parfum, "Belle haleine-Eau de voilette", dans sa boîte en carton, détourné en 1921 par Marcel Duchamp avec le concours de Man ray à New York est parti à 7,9 millions, (plus de 5 fois son estimation haute), après une bataille acharnée entre deux collectionneurs venus spécialement des États-Unis.En revanche, un Picasso cubiste de 1914, "Instruments de musique sur un guéridon", n'a pas trouvé acquéreur, la meilleure offre à 21 millions d'euros étant inférieure au prix minimum demandé. Il était pourtant présenté comme le clou de la collection.

Peu avant l'ouverture des enchères, la justice française a autorisé la vente contestée de deux pièces chinoises de la collection, une tête de rat et une de lapin, estimées à 10 millions d'euros chacune. Elles proviennent du pillage du Palais d'été à Pékin, lors de l'invasion de la Chine par les Français et les Anglais en 1860. La Chine réclamait la restitution de son patrimoine. Pierre Bergé, provocateur, a proposé de les lui "donner en contrepartie des droits de l'homme et de la liberté au Tibet".

Marie-Pierre Parlange (www.lepetitjournal.com) jeudi 26 février 2009

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