

''L'art n'existe pas, tout est ego''. Benjamin Vautier, dit Ben, est connu pour être l'héritier de l'art avant-gardiste français. Afin de lui rendre hommage, l'intégralité du Musée d'Art Contemporain de Lyon, soit 3.000 m2, est consacrée, jusqu'au mois de juillet, à la rétrospective des quelques 1.200 créations de Ben. D'une ampleur exceptionnelle, cette exposition rassemble pour la toute première fois l'ensemble des ?uvres de l'artiste qui, depuis 1957, a exploré des thématiques variées, telles que l'Ego, la Vérité, les Gestes, le Sexe ou l'Ethnisme. Du jamais vu !
Ses écritures à la peinture blanche, que les adolescents arborent sur des trousses, des stylos, des cahiers ou des tee-shirts, n'ont pu échapper à personne. Mais en soixante ans, Ben n'a bien sûr pas fait que ça. Ses autres ?uvres, telles que ses projections, ses éclairages ou ses installations, sont assez peu connues du grand public, et l'homme en lui-même reste très énigmatique. Pourtant, Benjamin Vautier aime parler, et surtout parler de lui. A 75 ans, l'artiste français d'origine suisse, adore provoquer, jouer des mots et de l'ego, et garde rarement sa langue dans sa poche. Cette rétrospective est aussi l'occasion de découvrir le travail qui se cache derrière un homme qui vit le succès avec peu de modestie.
Les débuts de Ben
En 1956, Benjamin Vautier, alors âgé de 21 ans, lave les vitres dans une librairie de Nice et s'ennuie. Il commence alors une compilation et déchire les pages des livres d'art afin de répertorier les images qui l'intéressent. ''Je m'étais fait chez moi, dans ma mansarde, un mur des chocs, de tous les chocs qui m'avaient fait choc.'' Et rapidement, Ben se dit que, pour les ambitions qu'il nourrit, il est arrivé trop tard. Il lui faut renouveler l'art. ''J'avais décidé d'être un artiste pour apporter du nouveau, car si tu n'apportes pas du nouveau, tu n'es pas intéressant.'' Ben se lance dans l'expérimentation. Sa conception de l'art rejoint celle de Marcel Duchamp, ou des artistes surréalistes et dadaïstes qu'il veut dépasser. Dans les années 1960, il rejoint le groupe Flexus, mouvement mondial qui entend désacraliser l'art, en créant l'étonnement et en repoussant toujours ses limites. Vingt ans plus tard, il rencontre d'autres artistes et baptise leur mouvement "Figuration Libre" : une peinture caractérisée par l'absence des règles de la figuration classique, l'utilisation de matériaux et de couleurs discordantes, qui parle de la société, de la violence, de la sexualité ou de la souffrance des personnes.
Strip-tease intégral
''J'aime quand l'art contemporain me fait rire, m'étonne, me fait rebondir, me pousse au questionnement.'' Ben déploie ses ?uvres jusqu'à la mégalomanie, il recherche l'excitation et s'assume jusqu'à l'exhibitionnisme : l'exposition lyonnaise porte le nom de ''Strip-tease intégral'', une véritable mise à nu pour cet artiste aux univers multiples et méconnus. Ben, perfectionniste, a participé à l'installation de certains tableaux et crée de nouvelles ?uvres et vidéos spécialement pour cette exposition. Conscient qu'il transmet diverses images de lui, Ben affirme qu'il doute de tout, et surtout de lui-même, qu'il refuse de se prendre au sérieux, et pourtant, reconnaît avoir un ego assez envahissant. ''Les artistes se donnent trop d'importance'', confie t-il. Son site Internet en révèle beaucoup sur lui. De manière presque puérile, Ben livre ses pensées, ses réflexions, tout ce qu'il y a de plus personnel. On y découvre un artiste qui prend plaisir à critiquer, qui s'interroge et commente tout ce qu'il vit, en texte et en image.
A Lyon, Ben s'expose sur trois étages, un espace tout juste suffisant pour contenir la totalité de ses ?uvres. En écho à l'exposition, l'artiste a aussi envahi Lyon en proposant divers lieux de rendez-vous à travers la ville, où il était possible de venir s'exprimer, débattre et réagir avec lui.
LR (www.lepetitjournal.com) Mercredi 7 avril 2010
En savoir plus :
Le Figaro, Les bavardages de Ben
L'Union, Big Ben
Le Monde, Ben, bouffon talentueux qui veut être le plus grand artiste de son temps


































