Lieu de mémoire et de recueillement, le cimetière anglais de Malaga étonne aussi par son animation. Marchés, expositions… Peut-on concilier la vie et la mort dans un même espace? Peut-être que oui!


Un cimetière protestant sous le soleil andalou
À Malaga, le soleil inonde tout, même les pierres tombales. Niché dans le quartier huppé d’El Limonar, à deux pas des villas bourgeoises du XIXe siècle, le cimetière anglais est bien plus qu’un simple lieu de repos éternel. Fondé en 1831, il est le premier cimetière protestant d’Espagne, érigé pour accueillir les défunts britanniques à une époque où les non-catholiques n’avaient pas le droit d’être enterrés en terre consacrée. Un détail qui nous rappelle que l’égalité, même devant la mort, n’a pas toujours été une évidence.
Entre sépultures et culture
Mais que penser d’un cimetière où l’on organise des expositions d’art et des marchés artisanaux ? Est-ce une profanation ? Un sacrilège ? Ou simplement une manière de ramener un peu de vie dans un lieu qui, par essence, doit cohabiter avec la mort ? Car oui, ici, on déambule entre les stèles en découvrant des artistes locaux, on achète des bijoux et des truffes aux chocolat à quelques pas des tombes centenaires. Étrange ? Sans doute. Mais après tout, pourquoi un cimetière devrait-il être figé dans un silence pesant?
Une mémoire cosmopolite
Le cimetière anglais, c’est aussi un livre d’histoire à ciel ouvert. Il abrite les sépultures de figures marquantes des XIXe et XXe siècles : marins, écrivains, diplomates, tous témoins du caractère cosmopolite de Malaga. On y trouve notamment la tombe de Jorge Guillén, poète espagnol exilé, ou encore des épitaphes racontant des destins brisés bien loin de leur terre natale.
Un lieu où les vivants ne désertent pas
Finalement, faut-il s’émouvoir ou se réjouir que ce lieu ne soit pas qu’un espace de recueillement silencieux ? Peut-être qu’un cimetière n’a pas vocation à être seulement un territoire figé dans le deuil. Peut-être qu’il est plus juste d’y faire résonner le bruit du monde, d’y laisser passer la vie, pour que la mort ne l’engloutisse pas tout à fait. Certains trouvent incongru d’organiser des événements dans un lieu de repos éternel. Mais si ces activités permettent d’entretenir et de préserver ce patrimoine historique, alors pourquoi pas ?
Après tout, quoi de plus iconique qu’un cimetière qui refuse de sombrer dans l’oubli ?